3 questions à Stéphanie Andrieux, présidente-fondatrice de Benenova
Présidente-fondatrice de l’association Benenova, qui met en relation bénévoles et associations via sa plateforme, Stéphanie Andrieux nous a livré son regard sur le bénévolat au temps du Covid-19, après une année marquée par un formidable élan de solidarité.
Stéphanie Andrieux est, depuis 2013, présidente-fondatrice de l’association Benenova, qui met en relation des bénévoles avec des associations à Lille, Nantes et Paris via sa plateforme. Benenova s'est développée dans les relations avec des associations essentiellement dans les domaines de la lutte contre la précarité, le lien intergénérationnel, le handicap et les actions environnementales. En 2017, l’association a lancé un programme de bénévolat inclusif visant à élargir son offre aux personnes en situation de handicap, de précarité et/ou d’exil. Stéphanie Andrieux est revenue sur l’année particulière que fut 2020, et nous a livré ses constats sur le bénévolat en temps de Covid-19.
- La plateforme existe depuis maintenant huit ans, et propose des missions de bénévolat dans trois villes. Comment Benenova a-t-elle amorcé cette année 2021 ?
Actuellement présents à Paris, Nantes et Lille, nous allons ouvrir deux nouvelles villes : Rennes et Angers. C’est déjà un bel objectif de croissance, qui vise à permettre à toujours plus de citoyen·ne·s de s’engager, et d’accompagner des associations pour qu'elles puissent accueillir des bénévoles. Nous allons également continuer de renforcer nos programmes d’engagement inclusif, un enjeu qui est pour nous aussi important qu’enrichissant, ce que nous confirment les bénévoles et associations dont les retours sont très positifs.
Nous sommes précisément en train d’harmoniser les pratiques de ces programmes dans nos trois villes afin de proposer les meilleurs formats d'accompagnement. Il y a désormais des temps de permanence dans chacune d’entre elles pour offrir un accompagnement à l’outil numérique afin que les personnes voulant s'engager ne soient surtout pas bloquées par le site. Nous sommes très vigilants sur tout ce qui peut constituer un frein à l’engagement pour des citoyens qui ont envie de s’engager et seront d’excellents bénévoles. Il est primordial qu’il y ait cette prise de conscience que chaque citoyen peut contribuer au travail des associations, que chaque personne fait partie d’un collectif et est pleine de ressources malgré ses difficultés.
Enfin, nous allons, avant tout, rester à l’écoute et être inventifs pour nous adapter aux différentes situations que 2021 pourrait présenter.
- Quels ont justement été et sont les impacts de la pandémie de Covid-19 sur Benenova ?
Pour Benenova, la grande nouveauté a été de proposer des actions à mener à distance, depuis chez soi. Sinon, nous avons finalement intensifié ce que l’on faisait déjà. Ainsi, si nous sommes toujours en lien avec nos associations partenaires, nous avons dû véritablement être sur le pont lors des confinements. Nous avons eu bien plus d’interactions par téléphone avec les bénévoles cette année, puisqu’ils avaient beaucoup de questions liées au contexte à nous poser avant de se rendre sur le terrain. Du côté des associations, nous avons dû faire preuve de réactivité et adapter les actions au fur et à mesure des besoins et des jauges à respecter.
Par ailleurs, nous testons au préalable toutes les actions visibles sur Benenova pour nous assurer d’avoir toutes les informations nécessaires. Nous avons été très réactifs dans le test des nouvelles opérations pour les relayer aussi rapidement que possible. Notre objectif était de faire en sorte que la mobilisation des bénévoles soit aussi fluide que possible, du côté des citoyens voulant s’engager comme des associations, afin que celles-ci ne soient pas noyées sous les demandes qu’elles ne pouvaient pas traiter. Il était notamment important d’expliquer aux bénévoles à quoi ressemblait le pic d’activité lié au Covid du côté associatif.
Pendant le premier confinement, nous avons en outre lancé Bénévolat.fr. avec six autres acteurs du bénévolat, en coordination avec la réserve civique. L’idée était d’orienter les citoyens souhaitant s’engager. Nous réfléchissons désormais aux suites à donner au projet. L’équipe de Benenova a grandi, elle compte désormais 14 volontaires en service civique contre cinq il y a un an. Le rythme s’accélère au fur et à mesure du temps, et nous nous organisons pour maintenir la qualité de nos services.
- Quel sera selon vous le paysage du bénévolat en 2021 ? L’élan de solidarité du premier confinement a-t-il été suivi d’un engagement sur la durée ?
Nous sommes nous-mêmes surpris des suites de cet élan de solidarité. Nous pensions qu’après le déconfinement, il y aurait inévitablement une baisse du nombre de bénévoles. Pourtant, si ce n’est pas forcément le même volume, la plupart de ceux qui se sont engagés en mars-avril 2020 ont continué. Nous avons constaté une augmentation des bénévoles de 33 % en 2020 par rapport à 2019, avec 4 350 nouveaux bénévoles, dont 62 % ont moins de 30 ans. Les niveaux d’engagement sont assez incroyables : en novembre dernier, nous avons comptabilisé 1 000 nouveaux inscrits sur le site. Pour une plateforme en comptant au total 18 000, c’est plutôt conséquent. Et 2021 confirme cette tendance, puisque nous sommes déjà à plus de 2 000 nouveaux inscrits depuis le début de l’année.
Je pense qu’il y a eu un certain déclic l’année dernière, nous avons beaucoup plus de demandes sur les façons de s’engager qu’avant la pandémie. C’est d’autant plus important que le bénévolat est un élément essentiel de la citoyenneté, et que nous voyons une montée des crispations, de la violence, notamment liée à la diminution des interactions sociales. Face à la montée des inégalités, s’il ne faut pas tout vouloir attendre du bénévolat, soutenir l’engagement est aussi un moyen de soutenir la création du lien social. Il y a là un véritable enjeu de société, au-delà du soutien aux associations. Ce n’est pas « que » de la vie associative, c’est de la vie tout court.