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Par Foundation S - The Sanofi Collective - Publié le 21 décembre 2022 - 11:51 - Mise à jour le 21 décembre 2022 - 11:51
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40 ans de Tulipe : repenser l’aide humanitaire en santé à l’heure des crises

Face au cumul des crises, l’aide humanitaire d’urgence évolue. L’association Tulipe, partenaire de Foundation S qui fête ses 40 ans cette année, explique comment la mutation s’est imposée au fil du temps.

40 ans de Tulipe : repenser l’aide humanitaire en santé à l’heure des crises. Crédit photo : association Tulipe.
40 ans de Tulipe : repenser l’aide humanitaire en santé à l’heure des crises. Crédit photo : association Tulipe.

40 ans d’histoire et d’évolution de l’aide humanitaire

L ‘association Tulipe a été créée en 1982. « Ça a commencé avec le grand mouvement humanitaire de la fin des années 1970, notamment la création de Médecins sans frontières (MSF) », raconte Alexandre Laridan, directeur opérationnel de Tulipe. « Des ONG naissent ainsi avec les ‘French doctors’ à la fin de la décennie et au début de années 1980, Bernard Kouchner, un des fondateurs de MSF, va voir le syndicat professionnel de l’industrie pharmaceutique, aujourd’hui le Leem (Les entreprises du médicament), pour négocier des donations de médicaments. Via les demandes de MSF, ce syndicat professionnel créé Tulipe pour essayer de trouver une solution qui va au-delà de la négociation et permet de donner des médicaments dans un cadre de qualité. »

Les donations médicales sont ainsi la colonne vertébrale de Tulipe et de son fonctionnement. Dès le début, Sanofi s’implique et est un des membres historiques. « Sanofi a même participé à sa création, ce n’est pas qu’un simple partenaire. Nos relations ont été indéfectibles jusqu’à aujourd’hui. Ce n’est pas qu’une relation de donations puisqu’on échange sur beaucoup de sujets parce qu’on s’intéresse à l’impact et aux besoins sur place. »

L'évolution de l’aide humanitaire : une autre approche du don

L’association Tulipe donne entre 50 et 60 tonnes de produits de santé donnés par année, ce qui correspond à des centaines de milliers de traitements, et 400 000 patients touchés. « Notre critère d’intervention, c’est qu’il n’y ait pas d’approvisionnement de médicaments de qualité possible localement. On trouve souvent des médicaments dans n’importe quel pays mais la qualité n’est pas toujours au rendez-vous et les partenaires sur place, qu’ils soient locaux ou internationaux, ne veulent pas s’approvisionner sur place », précise M. Laridan.

« Le partenariat avec Tulipe nous permet de répondre rapidement et efficacement à des opérations d’aide humanitaire », affirme Vanina Laurent-Ledru, directrice générale déléguée de Foundation S, qui a donné plus de 43 millions de traitements en 2022. « Tulipe, pour nous, c’est un garant que les médicaments répondent à un besoin précis, défini et un garant de la distribution. On a vu, dans certaines crises, des afflux de dons qui ne trouvaient pas le bon récipiendaire et encombraient les canaux existants déjà mis à mal. Il faut donc vraiment s’assurer que ces dons soient efficaces et que les quantités, doses et formats répondent aux besoins locaux. »

En 2022, l’action de Tulipe a été démultipliée. « On a à peu près triplé notre niveau. Là, on est à peu près à 150 tonnes d’envois du fait de notre intervention en réponse à la guerre en Ukraine. On parle d’environ 6 millions d’euros d’engagement des entreprises de santé sur 2022 », indique M. Laridan.

