ESS France : Jérôme Saddier dévoile sa feuille de route de rentrée
Sécurité alimentaire, petite enfance, adaptation au changement climatique, gestion des données… Jérôme Saddier, président d’ESS France, dévoile à Carenews la feuille de route de rentrée de la Chambre Française de l'Économie Sociale et Solidaire.
Sécurité alimentaire, petite enfance, adaptation au changement climatique, gestion des données… Jérôme Saddier, président d’ESS France, dévoile à Carenews la feuille de route de rentrée de la Chambre Française de l'Économie Sociale et Solidaire.
Quelques heures avant l’ouverture de son événement de rentrée, en partenariat avec Aéma Groupe et intitulé « 10 ans après la loi ESS, développer le pouvoir transformateur de l'ESS », Jérôme Saddier a accordé ce lundi 11 septembre, une interview à Carenews pour présenter les ambitions d'ESS France pour les prochains mois.
Sécurité alimentaire
En cette rentrée, ESS France a entendu l’appel à l’aide des associations d’aide alimentaire, comme celle des Restos du Coeur et compte bien essayer d’apporter sa pierre à l’édifice pour lutter contre le fléau de la précarité. « Nous pensons pouvoir être des acteurs de la sécurité sociale alimentaire, pour que chacun puisse manger à sa faim et de manière qualitative », déclare son président.
« Nous sommes leaders de la production agricole, de la distribution commerciale, [mais aussi] dans les réseaux d’accompagnement (...) donc au-delà de ce que l’état pourra réguler, nous avons la capacité de faire des choses volontaristes sur ces sujets-là. Je propose aux acteurs de l’ESS qui sont concernés par ces chantiers, de travailler ensemble », annonce Jérôme Saddier.
« Il faut interroger les raisons qui font qu’on en est là », tient-il à souligner. « Il y a une défaillance de l’organisation de notre protection sociale » et ce sont les « politiques publiques de régulation de l’économie [ qui ] génèrent de l’inflation », dénonce-t-il. Le président de l’Agence d'ingénierie pour développer l'économie sociale et solidaire (Avise) souhaite trouver des solutions durables pour « casser » ce système afin d’éviter que l’ESS soit trop régulièrement « cantonnée à un rôle de réparation ».
Petite enfance
Le deuxième chantier sur lequel ESS France souhaite être particulièrement actif, c’est la petite enfance. « Après ce qu’il s’est passé avec le scandale Orpea, on prétend démontrer que les modèles lucratifs (...) non seulement ne sont pas pertinents, mais en plus, font du mal à l’ensemble du secteur », soutient Jérôme Saddier.
Comment compte-t-il faire ? En menant des actions pour permettre l’investissement financier au sein des structures non lucratives. Pour cela, il souhaite mettre la lumière sur leur valeur ajoutée afin d’attirer de nouveaux talents. « Un travail en réseau sur les territoires » est également prévu. Ce projet devrait mobiliser les mutuelles membres d’ESS France ainsi que la FEHAP, fédération de référence du secteur privé solidaire qui rassemble plus de 4 800 établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux.
À noter qu’une étude sur « La santé et l’ESS » devrait être publiée au printemps. L’objectif : « montrer qu’il y a des opportunités d’investissements dans la santé qui seront portées par des modèles non lucratifs, qui sont plus faiblement consommateurs de capitaux, plus conformes à des pratiques éthiques et à l’intérêt général ».
Adaptation au changement climatique
Parmi les quatre scénarios proposés à l’automne 2021 par l’Agence de la transition écologique pour arriver à la neutralité carbone en 2050, ESS France a décidé de mettre sa force de frappe sur celui dédié aux « coopérations territoriales ».
« On va travailler dessus avec l’ADEME dans les semaines et les mois qui viennent pour montrer qu’au plus proche de nos concitoyens, sur les territoires, la mise en action de manière coordonnée des acteurs de l’ESS, peut amener à favoriser l’adaptation au changement climatique », explique Jérôme Saddier. L’une des clefs de réussite de cette action selon lui c’est « l’éducation populaire » qui va permettre des changements de comportements.
Gestion des données
Dernière thématique importante pour ESS France cette année : la gestion des données dans les structures de l’économie sociale et solidaire. « La marchandisation des données personnelles dans un cadre obscur est un vrai problème stratégique (...) J’aimerais bien que les entreprises de l’ESS, celles qui gèrent beaucoup de données comme les banques et les mutuelles, puissent travailler ensemble sur ces sujets-là », déclare Jérôme Saddier. « Gérer de manière coopérative notre acceptation de l’exploitation des données (...) c’est une autre forme de répartition de la valeur », ajoute-t-il.
Leticia Farine