Aller au contenu principal
Par Soqo* - Publié le 27 octobre 2025 - 11:53 - Mise à jour le 27 octobre 2025 - 12:03
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Produrable 2025 : 5 enseignements clés selon Soqo*

Les 9 et 10 octobre derniers, nous étions au Palais des Congrès de Paris pour assister au RDV incontournable des acteurs de la transition écologique et sociale : Produrable. L’occasion de prendre le pouls des initiatives durables, de confronter nos pratiques et de nourrir notre réflexion sur les projets que nous accompagnons. Deux jours d’écoute et de dialogues nourris ont livré des enseignements à la fois évidents dans leur logique et complexes dans leur mise en œuvre. Des vérités que l’on connaît, mais que l’on oublie parfois dans le tumulte de l’action. Des vérités qui rappellent combien il est difficile (mais nécessaire) de passer de la conscience à l’action, que l’on soit entreprise, association ou acteur public.

La team Soqo sur le salon Produrable 2025.

1. L’émotion comme moteur de l’engagement

La table ronde Avons-nous oublié les émotions dans la communication RSE ? a mis en lumière un constat frappant : les chiffres et le rationnel ne suffisent pas à engager. La majorité des communications RSE restent logiques et chiffrées, mais les individus passent à l’action surtout lorsqu’ils sont touchés émotionnellement.

  • Seulement 32 % des Français estiment pouvoir faire davantage pour protéger l’environnement.*
  • Le GEICO (Groupe International d’Experts sur les Changements de Comportement) préconise de cesser de considérer les publics comme purement rationnels et de redonner toute sa place à l’émotion.

 

Cette idée a trouvé un écho particulier dans la conférence “Réenchanter la communication face aux consommateurs engagés”, où plusieurs voix se sont rejointes pour appeler à un changement de ton.

Valérie Martin (ADEME) a rappelé que la société française est déjà largement sensibilisée aux enjeux de sobriété — 8 Français sur 10 reconnaissent qu’ils devront modifier leur mode de vie — mais que les messages sont souvent trop abstraits ou moralisateurs pour susciter l’action.

De son côté, Rodolphe Landemaine (Maison Landemaine et Land & Monkeys) a insisté sur l’importance de lier le discours à l’action, en incarnant ses valeurs dans des initiatives concrètes. Son engagement pour une alimentation plus végétale et la création d’un fonds de dotation dédié à la préservation du vivant illustrent cette cohérence entre parole et impact.

Les intervenants l’ont souligné : réenchanter la communication, c’est inspirer sans culpabiliser, raconter des histoires vraies, porteuses de sens et d’émotions positives.

*Source : Pratiques environnementales des Français en 2024, SDES


2. La coopération : un levier incontournable

Un point récurrent de Produrable 2025 est que la transition durable ne peut se faire en solitaire. François Bonnet (Directeur général adjoint de l’ONF - Office National des Forêts) insiste : les crises se surmontent par la coopération, à travers la recherche scientifique, l’ouverture de la société civile et la concertation territoriale. Philippe Bihouix (Directeur général de l’AREP) renchérit : “L’humain n’est pas innovateur par nature, mais coopérateur”. Même dans le secteur privé, Isabelle Spiegel (Directrice de l’environnement chez Vinci) souligne qu’un portefeuille de projets diversifiés permet de compenser économiquement certaines opérations plus exigeantes.

Ces principes sont directement observables dans les projets que nous pilotons. La réussite de nos initiatives dépend de l’alliance entre associations et entreprises, de la mobilisation des acteurs locaux et de la capacité à coordonner des expertises complémentaires. Les progrès réels se construisent sur la collaboration, le partage des données et l’engagement des parties prenantes, illustrant qu’une vision collective est plus efficace qu’une action isolée.


3. Préserver nos ressources : sobriété, circularité et transmission

Lors de la table ronde Héritage en péril : protéger nos ressources pour les générations futures, les intervenants ont rappelé que l’avenir dépend des décisions que nous prenons aujourd’hui, et que la sobriété, la circularité et la transmission des savoirs sont au cœur des enjeux.

  • Catherine Lagneau (Présidente-directrice générale du BRGM - Bureau de Recherches Géologiques et Minières) a insisté sur l’importance des ressources du sol, en particulier l’eau : 2/3 de notre eau potable proviennent du sous-sol, où finissent aussi les pollutions (PFAS, pesticides).
  • François Bonnet (ONF) a souligné la fragilité de la forêt, patrimoine essentiel, confrontée au changement climatique et à la mortalité accrue des arbres.
  • Isabelle Spiegel (Vinci) a rappelé que le secteur du bâtiment et de la construction consomme 40 à 50 % des ressources extraites de la Terre, et que la circularité des matériaux reste un enjeu majeur.
  • Philippe Bihouix (AREP) a différencié les ressources des puits, montrant que les milliards de tonnes extraites créent des molécules polluantes et que la refabrication et la sobriété systémique sont des leviers indispensables.

