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Par Fondation FDJ - Publié le 3 janvier 2023 - 09:01 - Mise à jour le 3 janvier 2023 - 10:26
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Charles Lantieri : « Les entreprises doivent se préoccuper de l'impact qu'elles ont sur la société »

La Fondation FDJ lance en janvier 2023 sa nouvelle mandature en faveur de l’égalité des chances et de la lutte contre la précarité. L’accompagnement de la jeunesse sera au cœur de ce nouveau quinquennat. Charles Lantieri, directeur général délégué de la Française des Jeux et président de la Fondation FDJ, livre un regard personnel sur les défis que notre société s’apprête à relever et sur la manière dont la Fondation FDJ pourra y répondre.

Charles Lantieri : « Les entreprises doivent se préoccuper de l'impact qu'elles ont sur la société ». Crédit photo : Wlad Simitch.
Charles Lantieri : « Les entreprises doivent se préoccuper de l'impact qu'elles ont sur la société ». Crédit photo : Wlad Simitch.
  • En matière de lutte contre la précarité, quelles sont les sujets qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

 

C’est difficile d'établir une hiérarchie. Mais ce qui est certain et qui est presque terrible, c’est que ces inégalités et cette précarité, on peut les retrouver à tous les âges de la vie.

Cela se joue très tôt, lorsqu’un gamin qui va à l'école mais n’a pas l'environnement culturel ou social qui lui permet d'apprendre correctement les premiers savoirs de base : la lecture, l’expression, le calcul. Très rapidement, il va être exclu du système scolaire. Car ce système scolaire est fait pour qu’on avance, mais si l’on n’a pas franchi la première marche, c’est extrêmement difficile de rattraper son retard. Il y a un risque de cumul des difficultés au fil de la scolarité.

Ce qui me préoccupe beaucoup, c'est l’exclusion qui peut se manifester pour les jeunes adultes, cet âge charnière où l'on passe d'un système scolaire, où l’on est plus ou moins pris en charge, à un environnement dans lequel on peut perdre toute accroche. C’est ce que les anglo-saxons appellent les NEET (Not in Education, Employment or Training) : des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni dans le système scolaire. Ils ne sont plus nulle part. Et comme ils n’ont pas de formation, ils pensent qu'ils n'ont pas de compétences, alors qu’ils en ont. Ils perdent l’estime d’eux-mêmes et finissent sans projet professionnel, alors qu’ils sont à un âge où l’on est censé construire sa vie, son avenir. C’est une phase de la vie où beaucoup d'exclusions peuvent se produire. On le constate notamment avec les jeunes bénéficiaires de l'Aide Sociale à l’Enfance, lâchés à l’âge de 18 ans. Ils sont marqués, n’ont pas le bagage et cela se répercute ensuite sur la société. C'est quelque chose qui me touche beaucoup humainement et je pense qu'on a quelque chose à faire sur cet âge de la vie. C’est un dysfonctionnement de notre société qui devient ensuite une source de problème pour celle-ci.

 

  • Vous avez parrainé une personne réfugiée accompagnée par Each One, lauréat 2020 de la Fondation FDJ. Que retenez-vous de cette expérience ?

 

À titre personnel, j'ai réalisé les grandes difficultés qui touchent les personnes réfugiées pour s’insérer dans la société française. On n’imagine pas le mur gigantesque qui se dresse devant ces personnes pour pouvoir rentrer dans cette logique d'insertion. On peut franchir ce mur, mais il faut vraiment y passer du temps et être très concret dans la manière de faire.

J’ai parrainé une personne réfugiée originaire d’Iran, qui parlait français mais pas couramment. Nous avons eu de nombreux échanges. Tout l'objet de mon accompagnement a été de structurer la façon dont il pouvait faire part de ses expériences professionnelles et de ses compétences assez élevées dans le secteur du bâtiment, pour les valoriser sur le marché de l’emploi. Nous avons dû réécrire un CV, préparer un entretien d'embauche, structurer un narratif autour de son expérience pour montrer son potentiel à d’éventuels recruteurs.

Ce que j'ai retenu de cette expérience de mentorat, c’est qu’il faut s'adapter à la problématique de la personne concernée. Il n’y a pas de recette de cuisine. Il faut être très à l'écoute, en recherche de compréhension, pour découvrir la valeur ajoutée de la personne derrière la barrière de la langue et de la culture, pour ensuite l’amener sur un terrain qui lui permettra de révéler son potentiel ici en France.

« J’ai réalisé les grandes difficultés qui touchent les personnes réfugiées pour s’insérer dans la société française. On n’imagine pas le mur gigantesque qui se dresse devant elles pour pouvoir rentrer dans cette logique d'insertion »

  • Les crises se succèdent en France et dans le monde. Après la pandémie, nous sommes désormais confrontés à la guerre aux portes de l’Europe, aux bouleversements liés au changement climatique, à l’inflation qui précarise les plus fragiles. Dans ce contexte, n’y a-t-il pas un risque de montée des inégalités et donc de recul sur le terrain de l’égalité des chances ?

