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Par Carenews PRO - Publié le 29 mars 2021 - 08:00 - Mise à jour le 29 mars 2021 - 08:00
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Corée du Sud : une générosité ancrée et de grands donateurs émergents

Dans une Asie de l’Est qui continue de monter en puissance sur le plan économique, les habitudes de générosité et les modèles philanthropiques restent cependant mal connus. Et pourtant, certains pays, même de petite taille, ont développé une culture du don originale. Exemple ce mois-ci avec la Corée du Sud.

Corée du Sud : de grands donateurs émergents. Crédit : iStock
Corée du Sud : de grands donateurs émergents. Crédit : iStock

 

La semaine dernière, deux milliardaires coréens annonçaient rejoindre le Giving Pledge créé par Bill Gates et Warren Buffet. Mais qu'en est-il réellement de la générosité au « pays du matin calme » ?

 

Une histoire démocratique récente

En premier lieu, il faut dire que la démocratie et l'existence d'une société civile constituée sont des choses relativement récentes en Corée du Sud. Ce pays de 100 000 km2, peuplé de 51 millions d'habitants a longtemps été sous domination étrangère. En effet, la péninsule est colonisée par le Japon en 1910, à celle-ci va suivre la Seconde Guerre mondiale et l’occupation de la péninsule par les troupes américaines. A leur départ, c’est un régime autoritaire qui se met en place et ce n'est qu'à partir des années 80 que la situation évolue lentement et que les Coréens peuvent enfin renouer avec une tradition philanthropique auparavant bien établie. 

 

Un cadre légal encourageant

Dès le début du 21e siècle, la jeune démocratie coréenne va se doter des outils légaux et fiscaux adéquats pour encourager la création d'une société civile et une culture philanthropique vigoureuse. Et cette vigueur ne va pas se démentir avec le temps : en 2 000, les dons réalisés par les individus et les entreprises représentaient six trilliards de wons.  Puis onze en 2013, 13 en 2015 pour approcher des 14 trilliards en 2018 (dix milliards d’euros).  Cette hausse de la générosité est particulièrement bien documentée grâce à l'étude Giving Korea (menée par la Beautiful Foundation). 

 


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Un portrait robot très clair

Cette abondance de données permet de dresser un portrait assez précis du donateur sud-coréen. Plutôt âgé (55 % des plus de 60 ans donnent contre 41 % des moins de 40 ans), le plus souvent une femme (54 % des femmes donnent contre 52 % des hommes) et surtout diplômé (82 % des titulaires d'un Master déclarent donner contre 36 % pour les personnes qui n'ont pas de diplôme du supérieur).

Les Coréens donnent principalement à des organisations travaillant dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, de l'inclusion (74 %) les ONG actives à l'international (31 %) et les associations de promotion des libertés civiles (24 %). Seule ombre au tableau : la baisse continue du nombre de donateurs. Si les deux études de références affichent des chiffres extrêmement différents sur la proportion de donateurs au sein de la population coréenne, les deux s'accordent sur cette dynamique baissière. La Corée du Sud n'en reste pas moins l'un des champions de la générosité de l'est asiatique se classant 51 au World Giving Index (Japon et Chine se positionnent au-delà de la 100e place).

 

Les entreprises, fers de lance dépassés de la générosité ?

 

Les entreprises sud-coréennes sont une composante extrêmement importante de la vie quotidienne. Les trente premiers conglomérats historiques (les chaebols Samsung, Daewoo, Hyundai…) représentaient en 2008 « 15 % du PIB, 30 % du PIB manufacturier, 75 % des exportations coréennes ». Dans ce contexte, avant 1999, on retrouvait les entreprises au rang des premiers donateurs. Les changements législatifs ont depuis inversé la tendance bien que les acteurs privés continuent de contribuer pour 36,7 % des dons en 2018. Tous les chaebols ont ainsi mis en place des programmes signatures, tel le « Samsung Hope for the Children ».

Du point de vue de la fiscalité, les entreprises peuvent déduire 50 % de leurs dons de leur assiette de calcul de l'imposition. Pour les particuliers, les sommes sont déductibles dans la limite de 15 % du montant des revenus déclarés. 

 

De grands donateurs en retard

Si le don d'ampleur annoncé par deux milliardaires nous permet de mettre la générosité des Coréens à l'honneur, leur cas est cependant particulier. Il s'agit en effet de M. Kim Beom-su, fondateur de la première application de messagerie du pays (KakaoTalk) et de Mr Kim Bong-jin, fondateur d'une entreprise de livraison de repas à domicile (Woowa Brothers). Le premier a notamment annoncé sa volonté de donner la moitié de sa fortune (estimée à 10 milliards de dollars).

Mais ces deux milliardaires représentent une exception dans le paysage coréen dominé par les chaebols et les familles à leur tête. Une étude de la Beautifull Foundation a constaté que 96 % des riches coréens ont déjà fait des dons. Cependant, en excluant les extrêmes du spectre, les riches sud-coréens donnent en moyenne « seulement » 500 dollars par mois. 

Peut être l'exemple de MM. Beom-su et Bong-jin et l'arrivée d'une nouvelle génération de dirigeants feront-ils évoluer les choses ?

Dans leur article de novembre 2020, The Center on Philanthropy at The Beautiful Foundation et le Dr. Sung-Ju Kim prédisaient notamment que l'émergence de figures nationales généreuses pouvait être un élément déclencheur. A suivre.

 

William Renaut

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