Affaire Orpea : les alternatives solidaires aux EHPAD privés lucratifs

Le livre « Les Fossoyeurs » de Victor Castanet a fait l’effet d’une bombe en mettant lourdement en cause le leader européen des maisons de retraite, Orpea. Il pointe du doigt le mauvais traitement de certains pensionnaires et un système de rationnement visant à augmenter la rentabilité du groupe. 

Outre le débat sur un groupe en particulier et la responsabilité des dirigeants, c’est tout un modèle de groupes privés lucratifs qui est remis en cause. D’ailleurs, le géant Korian est également dans la tourmente après l’annonce de la préparation d’une action collective le visant.

Les Ehpad à but non lucratif

Mais alors, quels autres modèles existent-ils ? En la matière, l’économie sociale et solidaire propose un contre-modèle. En effet, un certain nombre de structures EHPAD sont liées à des modèles privés non lucratifs. Ils affichent des prix généralement moins élevés que les groupes lucratifs et sont gérés par des acteurs tels que des mutuelles, des associations ou des fondations.

Le plus grand acteur est la Mutualité Française qui compte 227 Ehpad et 43 résidences autonomie. La fédération qui regroupe la majorité des mutuelles explique : « Nous ne rémunérons pas d’actionnaires, les excédents sont réinvestis au profit de nos adhérents ». La fédération accorde sa politique tarifaire à ses valeurs. Ainsi, les tarifs sont adaptés aux revenus des résidents et de leurs familles. Il faut compter en moyenne 65 euros par jour alors qu’en 2019, le prix médian en France était de 61,10 euros pour une chambre individuelle en EHPAD.

Il y a d’autres acteurs que la Mutualité Française. La Fondation Partage et Vie des Caisses d’épargne détient 92 EHPAD. Le Groupe SOS en détient 69. 

L’ESS à la pointe des nouvelles formes d’hébergement 

L’économie sociale et solidaire est un formidable lieu de réflexion pour inventer de nouveaux modèles de prise en charge du vieil âge. Elle soutient largement le développement de résidences autonomie, résidences services, qui permettent à des personnes âgées de rester autonomes dans des logements qui leur sont propres.

Une expérience coopérative de ce type d’habitat a été menée dans le Rhône. Fondée en 2012, la coopérative Chamarel-les-Barges réunit 18 habitants âgés de plus de 60 ans. Chacun d’eux possède des parts sociales et participe aux décisions communautaires. Le bâtiment est adapté au vieil âge et permet de vivre entouré, dans un cadre agréable.

L’habitat partagé peut également être une bonne alternative à la maison de retraite. Des structures de l’ESS proposent en effet ce type de solution. Domani, entreprise agréée ESUS, propose des lieux d’habitation, chacun pour sept ou huit seniors. Ce mode d’habitat est, grâce à la mutualisation des coûts notamment de soins, moins chers qu’en EHPAD. Ce modèle, souvent lié à des structures de l’ESS, connaît une forte accélération ces dernières années.

Pourquoi ne pas opter pour l’habitat intergénérationnel ?

Enfin, le petit dernier, c’est l’habitat intergénérationnel. Il permet à des personnes à faibles revenus de trouver une solution économique et chaleureuse. L’association Le Pari Solidaire du Groupe SOS propose à des jeunes de moins de 30 ans de vivre chez une personne âgée en échange de compagnie et de présence le soir. Le Pari Solidaire invite à d’autres formes d’expériences intergénérationnelles. Les Voisins du Coeur en résidences autonomies et séniors permet de loger des jeunes dans des résidences et en échange, des activités sont proposées aux résidents. 

Théo Nepipvoda