« Souvent, l’IA est utilisée dans l’ombre. Il convient de l’intégrer aux process des associations » selon Pierre-Marie Boutet
Lors du dernier Forum national des associations et des fondations, Pierre-Marie Boutet, Data & AI Non-profit Industry Advisor chez Salesforce, célèbre éditeur de logiciels, s’est exprimé au micro des Échos pour discuter de l’arrivée de l’intelligence artificielle au sein du secteur de l’intérêt général. Retour sur son intervention.

Un parcours marqué par les données
Pierre-Marie Boutet se décrit comme un « évangéliste des questions de données et d’IA pour le secteur non lucratif ». Il a dédié sa carrière, notamment en tant qu’entrepreneur avant de rejoindre Salesforce, à sensibiliser les associations à l’importance d’être « data-driven », c’est-à-dire de s’appuyer sur les données pour orienter son activité.
« Cela leur permet d’agir plus efficacement et de consacrer leur travail non pas à gérer des dimensions pratico-pratiques, comme la gestion de bénéficiaires par exemple, mais vraiment de se consacrer à leur métier, » explique-t-il.
Compte tenu de l’essor des outils d’intelligence artificielle et de leur fort impact sur les organisations, il estime que « l’enjeu aujourd’hui, c’est de se saisir des nouvelles technologies pour être capable, de manière instantanée, de faire faire à l’informatique, à l’intelligence artificielle, ce qu’on prenait avant des heures à faire. »
Un accès facilité aux technologies d’IA
Afin de faciliter l’accès à ces outils, Salesforce a développé de nombreuses solutions. Les logiciels produits intègrent notamment les LLM, ou large language models dont ChatGPT est l’illustration la plus connue. L’objectif ? Faire bénéficier les associations d’outils de pointe qui permettent de gagner du temps et grandir en efficacité, sans que des barrières techniques les bloquent.
« Dans tout projet de transformation et d’accompagnement du changement, 95 % de la problématique n’est pas liée à la technologie », rappelle Pierre-Marie Boutet.
« L’essentiel, ce sont des questions d’acculturation, de compréhension des enjeux. Les technologies, nous, on s’est occupé de les rendre simples et accessibles. On s’est également chargé de les sécuriser. Maintenant, une grande partie du travail est d’expliquer aux associations que c’est faisable. »
Un virage incontournable à préparer
L’IA et les données sont au cœur de toutes les discussions. Les acteurs du secteur sont prêts à accompagner tous les nouveaux utilisateurs vers un usage optimisé.
« L’IA est là. Les associations l’utilisent pour l’instant peut-être à titre privé, mais elle est désormais là, à l’intérieur des organisations », dit Pierre-Marie Boutet. « J’incite beaucoup les associations à aller discuter avec leurs équipes parce que souvent, l’utilisation de l’IA est faite un peu dans l’ombre. Il convient d’aller découvrir ces pratiques, et les intégrer aux process de la structure. »
Pour franchir ce stade de l’usage marginal a une vision stratégique, Pierre-Marie Boutet a identifié plusieurs besoins. « Dans un premier temps, les associations et entreprises de l’ESS ont besoin de formation. On a, par exemple, une plateforme d’e-learning qui s’appelle Trailhead. Il faut être curieux et aller chercher des contenus. C’est beaucoup plus facile que ce qu’on croit. »
Ensuite, le travail s’organise autour d’un élément clé : la data. « La donnée reste l’élément déterminant et celui à partir duquel on va vraiment pouvoir opérer », conclut Pierre-Marie Boutet. « Il faut que les associations les collectent et les structurent et c’est sur cette base-là qu’elles vont vraiment pouvoir tirer profit de l’IA. »