Baromètre des générosités, défiscalisation des dons à 75 %, température record en Sibérie... La revue de presse du 25 juin
Philanthropie, climat, réforme fiscale sur le don… Que fallait-il retenir de l'actualité de l'engagement cette semaine ? Voici les articles que la rédaction de Carenews a sélectionnés pour vous.
La Fondation Ford vient d'annoncer son entrée sur les marchés financiers. L’objectif est de mettre en vente des « obligations à vocation sociale » (social bonds) à hauteur de 1 milliard de dollars, montant qui sera ensuite utilisé pour subventionner des associations. Cette initiative sans précédent fait de la fondation, selon ses propres mots rapportés par Les Échos, la première de l’histoire « à offrir une obligation à vocation sociale labellisée sur le marché américain des obligations d'entreprises imposables ».
Basée à New York, la Fondation Ford agit comme une sorte de holding en subventionnant chaque année des centaines d'associations caritatives ou d'organisations culturelles. L'opération sera réalisée par Wells Fargo Securities et par Morgan Stanley. Pour cette émission, la fondation Ford bénéficie d'une notation aaa/AAA par Moody's et S&P.
Chaque année, le syndicat des associations et des fondations France Générosités rend public son Baromètre de la générosité, ensemble de statistiques-clés portant sur les dons reçus par ses 46 associations et fondations membres. Les résultats de l’édition 2019, révélés mardi, dressent un bilan mitigé : le montant total des dons aux associations a « augmenté en 2019 de 3,5 % après une baisse de 4,8 % en 2018 »... ce qui le fait donc revenir au niveau de 2016. Le baromètre révèle également qu’« entre 2009 et 2019, le nombre de donateurs a fléchi de 15 % ». Parmi les évolutions des pratiques, la progression des dons en ligne, dont le montant total a augmenté de 16 % par rapport à l’année précédente. Quant à l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la générosité des Français·e·s, il faudra attendre encore quelques mois avant d’y voir plus clair.
Les organisations de défense de l'environnement ont particulièrement bénéficié de cet élan de solidarité. La générosité est fortement concentrée en fin d'année : 40,3 % du montant total des dons ont été effectués lors du dernier trimestre et près d'un quart (22,5 %) au cours du mois de décembre.
La ville de Yiwu, dans l'est de la Chine, lance un programme pilote permettant à ses habitant·e·s de vérifier, avant de se marier, si leur partenaire a des antécédents de condamnation pour des faits de violence domestique. La banque de données sera accessible dès le 1er juillet, sous certaines conditions : fournir sa pièce d’identité, celle de son ou sa partenaire, ainsi que le formulaire de demande de mariage du bureau de l’état civil. Un accord de confidentialité devra également être signé, et chaque individu ne pourra effectuer des recherches dans la base de données que deux fois par an. The Guardian souligne que cette base de données fait suite à une augmentation de la violence domestique lors des mesures de confinement et de quarantaine prises dans toute la Chine lors de l'épidémie de Covid-19.
L'initiative de Yiwu pourrait être limitée par le fait que de nombreux cas de violence domestique ne sont pas signalés et que ceux qui le sont sont souvent rejetés par les tribunaux. La police est également souvent réticente à enregistrer de telles plaintes.
La hausse de 3,5 % du montant des dons en 2019 par rapport à l’année précédente ne suffit pour l’instant pas à contrer une tendance baissière plus générale. En cause selon France Générosités, « les nombreuses réformes fiscales successives, de la transformation de l’ISF en IFI à la hausse de la CSG ». Pour redonner un élan au secteur, le syndicat vient de formuler trois propositions de mesures au gouvernement. L’une d’elles, la défiscalisation des dons à hauteur de 75 % (plutôt que 66 % dans la plupart des cas actuels) vient d’être reprise par une quarantaine de députés de la majorité. Le HuffPost rappelle qu’une telle disposition avait déjà été exceptionnellement mise en place il y a près d’un an, pour soutenir la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Concrètement, il serait possible de déduire de vos impôts 75 % du montant versé aux associations, dans la limite de 1000 euros. Soit presque 10 points de plus que les 66 % prévus d’ordinaire. Si leur texte est adopté, ce mardi à l’Assemblée nationale, cette période exceptionnelle s’étendra du 1er juin au 31 décembre.
La revue Le 1 donne cette semaine la parole à Axelle Davezac. Interrogée par Éric Fottorino, la directrice générale de la Fondation de France nous aide à mieux comprendre l'écosystème du don en rappelant que « la générosité en France, c’est 7,5 milliards d’euros » et que « 40 % des sommes données viennent du monde de l’entreprise ». Selon l’ancienne directrice générale de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, la différence entre les modèles philanthropiques nord-américain et français se résume principalement aux règles de gouvernance : « un philanthrope américain peut décider d’être seul maître à bord et choisir les actions d’intérêt général qu’il veut mener », tandis qu’en France, « les fondations reconnues d’utilité publique [...] ont une gouvernance très encadrée et basée sur le principe de la collégialité et de l’équilibre des pouvoirs ». Et nous partage quelques exemples d’élans de générosité qui l’ont marquée ces dernières années.
Contrairement aux idées reçues, plus de 96 % des entreprises mécènes sont des TPE-PME. C’est très impressionnant. Ce phénomène s’est beaucoup développé depuis une dizaine d’années, avec des entreprises conscientes qu’elles ont un rôle à jouer pour la collectivité.
Le Parisien révèle en exclusivité les résultats d’une étude menée par l'institut BVA pour Greenpeace France. Parmi les opinions exprimées, 88 % des 1003 personnes interrogées « souhaitent que les responsables politiques obligent les entreprises à émettre moins de gaz à effet de serre ». Une opinion marquée, qui selon l’ONG, contraste pourtant fortement avec les décisions économiques prises par le gouvernement pour sortir de la crise induite par l’épidémie.
23 milliards d'euros ont été débloqués en soutien aux secteurs automobile et aéronautique, sans remettre en cause leur modèle de développement. Aucune réduction sérieuse du trafic aérien, aucune limitation du nombre de voitures sur les routes, ni aucune mesure pour soutenir le secteur ferroviaire, alternative indispensable à développer, n'ont été annoncées. (Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France)
Un record de température de 38°C a été enregistré à Verkhoïansk, station météo située à environ 4 660 km au nord-est de Moscou. Le Monde rapporte les propos de météorologues assurant qu’il s’agit de « la température la plus élevée jamais observée au nord du cercle polaire arctique ». Ce n’est toutefois pas la première fois que des températures caniculaires sont observées en Sibérie : de violents incendies ont déjà ravagé des millions d’hectares de forêt de la région. Il reste que de tels événements caniculaires, dans la mesure où ils étaient « plutôt attendus autour de 2100 dans le scénario actuel », viennent donner du poids aux prévisions climatiques les plus pessimistes.
À ce rythme, la glace pourrait avoir disparu, en été, en Arctique, dès les années 2030. Cette fonte est si importante qu’elle représenterait, à elle seule une part importante (30 %) de l’élévation du niveau des océans, à l’échelle mondiale.
Axelle Playoust-Braure