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Par Fondation des solidarités urbaines - Publié le 28 juin 2022 - 17:53 - Mise à jour le 28 juin 2022 - 17:54
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« Du potager à la Marmite » : l’alimentation durable à portée de main

Comment donner durablement aux personnes “vulnérables” l’accès à une alimentation diversifiée et de qualité ? Pour répondre à cet enjeu majeur, le LAB3S et ses partenaires expérimentent à Bondy – avec le soutien de la Fondation Paris Habitat – un tiers-lieu alliant jardin partagé et cuisines collectives.

Le projet de LAB3S : apprendre à cultiver et entretenir collectivement un jardin partagé mais aussi cuisiner ensemble sur la base de nouvelles habitudes alimentaires.
Le projet de LAB3S : apprendre à cultiver et entretenir collectivement un jardin partagé mais aussi cuisiner ensemble sur la base de nouvelles habitudes alimentaires.

Une transition alimentaire de proximité

En Seine-Saint-Denis, département très touché par la crise sanitaire et économique, le recours à l’aide alimentaire connaît une progression exponentielle. Un fait révélateur d’une vulnérabilité accrue des populations les plus fragiles. Le développement d’un accès à une alimentation saine, choisie et variée est, dans ce contexte, une réponse directe à cette problématique.

Sur le campus de l’Institut de Recherche pour le Développement, dans le quartier nord de Bondy, le LAB3S (Sols, Savoirs et Saveurs) a initié pour une période de deux ans un dispositif innovant inspiré des cuisines collectives apparues au Canada ou au Pérou : « Du Potager à la Marmite ».

Son principe est simple. Il s’agit d’apprendre à cultiver et entretenir collectivement un jardin partagé, future source d’approvisionnement, mais aussi de cuisiner ensemble sur la base de nouvelles habitudes alimentaires. Chaque semaine, accompagné d’un intervenant, un atelier est organisé en alternance dans le vaste jardin-potager et dans les deux cuisines collectives mises à disposition.

Des ateliers collaboratifs pour accompagner le changement

Les ateliers ont débuté en avril 2022. Outre les bénévoles du LAB3S, les participants sont issus de trois autres structures associatives locales partenaires du projet : les personnes en grande précarité de l’accueil de jour géré par l’association La Marmite, ainsi que les habitants de Bondy fréquentant la maison de quartier Daniel Balavoine et l’association Rayons de Soleil.

Ce sont donc en tout quatre groupes différents qui participent à l’expérimentation. La variété des parcours et des profils fait de chaque atelier un lieu d’échanges, de découvertes, de rencontres. Côté jardin, une animatrice initie les groupes aux pratiques respectueuses de l’environnement ainsi qu’à la gestion des parcelles et des cultures.  

Des pratiques respectueuses de l’environnement

 

Côté cuisine, une diététicienne-nutritionniste intervient pour montrer aux participants les principes d’une alimentation saine et encadrer les premières recettes réalisées en commun. Depuis quelques semaines, ce sont les participants eux-mêmes qui proposent une recette après s’être concertés. Une fois la liste des ingrédients définie, les courses sont faites ensemble au marché et dans les magasins locaux – en attendant de pouvoir utiliser les premières cultures du jardin partagé.

L’objectif est de créer une dynamique pour que les participants s’approprient ces nouvelles pratiques, comme l’explique Pauline Sy, responsable du projet au sein de LAB3S : « Notre volonté est que les personnes présentes aux ateliers puissent par la suite s’auto-organiser, sans avoir besoin d’intervenant extérieur pour se retrouver au jardin ou en cuisine. »

Vers une « démocratie alimentaire » ?

Les premiers ateliers sont déjà porteurs d’enseignements sur la démarche « Du Potager à la Marmite ». En particulier sur l’aspect cuisine collaborative – le jardin étant pour le moment en attente des premières récoltes.

La pluralité des profils est vectrice de convivialité. Elle révèle par ailleurs des motivations différentes : certains viennent chercher le lien social, le partage d’une activité, d’autres s’investissent pour apprendre à mieux s’alimenter. Trouver le bon équilibre prend donc du temps, même si selon Pauline Sy « les participants et participantes sont satisfaits et manifestent leur intérêt ».

Le fait de réaliser ensemble une recette de leur choix a suscité beaucoup d’enthousiasme, donnant à la démarche toute sa dimension participative. Chacun partage ses connaissances et se sent valorisé. La recette devient un support pour la diététicienne, qui transmet de manière plus « horizontale » et plus fluide son savoir.

L’interaction et la participation active des bénéficiaires est donc un maillon-clé. Car tous souhaitent malgré leurs importantes contraintes économiques manger plus sainement, sans pour autant renoncer aux codes culinaires de leur culture. C’est le constat fait par Manon Lalliot, étudiante en Master de Géographie Sociale, qui suit attentivement les ateliers pendant six mois pour en faire un mémoire de fin d’études. « Du Potager à la Marmite est un projet de démocratie alimentaire, destiné à ceux qui ne peuvent pas accéder à une alimentation de qualité. Cependant, il faut prendre garde à ne pas tomber dans l’injonction en imposant des normes alimentaires, mais co-construire et favoriser de nouvelles pratiques et savoirs avec les participant.e.s »

Les observations de l’apprentie chercheuse viendront alimenter un guide méthodologique. Le document sera partagé en open source avec d’autres acteurs intéressés par la démarche, notamment les bailleurs sociaux ou les collectivités. Une base solide qui permettra également au LAB3S d’affiner son action pour l’année 2023.

 

 

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