Charles Lantieri : « Une attention particulière sera donnée à la jeunesse fragilisée dans ce nouveau quinquennat »

• La Fondation FDJ vient de clôturer sa cinquième mandature 2018-2022, la première sur son nouvel objet social en faveur de l’égalité des chances. Quel bilan tirez-vous de ce quinquennat ?

Le principe directeur de la Fondation a été pendant ces cinq années de promouvoir et de soutenir des actions innovantes en faveur de l’égalité des chances, principalement dans les domaines de l’éducation et de l’insertion. Nous étions partis sur 18 millions d’euros de budget, nous aurons terminé avec 19,5 millions d’euros à la fin de l’année 2022. Grâce à cette dotation et à l’équipe de la Fondation, nous avons pu soutenir 400 projets au total.

Pour la première fois, avec cette mandature, nous avons lancé la logique des Appels à Grands Projets qui consiste à identifier, sélectionner puis accompagner des projets associatifs dans une double logique : d’un côté celle de l’impact, ce qui signifie que le projet a fait la preuve de son efficacité ; de l’autre celle d’un passage à l’échelle, pour que des projets locaux soient mis en œuvre à une échelle régionale voire nationale. Cette mandature a été marquée par quatre Appels à Grands Projets qui ont permis d’accompagner 20 lauréats en 5 ans. Nous avons soutenu de nouveaux projets comme Bibliothèque Sans Frontières qui lutte contre l'illectronisme, notre premier lauréat (2018), mais également des associations soutenues depuis plusieurs années par la Fondation, je pense notamment à l’Académie Diomède ou Comme les autres, toutes deux lauréates en 2021.

Nous avons également été attentifs aux projets innovants, qui utilisent le numérique au cœur de leur action : Cartable Fantastique a imaginé des outils bureautiques adaptés pour permettre aux enfants dyspraxiques de suivre l'école ; les Ecoles de la Deuxième Chance ont, quant à elles, développé un serious game baptisé Horizons, pour permettre aux jeunes en situation de décrochage d’identifier et de renforcer leurs compétences sociales et professionnelles.

• Cette première mandature en faveur de l’égalité des chances a aussi été marquée par la pandémie de Covid 19. En 2021, une aide exceptionnelle d’urgence a été débloquée par la Fondation pour soutenir la jeunesse.

Il nous paraissait important que la Fondation soit aussi à l'écoute des mouvements qui s’opèrent dans la société et des besoins qui émergent de manière conjoncturelle et structurelle. C’est pourquoi nous avons lancé en 2021 un appel à projets spécifique en faveur de la jeunesse pendant la pandémie de Covid-19. Nous sommes partis du constat que les fragilités vécues par certaines catégories de jeunes avaient été accentuées par la pandémie. La jeunesse s’est retrouvée extrêmement fragilisée.

Ce soutien de deux millions d’euros spécifique a été décidé par le groupe pour permettre à la Fondation de soutenir 15 000 jeunes par le biais de quatre projets associatifs, qui apportaient des réponses aux situations de précarité qui touchaient la jeunesse : la question de la précarité alimentaire et l’accompagnement dans les demandes d’aide sociales avec les Restos du Coeur ; remobilisation des décrocheurs et valorisation des compétences avec Article 1 ; insertion des primo-étudiants et colocations solidaires avec l’Afev ; ou encore le retour à l’apprentissage avec Apprentis d’Auteuil.

« La jeunesse s’est retrouvée extrêmement fragilisée par la pandémie »  

• Avez-vous pu mesurer l’impact sociétal de l’action de la Fondation durant ces 5 ans ?

Oui, nous avons mené avec EY une étude concernant l’impact de l’ensemble des actions de la Fondation pendant ces cinq ans. À travers l’analyse de 80 % des moyens engagés par la Fondation dans différents projets, cette étude a permis de mesurer que chaque euro engagé par la Fondation a généré 3,4 euros de création de valeur sociale pour la société. Il y a très peu de benchmark sur ce type d’étude car très peu de Fondations le font. Mais dans l’absolu, c’est un très bon ratio, car cela signifie qu’il y a une rentabilité sociale de l’action menée par la Fondation à travers les associations qu’elle soutient.

Nous avons également pu mesurer l’impact de l’action de la Fondation sur les bénéficiaires. Grâce au soutien de la Fondation, les associations ont pu agir auprès de 300 000 bénéficiaires avec des logiques de satisfaction importantes : 84 % des personnes bénéficiaires des associations soutenues se sentent davantage motivés à l’issue de l’accompagnement ; 80 % se sentent plus à même d'être acteur de leur parcours ; 78 % se sentent plus en confiance. J’ai appris, au contact de ces associations soutenues, que bien souvent, l’un des premiers enjeux pour les bénéficiaires, c'est de retrouver de la confiance en soi et l'estime de soi.

Notons également que 97 % des associations se déclarent très satisfaites du soutien de la Fondation FDJ, en termes de changement d’échelle des programmes ou d’expérimentation de projets innovants, mais également de leur montée en compétence et de leur visibilité.

Pour nous, tous ces indicateurs sont extrêmement importants. C’est quelque chose que nous continuerons à rechercher dans le cadre du prochain quinquennat puisque l’objectif de la Fondation et plus largement de l’entreprise, c’est d’avoir un impact positif sur la société

• Le conseil d’administration de la FDJ a voté le renouvellement de la Fondation pour un nouveau cycle de cinq ans à compter de 2023. À quoi ressemblera cette nouvelle mandature ?

La Fondation sera dotée d’un budget de 25 millions d’euros, soit une hausse de plus de 28 % par rapport à la période 2018-2022. Le conseil d’administration de l’entreprise a reconnu le travail important fourni par la Fondation et a souhaité consacrer plus de moyens à cette logique d’impact positif. Car la Fondation est un des éléments de mise en œuvre de la logique de l’entreprise.

L’objet social de la Fondation FDJ reste le même, avec quelques évolutions mineures.

Elle agira en faveur de l’égalité des chances et va poursuivre son soutien à des projets d’intérêt général destinés à des personnes en difficulté : qu’il s’agisse de précarité économique, sociale et culturelle, du handicap. Elle s’attachera notamment à accompagner des projets innovants en faveur de l’éducation et l’inclusion, toujours dans une dynamique de co-construction avec les associations porteuses des projets. Elle continuera à privilégier les logiques de déploiement de solutions efficaces à l’échelle du territoire, en s’appuyant sur la mesure d’impact social qui peut en être faite. Une attention particulière sera donnée à la jeunesse fragilisée dans ce nouveau quinquennat.

L’inclusion des personnes en situation de handicap reste également un combat, inscrit dans l’histoire de l’entreprise. Près d'un quart des actions de la Fondation concerne aujourd’hui le handicap. On voit bien que la société n’est pas encore assez inclusive. Encore aujourd’hui, on en est toujours à demander aux personnes handicapées de faire les efforts, plutôt qu’à la société.

Dans les années à venir, une opportunité s'ouvre pour la Fondation, avec les Jeux Olympiques et Paralympiques qui se tiendront à Paris en 2024. La FDJ souhaite avoir une contribution particulière à ces deux évènements, du fait de son engagement par le sport et de sa participation au comité d’organisation de ces Jeux.