Ces chiffres sont impressionnants mais depuis 40 ans, l’approche du don a évolué. Le simple fait de donner ne suffit pas. « Les besoins étant en constante hausse et nos stocks n’augmentant pas à la même vitesse qu’eux fait que nous cherchons à avoir le meilleur impact possible », ajoute-t-il. « Pour cela, on essaie d’avoir une approche très micro : on va essayer de se poser dans une crise sanitaire, en comprendre les tenants et les aboutissants pour s’associer aux partenaires avec lesquels nos donations auront le plus d’impact. Depuis 40 ans, il y a eu pas mal de changement dans la vision humanitaire. On donnait sans vouloir trop être micro et sans faire trop de traçabilité. Aujourd’hui, on a vis-à-vis des acteurs de terrain une approche beaucoup plus personnalisée. Je pense, par exemple, à ALIMA en Afrique qui a une approche très intégrée de son action, ce qui a permis à l’humanitaire d’évoluer. »

De nouvelles formes d’intervention

À un niveau global, on voit d’ailleurs se développer de plus en plus d’alliances intersecteurs entre le privé non lucratif, l’entreprise et le public, qui permettent d’apporter des réponses plus concertées et innovantes.

« Ce qui est important pour nous, c'est de savoir comment on peut être un incubateur d’idées », déclare Mme Laurent-Ledru. « Pour cela, on travaille avec Tulipe, et avec des organismes internationaux comme le Partenariat pour des dons de médicaments de qualité (PQMD), qui rassemble 50 % d’ONG et 50 % d’acteurs de l’industrie. Pour nous, c’est important de savoir : qu’est-ce qui marche bien ailleurs, qu’est-ce que l’industrie est capable de faire sur d’autres zones ? Ainsi, on peut venir apporter une réponse encore plus globale et importante pour d’énormes crises comme la guerre en Ukraine, par exemple. »

Elle ajoute : « C’est aussi important d'avoir un partenaire français car on voit l’intérêt d’avoir une réponse ciblée autour des enjeux géopolitiques européens par rapport à des partenaires qui ont une compréhension plus nord-américaine des crises et de leurs impacts. »

De plus, de nouvelles formes d’intervention sont nées, comme le mécénat de compétences, en cours de développement chez Tulipe. « On a beaucoup de bénéficiaires qui sont des organisations médicales. On aimerait bien que Tulipe ne soit pas juste qu’un pourvoyeur de donations médicales mais aussi un pourvoyeur de compétences dans cette industrie », indique M. Laridan. « On a eu plusieurs phases test où des pharmaciens de l’industrie pharmaceutique ont pu aider des organisations comme Action contre la faim ou Première urgence internationale, qui font partie de nos bénéficiaires, sur des aspects de qualité pharmaceutique ou de process pharma. On part sur un transfert de compétences très spécifiques pour soutenir des missions très complexes dans ces ONG et pour moi, il y a là une vraie plus-value. »

Arrivée de dons de médicaments en Ukraine en avril 2022. Crédit photo : Antoine Reydellet.
Arrivée de dons de médicaments en Ukraine en avril 2022. Crédit photo : Antoine Reydellet.

Au sein de Foundation S, cette forme de mobilisation a aussi été identifiée comme essentielle. Le fonds de dotation a déjà mobilisé 25 collaborateurs pour des missions et s’attache particulièrement à les former pour mieux venir en aide aux organisations humanitaires. Comme le rappelle Mme Laurent-Ledru : « Associer des talents et des compétences qui peuvent venir de partout dans l’entreprise, c’est vraiment pour nous la meilleure façon d’étendre notre impact et de mener à bien nos missions. Dans l’humanitaire, la situation est délicate. On ne peut pas envoyer des gens sans qu’ils soient bien formés. »

Le futur de l’aide humanitaire en santé : au-delà du don ?

Un nouveau contexte de crise

L’action humanitaire est donc en train de prendre un tournant, accéléré par les crises soulevées par le changement climatique. Les dommages collatéraux, notamment sur les migrations, les conflits, ont des conséquences très concrètes sur la santé.

D’après le PNUD, d’ici 2050, le changement climatique pourrait contraindre plus de 216 millions d’individus à évacuer leur domicile. 

