Fondation RTE : au-delà de la philanthropie, la responsabilité territoriale des entreprises incarnée
Les fondations ont un rôle stratégique à jouer pour mettre en place des actions qui découlent et incarnent la responsabilité territoriale de leurs entreprises fondatrices, sujet fondamental discuté lors des XXIIIe Rencontres du RIUESS organisées à Metz du 22 au 24 mai, avec le soutien de la Fondation RTE. Cécile Daclin, déléguée générale de la Fondation a pu s’exprimer sur ce sujet à l’occasion d’un atelier organisé par la professeure de sciences économiques et chercheuse Maryline Filippi, intitulé « ‘Atterrir’ en Responsabilité : la Responsabilité Territoriale des Entreprises ».
Territorialité, ESS et fondations : des interactions naturelles
La responsabilité territoriale des entreprises est la prise en compte par l’entreprise de l’impact sur son territoire d’implantation et la reconnaissance du rôle qu’elle peut jouer pour contribuer positivement au développement de ce territoire. Elle élargit ainsi l’idée de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) au-delà de la comptabilité et de la gestion des externalités négatives de l’entreprise, théorise Timothée Duverger, responsable de la chaire Territoires de l’ESS à Sciences Po Bordeaux. Elle porte l’action, et tout particulièrement l’action collective, au cœur de sa définition.
« Ce sont sur les territoires et dans la coopération entre acteurs que se construisent les solutions », a indiqué ce dernier au moment de la remise du rapport Mesurer l’impact social et l’ancrage territorial des entreprises à Olivia Grégoire, ministre en charge des petites et moyennes entreprises et de l’économie sociale et solidaire, lors du Sommet de la mesure d’impact organisé au CESE par Impact Tank le 18 avril dernier1 .
Cette notion de responsabilité territoriale des entreprises permet ainsi de nommer plus précisément les effets que l’entreprise a sur la cohésion d’un territoire : en plus de ses actions en tant qu’acteur économique, l’entreprise engage ses collaborateurs, ses partenaires et son territoire. « Il s’agit de concilier les valeurs de l’entreprise et celle de l’engagement afin de capitaliser des connaissances sur un territoire, valoriser des savoir-faire et des savoir-être pour le bien commun », explique la chercheuse Maryline Filippi au blog de Wudo.
Ce sujet fondamental a fait l'objet d’un atelier aux 23e Rencontres du Réseau interuniversitaire de l’économie sociale et solidaire.
« L’injonction à la responsabilité territoriale s’applique aux entreprises, mais rejaillit sur les fondations qui peuvent initier des actions novatrices en étant au plus près des besoins des acteurs dans les territoires », a indiqué Cécile Daclin, déléguée générale de la Fondation RTE. « Il faut donc rester à l’écoute de ce qui peut se capter dans les territoires, faire preuve de souplesse, questionner ses propres pratiques et ses relations aux porteurs de projet. »
Nouvelles dynamiques d’actions solidaires en soutien à la ruralité : le parti pris de la Fondation RTE
La Fondation RTE est née en 2008 pour prolonger l’action de l’entreprise RTE (réseau de transport d’électricité) dans un territoire spécifique : les campagnes de France métropolitaine. Après 15 ans d’existence, la fondation RTE est toujours la seule fondation dédiée à la ruralité : « au-delà de la transition énergétique, la vitalité des territoires ruraux est la « cause » défendue par RTE. Et, en termes philanthropiques, c’est la vocation de la Fondation RTE », a déclaré Cécile Daclin.
Aujourd’hui, avec 16 millions d’euros investis depuis 15 ans pour les associations des territoires ruraux de France métropolitaine, la Fondation RTE souhaite faire évoluer son action et aller plus loin dans sa responsabilité territoriale.
Ainsi, au-delà de son soutien financier, la Fondation RTE accompagne de façon « extra-financière » les projets associatifs qui lui sont soumis : parrainage par des salariés de l’entreprise fondatrice, coaching, accompagnement au bilan carbone… les modalités sont variées.
« Être responsable territorialement pour une fondation, c’est être à l’écoute des associations, actrices du territoire, et savoir faire évoluer nos propositions pour être en adéquation avec leurs besoins », a indiqué la déléguée générale de la Fondation RTE. « Ainsi, nous nous inscrivons aussi dans des démarches d’impact collectif et d’alliances, avec d’autres acteurs philanthropiques (Fondation Entreprendre, Fondation Avril, Fonds de dotation Terre & Fils, etc.) pour mettre en place des solutions innovantes et les mieux adaptées aux besoins des territoires ruraux. » On passe ainsi d’une logique de simple « flux » à une logique d’ascendance territoriale : partir d’un territoire, étudier ses besoins et réfléchir ensemble à la manière pertinente d’y répondre.
Plus encore, alors que son soutien était réservé aux seules dépenses d’investissement, la Fondation envisage de s’ouvrir aux dépenses de fonctionnement et de s’inscrire dans un véritable contrat de confiance avec les associations soutenues.
Enfin, en requestionnant ses relations aux porteurs de projets, en étant à l’écoute de signaux faibles, la Fondation RTE a décidé de passer d’une fondation uniquement redistributrice à une fondation opératrice avec un programme en propre, afin de mieux répondre aux besoins des territoires ruraux. Une étape enthousiasmante dans la vie de cette Fondation et dont les graines devraient être plantées dans les mois à venir.
La posture d’écoute de son écosystème et de coopération que la Fondation RTE expérimente démontre que la responsabilité territoriale peut s’avérer être un levier clé pour renforcer la cohésion sociale dans les campagnes.