 

Effectivement, nous sommes face à d’énormes défis. On connaissait jusqu’ici les fragilités de notre société : ses 100 000 décrocheurs par an, ses situations d’exclusion et d’inégalités qui perdurent, et toutes les études qui confirment que notre ascenseur social est en panne. Et maintenant de nouveaux sujets d’inquiétude émergent.

La guerre qui est extrêmement angoissante pour tout le monde, mais encore plus pour la jeunesse. La question du réchauffement climatique est un sujet énorme pour la société en général, mais aussi extrêmement angoissant pour la nouvelle génération. Est-ce que le réchauffement climatique est un facteur d’inégalité ? Certainement à l'échelle de la planète et entre les peuples. Probablement aussi dans notre société, puisqu’il pose la question des transitions que l’on doit mettre en œuvre pour l’atténuer. Un certain nombre de personnes peuvent se sentir prises dans un mouvement qui tend à les exclure. On le voit notamment sur la question de la transition énergétique et des modes de transports, avec les débats sur les conséquences sociales de la mise en place des Zones à Faibles Emissions (ZFE). Il y a aussi la question de la rénovation des passoires thermiques, des obligations qui tombent sans que l’on sache toujours comment on va pouvoir rénover son logement. Sans compter l’angoisse que font peser aussi les futurs évènements climatiques qui vont atteindre les uns et les autres, engendrer des dégradations ou des pertes de logement. Il y a par ailleurs l’inflation, qui n’est qu’une des composantes d’une crise économique plus profonde. D’autres phénomènes économiques risquent d’intervenir, une récession semble possible qui entraînera effectivement, des pertes importantes de pouvoir d'achat. Là encore, on sait que cette situation va avoir un impact sur les plus fragiles.

J’ajouterais aussi, que je suis frappé par la montée des violences dans les rapports entre les personnes, libérées notamment par les réseaux sociaux. On a le sentiment, à tort ou à raison, que notre société devient de plus en plus violente. Et quand elle devient plus violente, elle devient en général encore plus violente pour les plus précaires.

 

  • Selon vous, à l’avenir, quel rôle devront jouer les entreprises dans le règlement de ces crises ?

 

Les entreprises doivent se préoccuper de l'impact qu'elles ont sur la société. Nous, notre réflexion, c’est de se dire qu’on est pas seulement là pour aider et corriger. Une entreprise en tant que tel doit avoir un impact positif. D’abord en tant qu’entreprise, elle a une responsabilité vis à vis des personnes qu'elle fait travailler, dans sa manière de recruter, de manager, de mobiliser les personnes, de se préoccuper de leur qualité de vie au travail.

L’insertion se fait aussi par l’entreprise, car c’est un lieu où un individu passe une grande partie de sa vie. C’est aussi là que la société se construit. En tant qu’entreprise employeur, on a une responsabilité ; en tant que consommateur de ressources, on a une responsabilité ; en tant qu'acteur dans la société qui produit des biens et services, l’entreprise doit jouer un rôle moteur dans la construction d’une société positive. Cela peut passer par des dispositifs d’entreprise sur l’environnement, sur l’emploi. Je pense à une initiative du Gouvernement, 1 jeune 1 solution, qui permet aux entreprises d’apporter leur contribution. Mais cela passe aussi par le fait de soutenir les autres catégories d’acteurs qui oeuvrent de manière beaucoup plus spécifique pour construire une société plus inclusive, comme les associations. Nous devons être des soutiens pour ces acteurs dont l’objet social est justement la résolution des problèmes sociaux.

« L’entreprise doit avoir un rôle moteur dans la construction d’une société positive. »  

  • Comment imaginez-vous la Fondation FDJ dans quelques années ?

 

La Fondation FDJ devra s'adapter aux problématiques nouvelles qui émergent. On l’a fait pendant la crise sanitaire, on a mis en place des mesures de solidarité envers les soignants. Puis à la sortie de la crise, nous avons lancé un programme spécifique en faveur des jeunes. Ce que nous apprend donc la situation actuelle, c’est que nous devrons, à l’avenir, être très à l'écoute des problématiques nouvelles qui émergent dans la société et aux réponses que la Fondation peut y apporter. Nous avons un objet social, la lutte pour l’égalité des chances et contre la précarité avec cette préoccupation particulière pour la jeunesse, et ça ce sont nos principes. Et nos modalités d’action devront aussi être adaptées en fonction des problématiques nouvelles qui vont émerger dans la société.

Je crois que de plus en plus, l’action de l’entreprise, et l’action de la Fondation correspondront à une seule et même logique d’impact. Les entreprises vont avoir une responsabilité de plus en plus grande pour contribuer à la résolution des problèmes que rencontre notre société et on voit qu’ils vont être de plus en plus nombreux. La Fondation FDJ, en tant que composante de l’action de l’entreprise, sera de plus en plus un élément de contribution pour faire grandir l’impact positif du groupe sur la société.

 


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