À quand « un Yuka de l’engagement des entreprises » ?
Une table ronde de ChangeNOW 2020 a été consacrée aux entreprises engagées. Comment agir pour avoir un impact positif sur la société et l’environnement ? Quelles incitations doivent être mises en place pour encourager les entreprises à revoir leurs modèles économiques ? Autant de questions qui ont, entre autres, permis de faire émerger à nouveau l’idée d’un « yuka de l’engagement ».
Lancé en 2017, le ChangeNOW Summit vise à soutenir celles et ceux qui inventent de nouvelles solutions pour répondre concrètement aux enjeux sociaux et environnementaux. Pour sa troisième édition, il a investi la Nef du Grand Palais du 30 janvier au 1er février 2020. Conçu sur le modèle des Expositions universelles, l’événement avait cette année pour thème « Heroes of change ».
Convaincue que « l’entreprise a un rôle déterminant : puisqu’elle fait partie du problème, elle peut faire partie de la solution », Amélie Blanckaert, la fondatrice de l’agence de conseil en communication Coup de plume, a animé une table ronde sur le thème de l’entreprise engagée. Il s’agit pour elle d’ « une entreprise qui pense à l'avenir et qui a un impact positif sur l'environnement et la société ». Mais si les raisons de s’engager pour une entreprise semblent plutôt évidentes, et que cet engagement représente selon Amélie Blanckaert « un levier fort de compétitivité et de rentabilité », reste à savoir comment le faire en évitant le greenwashing.
Mission, raison d’être, lutte contre le réchauffement climatique...
Après l’adoption de la loi Pacte, plusieurs entreprises n’ont pas attendu la publication des décrets pour se déclarer société à mission. De plus en plus d’entreprises se sont aussi dotées d’une raison d’être. C’est le cas du groupe Les Échos-Le Parisien. Pierre Louette, son PDG, a profité du rassemblement pour dévoiler la formulation choisie : « favoriser l’émergence d’une nouvelle société responsable en informant, mobilisant et accompagnant les citoyens et les entreprises ».
Et Antoine Sire, directeur de l’engagement d’entreprise de BNP Paribas, d’expliquer combien « l’engagement est au cœur de la transformation » du groupe, « notamment par le désinvestissement dans les industries du tabac, du gaz de schiste et du charbon ». Dans le même temps, BNP Paribas finance « des causes d’intérêt général » et a annoncé la création d’un fonds commun d'investissement dédié à des projets sociaux.
Marie-Claude Dupuis, directrice stratégie, innovation et développement de la RATP, a elle mis en avant un engagement « sur tous les fronts » de l’établissement public. Il s’est notamment engagé à diviser par deux ses émissions de gaz à effets de serre entre 2015 et 2025, et va signer son premier Power purchase agreement (PPA) pour soutenir le développement d’énergies renouvelables. La RATP a également un volet d’engagement social : elle consacre par exemple sept millions d’euros par an à la prise en charge des SDF présents dans les métros et leur orientation vers des lieux d’accueil.
« 10% pour tout changer »
Pour inciter les entreprises à s’engager concrètement, l’agence de notation sociale et environnementale Vigeo Eiris va rendre publiques certaines notes extra-financières des grandes entreprises d’ici quelques semaines. Des « données issues des reportings des entreprises », a expliqué Sabine Lochmann, la directrice générale de Vigeo Eiris. Ces notes seront également transmises aux Échos pour qu’il puisse établir des classements des entreprises les plus engagées.
Le gouvernement souhaite être en première ligne pour encourager les entreprises à s’engager, a expliqué Christophe Itier en citant pour preuve le travail de la coalition « 10% pour tout changer » : « Nous avons un double rôle en tant qu’État : il s’agit de fixer un cap et d’être ambitieux, et en même temps d'accompagner chacun dans son cheminement de manière bienveillante et pragmatique. »
Fustigeant une jungle de labels environnementaux en France, le Haut-Commissaire a de nouveau plaidé pour la mise en place d’un « Yuka de l’engagement », du nom de l’application permettant aux consommateurs de disposer d’évaluations sur des produits de consommation courante. Le dispositif serait-il différent de Moralscore, un site qui note les entreprises en fonction de critères éthiques ? Si Christophe Itier n’a pas détaillé sa proposition, cette dernière rappelle en effet que pour les entreprises, il ne suffit pas de prendre des engagements, encore faut-il qu’ils soient vérifiés et visibles.