 

Des solutions concrètes ont été partagées : transformer des carrières en sites de recyclage, développer le monitoring continu des forêts, expérimenter de nouvelles méthodes d’extraction et renforcer la réutilisation de matériaux bruts. Comme le rappelle Isabelle Spiegel : “Il faut rendre le recyclé désirable et accepté”, ce qui nécessite à la fois innovation technique et pédagogie.

Ces enseignements résonnent avec les projets que nous accompagnons : nous voyons quotidiennement comment la sobriété et la circularité peuvent être mises en œuvre de manière concrète et créative dans des actions locales ou des événements responsables. Transformer l’impact des entreprises et mobiliser les associations passe par cette même volonté de réduire, réutiliser et valoriser l’existant.


4. Faire face aux tensions et au backlash RSE

Le débat sur le backlash RSE a montré que la durabilité reste une priorité malgré les crises économiques et les tensions politiques. Nils Pedersen (ONU) rappelle : “Le véritable facteur d’instabilité reste la crise économique. Pourtant, les citoyens demeurent attachés à ces enjeux : 80 % des Européens estiment que le développement durable doit rester une priorité.”

  • Seulement 35 % des Objectifs de Développement Durable sont sur la bonne voie, et 18 % régressent, notamment sur la pauvreté.*
  • Les entreprises utilisent la RSE comme un outil stratégique de compétitivité, pour protéger la valeur et créer des opportunités.
  • Virginie Catin (Directrice RSE - Legrand) illustre la pression : au sein de leur entreprise, certains piliers RSE comme la diversité ont dû être renommés selon les contextes culturels (aux États-Unis par exemple), mais la démarche perdure.
  • Fabrice Bonnifet (Président du C3D - Collège des Directeurs du Développement Durable) rappelle l’urgence de passer d’une économie linéaire à une économie régénérative, où chaque initiative doit avoir un impact positif sur la société et l’environnement, plutôt que de simplement limiter les dommages.

 

Pour les projets que nous accompagnons, ce constat est éclairant : il ne suffit pas de lancer des initiatives, il faut les intégrer dans la durée et les adapter aux contextes économiques et sociaux. L’engagement RSE devient ainsi un levier d’innovation et de résilience, capable de générer de la valeur réelle pour les entreprises et pour la société, et non simplement une contrainte réglementaire.

*Source : Rapport ODD 2025


5. IA et transition écologique : humanité et intentionnalité

Enfin, la table ronde Comment l’IA va transformer nos organisations et la RSE a ouvert des perspectives intéressantes. L’IA peut améliorer la performance RSE, piloter la décarbonation et faciliter le suivi des initiatives. Mais Marlène de Bank (Ingénieure de projet numérique & experte spatial - The Shift Project) rappelle que les centres de données ont un impact climatique majeur, équivalent à deux fois les émissions de la France d’ici 2035.

Muriel Pénicaud (Administratrice d’entreprises & ancienne Ministre du Travail) résume le défi : “Le lien humain soigne, l’IA améliore et transforme, mais l’intelligence émotionnelle, créative et pratique reste irremplaçable.” Laurent Félix ajoute : il faut réfléchir à ce que l’IA doit faire, et non simplement à ce qu’elle peut faire.

Dans notre pratique, cela se traduit par une utilisation raisonnée de la technologie pour amplifier l’impact des projets, tout en plaçant l’humain au centre de la démarche. Les solutions techniques ne remplacent jamais la mobilisation des acteurs locaux, la créativité et la pédagogie sur le terrain.


Conclusion : cinq leviers pour la transition durable

Produrable 2025 a donc mis en lumière 5 piliers essentiels pour repenser et renforcer la transition écologique :

  1. Préserver et valoriser les ressources pour agir sur le long terme.
  2. Coopérer et créer des synergies entre acteurs pour maximiser l’impact.
  3. Mobiliser par l’émotion pour transformer le savoir en action.
  4. Faire face aux tensions et utiliser les contraintes comme levier d’innovation.
  5. Allier intelligence humaine et IA pour renforcer la performance sans perdre le sens.

Ces enseignements nourrissent chaque projet et événement que nous accompagnons chez Soqo*, convaincus que l’impact réel se construit avec et pour les acteurs de terrain, et que la transition durable ne peut se limiter à des discours : elle doit se traduire en actions concrètes, collectives et désirables.

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer