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Par Fondation groupe EDF - Publié le 16 octobre 2025 - 18:00 - Mise à jour le 16 octobre 2025 - 18:00
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Fratries : le coliving inclusif qui ouvre l’emploi aux jeunes en situation de handicap

Une coloc comme les autres, au détail près qu’elle réunit des jeunes en situation de handicap et des jeunes sans handicap. C’est le pari de l’association Fratries, qui a ouvert plusieurs maisons partagées dans les centres-villes de Nantes, Rennes et en Île-de-France. Ces colocations mixtes, assorties d’un accompagnement à l’insertion professionnelle personnalisé, ont permis à 84 % des jeunes avec un handicap de décrocher un CDI en moins de deux ans.

 Fratries mise sur le coliving, un mode d’habitat partagé entre des jeunes en situation de handicap et des jeunes sans handicap. Crédit : Fratries
Fratries mise sur le coliving, un mode d’habitat partagé entre des jeunes en situation de handicap et des jeunes sans handicap. Crédit : Fratries

 

« En France, il y a une forme de ségrégation qui se fait à l’âge adulte », constate Aurélien Lhermitte, cofondateur de Fratries. « Les jeunes en situation de handicap mental ou avec des troubles autistiques grandissent dans des familles ordinaires, vont à l’école, parfois jusqu’au collège ou en classes ULIS. Mais une fois à l’âge adulte, la majorité d'entre eux est orientée vers des solutions, où ils vivront et travailleront uniquement entre personnes en situation de handicap. »

Pour briser cette marginalisation, Fratries a misé sur le coliving, un mode d’habitat partagé qui s’est beaucoup développé en France ces dernières années (25 000 chambres en coliving) et séduit particulièrement les jeunes actifs, dont 35 % déclarent souffrir de solitude (Credo 2024). Confortables, accessibles financièrement et situées en cœur de ville, ces maisons rapprochent transports, services et emplois.

Né en 2021, Fratries a adapté le modèle pour y ajouter l’inclusion. Sur les 10–15 colocataires que compte chaque maison, la moitié vit avec un handicap mental. « Dans les annonces, on ne le précise même pas. Les jeunes postulent parce que l’offre est attractive. Ensuite, on explique. La plupart répondent : pourquoi pas ? » La rencontre fait tomber les peurs et les biais. Les colocs partagent les tâches, le budget, des repas, passent des soirées ensemble, improvisent des sorties le week-end. Des amitiés se nouent. Les différences s’estompent.

 

Un tremplin vers lemploi

 

Au-delà du logement, Fratries fait de l’insertion professionnelle un axe central. « En France, on forme d’abord, puis on insère. Pour les personnes avec un handicap mental, ça ne marche pas. Elles ont besoin de concret. », insiste Aurélien L'Hermitte. C’est le rôle des job coachs qui accompagnent chaque colocataire en situation de handicap : aider à énoncer les désirs, clarifier le projet, trouver des stages immersifs, accompagner les ajustements nécessaires. 

Les résultats suivent : selon la première étude d’impact 2024, 84 % des colocataires en situation de handicap sont en CDI deux ans après l’ouverture d’une maison. Alors qu’à l’échelle nationale, moins de 1 % des personnes avec un handicap mental travaillent en milieu ordinaire.

 

En France, on forme d’abord, puis on insère. Pour les personnes avec un handicap mental, ça ne marche pas. Elles ont besoin de concret. »

 

Une action multifactorielle

 

Si Fratries obtient de tels résultats, c’est qu’elle agit sur plusieurs fronts. L’accès au logement en cœur de ville facilite la recherche d’un emploi. Mais il faut aussi lever les freins périphériques : confiance en soi des jeunes, restauration de la capacité à agir par et pour soi-même ; regard des parents marqués par les refus, codes sociaux au travail. Le coliving joue ici un rôle déterminant. « Vivre avec des jeunes actifs, s'émanciper du domicile familial, avoir des amis sans handicap… Ça change tout. En termes de dignité et de confiance, cest décisif. Quand ils arrivent ensuite en entreprise, ils nont plus rien à prouver. »

Fratries rééquilibre aussi les compétences entre secteur spécialisé et milieu ordinaire : « Aujourdhui, toutes les expertises sont concentrées dans les établissements médico-sociaux. Nous aidons les jeunes à trouver un psy, un nutritionniste, une conseillère conjugale, des professionnels du quotidien capables de les accompagner hors institutions. » Autant de briques qui sécurisent la vie quotidienne, donc l’emploi.

L’association démarche activement les entreprises et s’appuie sur des stages via France Travail pour faire tomber les réticences. Elle plaide, en parallèle, pour une simplification des aides (Agefiph, etc.) et pour un interlocuteur unique côté employeur : le job coach, qui fait le lien entre salarié et employeur tout au long du parcours professionnel de la personne.

 

Lever les freins : moyens, mentalités, logement

 

Aujourd’hui, Fratries repose en partie sur le soutien de mécènes privés comme la Fondation groupe EDF, en particulier pour les activités d’accompagnement professionnel. Mais pour Aurélien L’Hermitte, il faudrait un vrai mix public-privé : « Le job coaching est indispensable. L’État a tout intérêt à le financer, car un jeune inséré, qui travaille et cotise, coûte beaucoup moins cher qu’un jeune maintenu en institution. »1 

L’expérience change aussi le regard des colocataires sans handicap. « 40 % dentre eux navaient jamais croisé de personnes avec un handicap mental. Après quelques mois, 80 % disent quils seraient prêts à embaucher demain un collaborateur avec ce type de profil. Et 100 % estiment quil est facile ou très facile de vivre au quotidien avec eux. »

Cette nouvelle génération, ce sont les managers de demain : « Peut-être que cest grâce à eux quon fera évoluer lensemble du monde du travail. Le temps partiel, souvent plus adapté à notre public, par exemple, reste mal vu en France alors qu’il conviendrait à beaucoup plus de gens, pas seulement aux personnes avec handicap. »

Le logement reste le nerf de la guerre : avec un handicap mental, une large part du parc privé demeure inaccessible, et, en logement social, une demande peut prendre plusieurs années pour aboutir. D’où l’importance de travailler à des solutions innovantes, comme Fratries, pour que les jeunes adultes avec handicap puissent aussi se loger dans le parc privé Comme l’exprime Aurélien L’Hermitte : « À cet âge-là, l’effet est maximal : logement, socialisation, emploi. Si on met le paquet pendant 3 à 5 ans, on gagne en autonomie, on les resolvabilise par le travail, et c'est toute la société qui y gagne. »

 

Les maisons Fratries aujourd'hui
  • - 9 maisons ouvertes dans 6 villes : Nantes, Colombes, Rennes, Versailles, Bourg-la-Reine et Paris.
  • - 2 prochaines ouvertures à Bordeaux et Angers. 

 

 

La solution Fratries

 

 


1 Un jeune inséré, qui travaille et cotise, coûte presque 2 fois moins cher à l'État qu'un jeune en institution, selon une étude d’impact Koreis 2024.

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