« La pauvreté extrême a augmenté pour la première fois depuis 1998 de 8,4 % jusqu’à 9,5 % en 2020, c’est-à-dire qu’on parle de 120 à 125 millions de personnes qui sont repartis dans l’extrême pauvreté », rappelle Mme Laurent-Ledru.

« Le dérèglement climatique a créé un vrai déséquilibre qui est totalement lié aux problématiques de santé. On va avoir énormément de réfugiés qui vont devoir être gérés dans des camps où il faudra recréer des centres de santé. Les gouvernements locaux, qui ne sont pas forcément dotés, ne veulent pas payer pour ces camps et feront appel à la communauté internationale. On aura ainsi dans plein d’endroits du monde, des soucis pour obtenir des personnels de santé qualifiés et des approvisionnements médicaux », déplore M. Laridan. 

« Aujourd’hui, les choses sont sur le point d’empirer. Je ne parle même pas des épidémies actuelles et notamment la crise du COVID-19 qui ont affecté de nombreux pays déjà très fragiles comme Madagascar ou le Sri Lanka et qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation économique désastreuse. »

Le renouveau de l’humanitaire : une vision plus stratégique

Une question éternelle se pose donc : comment traiter l’urgence tout en assurant une possibilité de reconstruction ? D’un côté, traiter l’urgence est essentiel, comme le montre la récente décision du Conseil de sécurité de l'ONU de permettre à l'aide humanitaire de se poursuivre sans entrave dans les pays visés par des sanctions onusiennes. D’un autre, l’aide humanitaire ne peut à elle seule faire face aux crises et à leurs nombreuses conséquences au fil du temps.

« La notion d’urgence et la reconstruction ont tendance à se chevaucher. Il faut bien alimenter les centres de santé, mais en même temps, on va faire des formations, on va essayer de soutenir des médecins, de recréer un écosystème de santé en coordination avec le gouvernement. Ce sont des choses qu’on est obligé de faire en même temps. Mais si on arrêtait de faire des donations, à l’instant même, on ne sait pas où le pays irait et l’activité de formation ne serait pas du tout possible », explique M. Laridan. 

« Pourtant, aujourd’hui la donation n’est pas vraiment bien vue, on parle plus de développement, de construction de capacités mais malgré tout, de ce qu’on voit du terrain, la donation est malheureusement encore aujourd’hui obligatoire. La question se pose maintenant : comment reconstruire avec les gens, en cohérence avec les besoins du système, de telle manière à éviter un gâchis comme on a pu voir en Afghanistan où on n’a pas su reconstruire.

Alexandre Laridan, directeur opérationnel de Tulipe

« Souvent le financement de l’humanitaire n’est pas encore connecté à l’aide au développement comme il le devrait. Cela soulève la question : continue t-on à mettre des moyens sur l’aide humanitaire ou arriverons-nous à faire des passerelles à l’aide au développement ? », ajoute Mme Laurent-Ledru, qui défend une approche plus stratégique, illustrée notamment par la participation de Foundation S à des initiatives comme la Health Emergencies Alliance, lancée par la fondation de l’Organisation mondiale de la santé.

Une priorité : renforcer le secteur et anticiper

« Pour améliorer durablement l’accès des populations vulnérables à une santé de qualité, il faut agir sur l’ensemble des personnes qui composent la communauté et ça veut dire agir sur les personnes, les organisations et le secteur. Nous essayons donc de porter une attention particulière au renforcement des capacités locales, que des acteurs locaux soient donc impliqués dans la réponse », continue Mme Laurent-Ledru.

La vision défendue par Foundation S s’appuie sur la prise en compte des données à notre disposition sur le climat, les systèmes de santé et le contexte local. « On a besoin de partager les données, on a besoin de comprendre qui va être le plus exposé aux risques. Par exemple, au Pakistan, on sait pertinemment que les glaciers vont continuer à fondre, on peut donc déjà prédire des inondations futures et encore plus meurtrières. On peut alors anticiper des réponses intégrées », conclut-elle.

 

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