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Par Carenews PRO - Publié le 21 décembre 2018 - 12:12 - Mise à jour le 21 décembre 2018 - 12:21
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[CHIFFRE] Violences conjugales : un besoin budgétaire de 506 millions d’euros

La Fondation des femmes partage les résultats d’une étude inédite, menée conjointement avec plusieurs acteurs stratégiques de l’égalité femmes-hommes et du financement de l’action publique, pour estimer le budget public annuel nécessaire pour une action de qualité contre les violences conjugales dont sont victimes les femmes. Le verdict est sans appel : les besoins identifiés sont conséquents, et le budget actuellement alloué à cette cause, largement insuffisant.

[CHIFFRE] Violences conjugales : un besoin budgétaire de 506 millions d’euros
[CHIFFRE] Violences conjugales : un besoin budgétaire de 506 millions d’euros

 

 

Une étude inédite sur les violences conjugales

 

Pour la première fois en France, une étude vient chiffrer le budget public annuel nécessaire pour une action de qualité contre les violences conjugales faites aux femmes. Les travaux de la Fondation des femmes, du Conseil économique, social et environnemental (CESE), du Fonds pour les Femmes en Méditerranée (FFMED), du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE), de l’association Women’s Worldwide Web (W4) et de la consultante experte Nerea Craviotto, ont permis de déterminer ce montant, à la hauteur du travail restant à accomplir en la matière : 506 millions d’euros. Un chiffre qui monte à 1,1 milliard d’euros dans l’hypothèse haute, réalisée à partir du nombre de femmes déclarant des violences conjugales sans que celles-ci soient nécessairement constatées par les forces de l’ordre.

 

Quels sont donc les principaux besoins identifiés par l’étude ? D’abord, l’accompagnement vers la révélation des faits et l’accès aux droits : une première étape indispensable, qui nécessiterait, en plus de la formation continue des services de police, des professionnels de la santé et des intervenants sociaux pour une enveloppe globale de 33 millions d’euros environ, d’augmenter les moyens des associations spécialisées dans l’accompagnement et la prise en charge des femmes victimes de violence, à hauteur de 193,6 millions d’euros.

 

Ensuite, le développement des centres d’accueil et d’hébergement pour les femmes nécessiterait un budget de 193 millions d’euros, et le développement d’une offre de soins en psycho-traumatologie, à l’image de la Maison des Femmes de Saint-Denis, pour une enveloppe de 24,2 millions d’euros. Enfin, l’étude préconise d’accélérer la recherche et les innovations en matière de lutte contre les violences et d’accompagnement en dotant les associations et fondations dédiées et les autres acteurs des droits des femmes d’un budget de 46 millions d’euros.

 

Quels moyens réellement alloués à la lutte contre les violences conjugales ?

 

L’étude met ainsi en lumière des besoins immenses, alors que le budget public actuellement alloué à la lutte contre les violences conjugales faites aux femmes est loin d’être suffisant ; ce qui ne manque pas de pénaliser, ainsi que le souligne l’étude à plusieurs reprises, l’action des associations et des fondations. Le budget public dédié à la lutte contre les violences conjugales n’a pas être qu’estimé par l’étude, au regard de l’absence de données claires et unifiées sur les dépenses engagées pour la lutte contre les violences conjugales. L’agrégation des différents programmes et plans publics comprenant des mesures destinées à cette cause a cependant permis d’estimer ce budget à 78,7 millions d’euros, soit un montant 6 fois inférieur aux besoins estimés par l’étude.

 

Le secteur philanthropique, de plus en plus sollicité par les associations et les fondations face à la baisse des subventions publiques et du budget public, voit sa contribution passée à la loupe. Il en ressort que les 21 fondations “généralistes” interrogées ont investi environ 3,5 millions d’euros en faveur d’initiatives relatives aux droits des femmes, auxquels s’ajoutent les 3 millions d’euros de budget des 12 fondations dédiées aux femmes. Si la majorité des fondations interrogées considèrent que les droits des femmes sont une cause importante, voire prioritaire, seuls 10% des projets financés concernent spécifiquement la lutte contre les violences faites aux femmes. La grande majorité des projets financés en matière de droits des femmes sont des projets d’éducation (environ 40%), de renforcement des capacités (30%) et d’insertion économique et d’entrepreneuriat (25 %).

 

Des initiatives louables des pouvoirs publics, mais estimées insuffisantes

 

Malgré les efforts engagés par les politiques publiques depuis le milieu des années 2000, les données publiées par l’Observatoire national des violences faites aux femmes sur les deux dernières décennies permettent de constater que les chiffres en matière de violences sexuelles et de violences conjugales stagnent. Face à un problème d’ampleur, c’est encore la stratégie des petits pas qui continue d’être préconisée. Fin novembre, après qu’un rapport ait relaté une augmentation de 23 % du nombre de cas de violences sexuelles signalés et enregistrés par les services de police, le gouvernement a lancé une plateforme gratuite et anonyme de signalement de violences sexuelles et sexistes. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a par ailleurs récemment annoncé l’ouverture d’une Cité des Femmes dans la capitale, sur le modèle de celle de Saint-Denis. Une initiative portée de longue date par la Fondation des femmes, qui décrit le projet comme répondant à “un véritable besoin associatif”.

 

Mais comme le rappelle l’étude, si le mouvement #metoo a permis une certaine libération de la parole, la mesure des violences faites aux femmes demeure extrêmement compliquée, en raison du “chiffre noir” des violences faites aux femmes. De nombreuses agressions ne sont toujours pas déclarées aux services de police, ni même rapportées à des proches, et les statistiques publiques sur le sujet n’incluent pas les violences faites aux femmes de moins de 15 ans et de plus de 75 ans, ni aux femmes SDF ou vivant dans des institutions (maisons de retraite, maison de soins, prisons, centres d’hébergement d’urgence ou de réinsertion sociale), alors que ces catégories de femmes sont loin d’être épargnées.

 

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