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Par Carenews PRO - Publié le 28 février 2020 - 11:30 - Mise à jour le 28 février 2020 - 11:33
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Shu Zhang : « Les déchets des professionnels sont encore peu visibles »

Remplacer les emballages jetables par des bacs réutilisables dans la restauration : c’est ce que propose la jeune pousse Pandobac, incubée à Rungis. Nous avons donc rencontré sa cofondatrice Shu Zhang pour en savoir plus sur ce concept zéro déchet prometteur.

Crédit photo : Shu Zhang.
Crédit photo : Shu Zhang.

Shu Zhang a cofondé la startup Pandobac avec Roch Feuillade et Anaïs Ryterband. L'entreprise est incubée au sein de la pépinière Rungis&Co, dans le plus grand marché de gros au monde. Avec son équipe de huit salariés, elle se propose de remplacer les cartons d’emballage employés pour transporter les aliments de leurs lieux de production aux points de livraison par des bacs réutilisables. Propriétaire de ces derniers, elle se charge de les laver entre les différents trajets, avant de les renvoyer vides à ses clients grossistes. Elle met également à leur disposition des outils de suivi des bacs et de gestion des stocks grâce à une application. 

La chaîne d’approvisionnement alimentaire représente une véritable source de déchets. D’après l’ADN, restaurants et commerçants jettent quotidiennement l'équivalent de 300 000 emballages rien que dans la région Île-de-France. Depuis son lancement en août 2019, Pandobac a initié une quinzaine de grossistes à sa solution. Et preuve de la pertinence de sa proposition, Shu Zhang, sa CEO, a reçu en juin 2019 le Prix de l’Entrepreneure Responsable 2019 décerné par PWN (Professional Women’s Network) qui, depuis dix ans, récompense les femmes qui créent des entreprises à impact. 

  • Quel est le concept de Pandobac ?

Pandobac propose un service de bacs réutilisables, principalement pour le transport de marchandises alimentaires. On s’adresse aux professionnels. Par exemple, à des grossistes, des producteurs de tomates, des coopératives, qui ont des besoins de packaging pour conditionner leurs produits et pour les livrer ensuite dans des points de livraison, tels que des restaurants. 

Pour récupérer les bacs vides et les laver ensuite, nous identifions les boucles logistiques de transport existantes. Un grossiste qui livre tous les jours ses restaurants, ses clients, revient avec un camion vide dans son entrepôt de départ. Nous utilisons donc cet espace lors de son retour pour transporter les bacs. Nous avons également développé une application de suivi, qui permet de surveiller les flux, les mouvements et les stocks chez nos clients. 

  • Comment vous est venue l’idée de ces bacs réutilisables ?

Après des études d’ingénieur, j’ai passé un CAP cuisine, par passion et par goût pour la cuisine et la gastronomie. J’ai ensuite ouvert un restaurant (le Maguey) et c’est en l’exploitant que j’ai identifié cette source de production de déchets, qui est absolument énorme et purement liée aux emballages d’approvisionnement des restaurants.

  • Comment parvenez-vous à articuler le service entre les producteurs, les grossistes et les points de livraison ?

Dans un premier cas de figure, nous approchons les fournisseurs et c’est à eux, ensuite, de nous proposer une liste de restaurants qu’ils veulent livrer. Dans le deuxième cas, ce sont les restaurants qui nous contactent directement pour intervenir auprès des fournisseurs et leur proposer notre solution. Actuellement, c’est aux restaurants de se débarrasser des emballages jetables qu’ils reçoivent. Ils voient globalement d’un très bon œil notre initiative. Nous intervenons donc des deux côtés.

  • Comment avez-vous financé la création de votre entreprise ?

Nous sommes trois cofondateurs et nous avons financé l’entreprise sur la première année avec de la dette, donc des emprunts bancaires et des prêts d’honneur. Nous avons également participé à pas mal de concours et reçu des subventions qui nous ont beaucoup aidés. Et dans le mois qui arrive, nous allons finaliser une levée auprès de fonds et de business angels pour déployer plus largement la solution. 

  • Quel type de difficultés avez-vous rencontré ? 

Quand on crée une entreprise, que ce soit en économie circulaire ou pas, les difficultés concernent surtout la recherche de financements. Il faut aussi bien identifier le problème et réussir à trouver des clients qui acceptent de faire confiance à une petite entreprise. Le fait que nous nous inscrivions dans l’économie circulaire nous a quand même aidés, parce que nous avons un argument supplémentaire dans notre démarche commerciale.

Nous sommes actuellement dans une phase d’expansion. Nous recrutons et nous étudions de nouveaux marchés. Le recrutement et le financement représentent les difficultés les plus importantes.

  • Quels sont les perspectives d’expansion de votre activité ?

La levée de fonds nous permettra de développer des implantations locales ailleurs qu’à Paris. Ainsi, nous multiplierons nos prospects. Nous profitons également d’un effet boule de neige. Les clients que nous avons durement acquis au début nous apportent d’autres clients, qui constatent que notre solution fonctionne chez leurs concurrents et que les bacs réutilisables peuvent être source d’économies.

  • Quel est votre business model ?

Nous proposons à nos clients un prix fixe d’abonnement par bac et par mois, que nous déterminons au début. Le prix ne change pas, quelle que soit la fréquence à laquelle ils font tourner les bacs. Grossistes et producteurs peuvent bénéficier d’une période test de deux mois pour voir si la solution leur convient.  

  • La loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, votée le 30 janvier, aura-t-elle un impact sur votre activité ?

Dans la loi qui a été votée, rien ne nous concerne pour l’instant. Elle s’applique principalement aux déchets ménagers chez les particuliers. Les déchets professionnels, eux, sont encore  peu visibles et difficilement identifiables. Les voix qui s’élèvent pour les réduire sont donc moins nombreuses. C’est pourquoi, en parallèle de notre activité, nous agissons avec des associations et des réseaux pour tenter de faire du lobbying et communiquer sur le problème. 

  • Et comment faites-vous pour vous faire entendre ?

Nous faisons partie du Réseau Consigne et sommes présents au sein de plusieurs associations en lien avec la réutilisation des emballages et de la consigne. Nous sommes aussi membres de Rcube. Nous nous inscrivons dans une démarche de zéro déchet – nous sommes assez proches de Zero Waste France, notamment – pour inciter les gens à diminuer leurs déchets et à réutiliser au maximum leurs emballages avant de les jeter ou de les recycler. 

Propos recueillis par Audrey Parvais 

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