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Par Fondation des solidarités urbaines - Publié le 12 avril 2023 - 15:59 - Mise à jour le 17 avril 2023 - 09:06
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Amélie Anache, Pépins Production : « vivre ensemble dans un environnement sain et stimulant, au contact du végétal »

Pour enraciner la vie de quartier dans une volonté commune de réintroduire le végétal en ville, l’association Pépins Production expérimente de nouvelles formes de mobilisation collective autour de ses pépinières à Paris. Amélie Anache, sa co-déléguée générale, explique les modalités et enjeux du projet intitulé « Il ne suffit pas de planter pour agir en faveur de la biodiversité ! », lauréat de l’appel à projets mené par la Fondation Paris Habitat.

En quoi consiste l’expérimentation menée par Pépins Production autour de la biodiversité ?

La biodiversité est un patrimoine commun. Nous devons le conserver et le développer de façon collective. Notre expérimentation consiste à définir collectivement des actions en faveur de la biodiversité urbaine, puis d’en organiser la gestion, elle aussi collective, pour les faire perdurer. Pépins Production accompagne et facilite l’installation de cette dynamique autour de ses pépinières de quartier, en apportant un support technique et logistique aux événements mis en place. Outre nos pépinières de Paris et d’Ile-de-France, l’expérimentation implique des tiers-lieux comme Les Amarres, quai d’Austerlitz, afin de toucher le grand public et les publics fragiles, éloignés des problématiques de biodiversité.

Pourquoi est-ce important de passer de la « simple » participation à la prise d’initiative collective ?

Nous avons fait plusieurs constats. À l’échelle de la société, le discours d’éco-anxiété est prégnant auprès des jeunes et de ceux qui découvrent ces thématiques. Beaucoup de territoires sont sous-équipés en solutions qui montrent que la transition écologique et sociale est possible et souhaitable. Or les études réalisées autour de la gestion de crise montrent que le levier le plus puissant, en dehors des solutions techniques, est la capacité d’organisation collective.

À l’échelle de l’expérimentation, nous avons observé, à l’occasion d’une évaluation d’impact de nos ateliers, l’envie des usagers des pépinières de raccorder leurs actions quotidiennes aux enjeux environnementaux. Ils ont exprimé leur souhait d’approfondir leurs connaissances et leurs pratiques. Nous avons voulu les accompagner afin que chacun développe sa capacité à agir et devienne ensuite un ambassadeur de la biodiversité.

Quelle est la dynamique de travail choisie par Pépins Production ?

C’est le « faire ensemble ». Le rôle de Pépins Production est de poser le sujet concret de la biodiversité en ville, adossé à un chantier commun de plantations. En amont, nous travaillons avec les acteurs sociaux du quartier, afin qu’il y ait une grande mixité de publics dans nos événements et que des rencontres se fassent. Depuis début 2023, notre action est principalement orientée vers la pépinière Chanzy, dans le 11e arrondissement. En plus du voisinage, nous avons ouvert nos ateliers aux publics accompagnés par les associations du quartier, telles que La Cloche pour les sans-abris, Carton Plein pour les personnes en insertion, l’association Quartier Saint-Bernard pour les adolescents, ou encore l’association Aurore qui gère un accueil de jour pour les migrants et un accueil de jour pour les familles en situation de précarité. Il est encore un peu tôt pour regarder les résultats et en tirer des enseignements, mais cela fait partie de nos objectifs de l’année. Nous travaillons également ce principe à l’échelle d’événements grand public plus importants, comme le festival « Vivaces ! », un rendez-vous botanique, scientifique et ludique qui propose des interventions artistiques, des marchés de plantes de producteurs responsables ou encore des ateliers pédagogiques. L’événement a réuni 1 300 visiteurs en octobre 2022.

La transition écologique va-t-elle de pair avec une action sociale ?

Notre objectif est que nous puissions tous vivre ensemble dans un environnement sain et stimulant, au contact du végétal. Il n’y a pas de sens à mettre en place des éléments techniques pour préserver les ressources sans imaginer en même temps comment bien vivre ensemble. Toutes nos solutions sont conçues avec ces deux aspects. Pour mener cette double action, il faut avoir une bonne connaissance des enjeux écologiques mais aussi des territoires et de leurs structures locales. Nous travaillons toujours en coopération avec les associations, les commerçants, tous ceux qui créent des ponts entre les gens. Ce dialogue au sein d’un territoire est aussi une perspective de développement de l’activité économique et d’un emploi inclusif.

Le projet permet-il de fédérer une communauté autour de ces espaces communs de biodiversité ?

Pour faire naître une communauté engagée en faveur de la biodiversité, il faut mélanger les personnes qui ont déjà des connaissances avec les personnes qui ont envie de découvrir. La diversité de personnes et de besoins respectifs suscite l’intérêt de se rencontrer. C’est ce que nous faisons dans nos ateliers de plantations. Ces rendez-vous réguliers créent entre différents publics l’habitude de travailler ensemble sur un projet. Pour ne pas avoir à recommencer nos plantations chaque année, et donc briser la dynamique collective de travail, nous avons fait le choix d’utiliser des plantes vivaces, qui vont se déployer sur plusieurs années. Ces plantes vont construire un jardin durable dans le temps, à même de proposer des habitats et de la nourriture aux insectes et aux oiseaux tout au long de l’année. Cela recrée une continuité écologique en ville. 

Quel a été le rôle du soutien de la Fondation Paris Habitat ?

Le soutien de la Fondation Paris Habitat nous a permis de prendre le recul nécessaire pour organiser l’accompagnement de ces collectifs. Nous avons observé et formalisé des retours d’expérience, qui seront diffusés dans toutes les pépinières de quartier. Nous avons également organisé des événements de plus grande ampleur en 2022, en faisant appel à des experts pour travailler l’accès des publics, les contenus et l’organisation de chantiers. Nous avons impliqué plus largement les bénévoles dans l’organisation du festival « Vivaces ! », en les accompagnant pendant un mois, ce qui nous a permis de recueillir leurs attentes et de leur proposer des missions concrètes autour du végétal.

Quelles sont les étapes à venir ?

Côté organisation, nous souhaitons continuer à nous entourer de professionnels en mécénat de compétences dans les domaines de la médiation et de la sociologie, afin de confronter nos observations avec d’autres retours d’expérience. Côté grand public, nous préparons une série de rendez-vous au printemps ainsi que le prochain festival « Vivaces ! » à l’automne, dont le thème sera « la feuille ». Pour terminer, je dirai que la pleine saison d’intérêt pour le jardin commence maintenant ! Notre programme d’animation et de sensibilisation reprend et nous donnons rendez-vous à toutes et tous dans les jardins et pépinières de quartier.

Pépinière de Pépins production

 

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