Aller au contenu principal
Par Fondation des solidarités urbaines - Publié le 7 juin 2021 - 12:24 - Mise à jour le 7 juin 2021 - 12:36
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Réinsertion des personnes détenues : “J’avais lâché mon projet professionnel et Wake up Café m’a redonné la motivation”

Wake up Café accompagne les personnes détenues vers la réinsertion. Elle leur offre un soutien individuel sur mesure et une communauté d’entraide pour lutter contre la récidive et l’isolement. Portrait optimiste de Fabien, jeune “wakeur” suivi par l’association.

Dans les locaux de l'association Wake up Café à Paris
Dans les locaux de l'association Wake up Café à Paris

 

Fabien a 27 ans. Il a grandi au Blanc-Mesnil, en Seine Saint Denis. “Grandir en quartier” comme il dit, c’est “connaître tout le monde, avoir une bande d’amis, faire avec le peu de moyens qu’on a, jouer avec des ballons crevés…” Fabien est allé à l’école jusqu’en première, puis il a entamé une formation en CAP Installation sanitaire qu’il n’a pas achevée. “J’ai vécu de la débrouille, je faisais des conneries”, raconte-t-il. “J’ai grandi seul avec mon père. Il ne touchait que 500 € par mois pour nous deux. C’était trop peu. Je me suis dit qu’il fallait que je gagne de l'argent, j’entendais les histoires de plus grands que moi qui menaient la belle vie. Mon père faisait tout pour moi. Je voulais gagner de l’argent pour lui, pour l’envoyer en vacances. Ce n’était pas pour moi. Moi je ne suis jamais parti en vacances.

 

“Ça faisait longtemps que j’avais envie de demander de l’aide mais je ne savais pas vers qui me tourner”

 

À 21 ans, Fabien a été incarcéré une première fois en Picardie pour 8 mois. Puis une seconde fois à 23 ans, dans le Sud de la France. 8 mois encore. Et enfin une troisième, depuis 10 mois, en région parisienne. “Mon parcours, c’est celui de la majorité des jeunes de mon quartier. Tout le monde est pareil au fond... les jeunes se sentent mal dans cet environnement là, ils aimeraient vivre mieux, ils ne voient pas leurs talents et ils font n’importe quoi. Il n’y avait personne pour nous parler, nous dire d’arrêter, nous donner des conseils. Quelqu’un qui serait passé par la même expérience et qui en serait sorti... Est-ce que j’aurais écouté ? Peut-être pas, mais en insistant… Et puis ça faisait longtemps que j’avais envie de demander de l’aide mais je ne savais pas vers qui me tourner. J’étais mal entouré et on ne parlait pas de ça.” Fabien a bien essayé de s’en sortir seul : “Je me suis toujours dit “dès que j’ai 25 ans j’arrête”. Pendant un an et demi j’ai travaillé, j’étais gérant d’une boutique taxiphone. Et puis je suis retombé dans l’illégalité.

 

“Je préfère me former plutôt que de me contenter de chercher un job alimentaire”

 

Aujourd’hui il reste 13 mois de détention à Fabien mais cette fois il est suivi par l’association Wake up Café. En semi-liberté, il s’y rend tous les jours de 9h30 à 17h, sur le site de Montreuil ou sur le site de la péniche Quai Liberté à Paris, récemment aménagée par l’association. “Avoir des horaires fixes ça me règle : le soir je suis fatigué tôt, je dors bien alors qu’avant je m’endormais à 7h du matin dans ma cellule…” Tous les jours, il participe à des groupes de parole, des ateliers, des sorties culturelles : “Ça fait du bien, je me sens libéré et puis j’apprends de nouvelles choses.” Il a aussi accès à des ordinateurs, est accompagné pour ses recherches de formation, pourquoi pas en apprentissage. “J’ai envie de faire quelque chose de ma vie. Mon rêve, mon envie, c’est de suivre une formation en Climatisation, ventilation et chauffage. Je préfère me former plutôt que de me contenter de chercher un job alimentaire. L’association m’aide dans mes démarches, j’ai aussi pu passer des simulations d’entretiens grâce à elle. Tout cela donne de la confiance et des perspectives. Ça m’ouvre l’esprit, ça me donne envie de changer d’environnement, de rencontrer d’autres personnes. C’est une grande famille ici, on peut tout dire sans jugement, on est libre. On nous écoute surtout.”

 

“Travailler dur, ne rien lâcher. Et commencer par le début : mettre de l’argent de côté puis investir”

 

Grâce à l’accompagnement de Wake up Café, aujourd’hui Fabien s’envisage un avenir : “J’ai repris confiance en moi, j’avais lâché mon projet professionnel et Wake up Café m’a poussé, m’a redonné la motivation. Depuis que je suis ici je me sens capable de tout car on nous montre nos qualités. Avant j’étais timide, je n’osais pas parler, aujourd’hui je me sens libéré.” Ses aspirations ? “Travailler dur, ne rien lâcher. Et commencer par le début : mettre de l’argent de côté puis investir dans une société de climatisation, ventilation et chauffage.” Il se verrait bien vivre dans le Sud aussi : “pour le soleil, la bonne humeur, avoir une grande famille, être soudés, s’aimer très fort et être en bonne santé !”

 

Des "wakeurs" et membres de l'association sur le site du Quai Liberté à Paris
Des "wakeurs" et membres de l'association sur le site du Quai Liberté à Paris

 

-------

Comment nous accompagnons le projet de Wake Up Café ?

La Fondation Paris Habitat soutient le projet de recherche-action de Wake up Café en contribuant à des dépenses opérationnelles (liées au nouveau site de l’association Le Quai Liberté à Paris, aux frais liés à l’accompagnement des “wakeurs” dans leur recherche d’emploi, de logement, d’accès aux soins et pour les démarches administratives) mais aussi en particulier liées à l’évaluation d’impact embarquée qui doit permettre d’essaimer le dispositif créé par l’association. La Fondation permet aussi la mise en contact avec des partenaires et des placements en logements sociaux. Enfin, un dispositif de mécénat de compétences est mis en œuvre, pour permettre aux collaborateurs de Paris Habitat de s’impliquer auprès de l’association.

Pour en savoir plus sur le projet de Wake up Café, regardez l’interview de Clotilde Gilbert, directrice de l’association, réalisée à l’occasion des Rencontres de la Fondation Paris Habitat :

 

 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer