Trouver sa place dans la société française, interview avec Alain Régnier

L'un des piliers de la stratégie nationale pour l'accueil et l'intégration des réfugiés est l'intégration professionnelle des personnes réfugiées. Si l'intégration par l'emploi salarié reste la priorité, nous soutenons également les personnes réfugiées qui souhaitent créer leur activité. 

Lorsque je me déplace sur le terrain, je ressens l'engouement et l'envie de certains de réaliser leur projet d'entreprise et de devenir leur propre patron. Le parcours de création d'entreprise, déjà complexe pour un Français, l'est d'autant plus quand on ne maîtrise ni la langue, ni les codes et démarches juridiques et administratives.  C'est pourquoi, il nous parait essentiel de soutenir des initiatives telles que celles de la fondation The Human Safety Net et de ses incubateurs, qui sont en ligne avec la vision que nous portons.   Ce travail réalisé est à mon sens très positif et gagnerait à être développé davantage. La création de plusieurs incubateurs sur différents territoires, la qualité de l'accompagnement proposé avec des promotions d'effectifs réduits sont de vrais gages de réussites. Sans oublier l'implication des salariés de Generali en tant que mentors qui favorise la rencontre et les échanges entre des personnes réfugiées et des citoyens du pays d'accueil. 

Pour la DIAIR (Délégation interministérielle à l'accueil des réfugiés) et l'ensemble des acteurs de l'accueil et de l'intégration, l'année 2022 a notamment été marquée par l'arrivée des déplacés ukrainiens dans le contexte de la guerre en Ukraine.  La mobilisation des acteurs publics mais aussi privés a été cruciale pour accueillir au mieux ces personnes. Du côté de la DIAIR, nous avons notamment porté la création du site « Pour l'Ukraine », qui permettait d'informer au mieux les personnes ou structures souhaitant s'engager pour les personnes déplacées arrivant en France. 

« La valorisation des parcours et des réussites est cruciale pour montrer ce que nous avons tous à y gagner. »

Alain Régnier, Délégué interministériel chargé de l'accueil et de l'intégration des réfugiés

En 2023, la Délégation a continué à mobiliser l'ensemble des acteurs économiques autour de l'emploi et de la création d'entreprise des personnes réfugiées.  Encore timide il y a 5 ans, c'est un objectif aujourd'hui pleinement intégré dans notre feuille de route. Nous souhaitons développer le suivi au long cours des entrepreneurs accompagnés, car nous savons que les trois premières années sont difficiles et cruciales pour les créateurs d'entreprise. Parmi les enjeux identifiés, il y a également la promotion de la place des femmes refugiées dans l'emploi et l'entrepreneuriat, et la nécessité de lever les freins culturels encore parfois très présents. Et surtout, la valorisation des parcours et des réussites est cruciale pour montrer ce que nous avons tous à y gagner.  Les tensions sur les sujets de l'asile restent malheureusement fortes dans notre société. Lorsque l'on parle de « migrants » ou de « réfugiés », on oublie parfois qu'il y a derrière ces mots des femmes et des hommes aux parcours de vies souvent difficiles, qui souhaitent juste trouver leur place dans la société française.