Agir pour l’égalité des chances des lycéens professionnels

• Pouvez-vous nous présenter le programme Lycées Pro'Solidaires (LPS) et ses objectifs principaux ? 

Le programme Lycées Pro’Solidaires repose sur deux piliers : la conception par les élèves d’un projet solidaire, puis d’un projet de voyage à l’étranger. Il s’adresse à des lycéens professionnels de première et terminale, scolarisés dans des quartiers populaires de Marseille et issus des milieux les moins favorisés.  

L’accompagnement dure deux ans, ce qui permet de consolider son impact. Il s’agit en effet, via une pédagogie par l’action, de faire prendre conscience aux élèves de leur pouvoir d’agir, et de leur offrir une opportunité d’ouverture à d’autres horizons tout en facilitant le développement d’une compétence essentielle pour leur avenir : l’expression orale. 

Initié depuis 2021, le programme se déploie progressivement : nous avons accompagné 7 classes en 2023, il y en aura 11 en 2024, avec deux nouveaux lycées professionnels marseillais qui nous rejoignent.   

• Comment et pourquoi le programme a-t-il été initié ?  

Lycées Pro’Solidaires vise à réduire les inégalités d’accès à l’ouverture socio-culturelle des jeunes issus de quartiers populaires. Il a été imaginé pour rendre hommage à Edith Arnoult-Brill, administratrice de la Fondation FDJ de 2012 à 2020 et figure éminente de la vie associative française. Le programme est construit autour de ses engagements : l’éducation populaire, la mobilité internationale de la jeunesse et la vie associative. La Fondation FDJ est opératrice du projet avec deux personnes salariées dédiées au programme.  

• Comment se déroule le programme ?  

Chaque promotion est accompagnée pendant deux ans, avec deux étapes clés.  

En classe de première, les lycéens conçoivent et réalisent un projet solidaire en local. À eux de se mettre d’accord sur un problème social qui les touche, trouver leurs futurs bénéficiaires, imaginer un plan d’actions à mener, et, préparer un budget… Nous les accompagnons dans ce parcours avec différents ateliers animés par des professionnels (concevoir et réaliser un projet, prendre la parole en public). Ils pitchent ensuite devant un jury de collaborateurs de la FDJ, pour solliciter un financement et réaliser leur projet.  

Cette première étape s’inscrit dans le programme scolaire puisqu’elle répond à une épreuve du baccalauréat professionnel, celle du Chef d’œuvre (appelé Projet à partir de la rentrée 2024), qui est présentée à l’oral.  

L’étape 2, le voyage pédagogique, se déroule durant l’année de terminale. Le principe est le même : les jeunes imaginent et préparent leur projet avant de le présenter devant un jury de la FDJ pour obtenir un financement. Ils bénéficient ensuite d’un atelier « Démarche réseau », afin de les aider à trouver des contacts dans le pays de destination. Il y a en effet deux « figures imposées » par le programme LPS : rencontrer au moins une association et une entreprise, à qui ils devront présenter leur projet solidaire en anglais.  

• Quels projets ont pu être réalisés cette année ?  

Les lycéens de La Viste ont organisé des repas festifs pour les personnes isolées dans le restaurant d’application de l’établissement accompagnés d’une distribution de cadeaux collectés. Ils sont ensuite partis à New York et Boston pour présenter leur projet solidaire à des bénévoles de l’Armée du salut et des étudiants d’Harvard.  

Au lycée de La Calade, nous avons travaillé avec deux groupes. Les uns ont voulu adoucir la solitude des personnes âgées, et imaginé des rencontres ludiques intergénérationnelles avec les résidents d’un Ephad. Les autres ont souhaité lutter contre l’isolement des élèves allophones des classes UPE2A de leur lycée, et mené des actions de soutien aux élèves, grâce à un tournoi sportif et des moments d’écoute et de partage. Les deux groupes sont ensuite partis en Irlande. 

• Quels sont les impacts observés sur les élèves participants, tant sur le plan personnel que professionnel ? 

Nous avons des retours incroyables de la part des élèves, comme des professeurs. Les élèves se sentent impliqués et valorisés, prennent confiance en eux, progressent à l’oral. Ainsi, cette année, 78 % des lycéens* se sont sentis plus à l’aise pour les oraux du bac.  

Le cadre motivant apporté par le programme impacte positivement les dynamiques de classe. Sur un plan plus personnel, les lycéens sortent de leur quotidien et de leur quartier, s’ouvrent sur les autres et s’autorisent à rêver. Ainsi, grâce au programme LPS, 94 % des lycéens* déclarent se sentir capables de réaliser des choses qu’ils n’auraient pas cru possibles avant. 

Réaliser un projet solidaire pour les autres leur donne le sens des responsabilités et les rend acteurs du monde qui les entoure.

(* Source : évaluation d’impact du cabinet KIMSO – juillet 2024)