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Par TPSF - Travaux Publics Sans Frontières - Publié le 3 août 2021 - 10:00 - Mise à jour le 4 août 2021 - 14:54
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Le développement endogène

"On ne développe pas, on se développe" Joseph Ki-Zerbo

Cette phrase de Joseph Ki-Zerbo traduit de manière précise la vision du développement de TPSF, au point que nous en avons fait le slogan phare de notre philosophie. En effet, depuis sa création TPSF s'est attelé à se détacher de la vision paternaliste du développement qui consiste à se voir comme le "Messie" qui va apporter le développement dans les pays et les communautés qui accusent des lacunes fondamentales de développement dans tous les domaines de leur vie quotidienne. Vision qui pousse trop souvent à passer outre aux aspirations et motivations des populations locales, voire même à leur assentiment, et à ne pas utiliser les ressources locales dans la recherche de solutions aux problèmes que les acteurs de la solidarité internationale cherchent à résoudre. Cette vision conduit généralement à une carence en appropriation des projets par les populations et les autorités locales, ce qui conduit presque toujours vers une absence de durabilité des solutions apportées de l'extérieur. Conscient des lacunes de la vision paternaliste du développement, TPSF se présente comme partisan et défenseur du développement endogène et durable. 

 

C'est quoi le développement endogène ? 

Pour les économistes, le développement endogène est d'abord une conception du développement. C'est avant tout une approche territoriale du développement plutôt qu'une théorie de la croissance. Cette approche du développement est en totale rupture avec la théorie de la base car ce n'est plus une demande externe qui définit la croissance mais des besoins internes à la zone considérée. On parlera désormais de besoins de base. 

Pour John Friedmann, pionnier des sciences régionales qui a suivi l’évolution des grandes approches du développement international depuis leurs émergences dans les années 50 jusqu’au début des années 2000, c’est l’inscription territoriale des besoins fondamentaux. Il a trois caractères essentiels : il est territorial, communautaire et démocratique. C’est à la communauté de décider de l’usage de ses ressources.

Le développement endogène, serait ainsi, « l’expression de la foi dans l’aptitude d’un peuple à progresser dans la direction qu’il a choisie ». Seule la communauté peut garantir la couverture des besoins essentiels. On trouve dans ces lignes un certain nombre de mots-clés concernant le concept de développement endogène tels que :

  • développement territorial ; rappelons que pour les approches habituelles du développement, c’est l’entreprise qui est l’agent majeur : elle plie l’espace à ses besoins. L’espace pour elle est la réunion d’un certain nombre de caractères techniques, un ensemble d’inputs localisés. Mais l’espace est un élément qui dépasse la somme de ses composantes : des valeurs communes et des possibilités d’interaction qui créent des effets de synergie.
  • besoins essentiels ou fondamentaux ; si l’inventeur de cette notion est F. Perroux qui parlait déjà des « coûts de l’homme » dans les années 60, l’idée de besoins fondamentaux a été reprise dans les années 70 par Paul Streeten, puis par d’autres par la suite lorsqu’il s’est agi de définir le développement non plus en termes quantitatifs, mais en relation avec les besoins de la population. Le développement serait alors d’abord la capacité de nourrir, loger, vêtir, éduquer, employer toute la population et non pas uniquement celle d’accroître le chiffre du revenu monétaire moyen.

Ainsi, cette approche inscrit le développement sur la valorisation des ressources locales, il prend en compte les aspects sociaux, culturels, techniques, agricoles etc. Il s’agit en quelque sorte, pour la population locale, de prendre le contrôle local de la vie économique locale.

Une gestion réfléchie des richesses locales ne peut venir que de la communauté locale elle-même, c’est donc elle qui devra initier et orienter cette gestion.

La dérégulation, la décentralisation des pouvoirs, l'association de structures coopératives ou associatives aux décisions à caractère local sont une condition indispensable à un tel développement. 
Aydalot 1985 

Le développement endogène comme valeur chez TPSF 

Chez TPSF le développement endogène n’est pas qu’un slogan, mais fait partie de l’ADN de l’organisation, il fait partie de nos valeurs. Ainsi, nous pouvons lire dans la présentation des valeurs de TPSF au niveau du plan stratégique 2021-2026 : « TPSF s’efforce de s’appuyer au maximum sur les ressources locales, notamment les ressources humaines pour répondre aux besoins des communautés. En ce sens, l’organisation n’impose pas une vision toute faite du développement, mais se propose plutôt d’accompagner les communautés dans leurs efforts de développement.”

Le développement endogène n’est pas seulement une des valeurs de TPSF, c’est aussi le fondement des autres valeurs de l’organisation comme l’alignement, l’autonomisation, l’appropriation ou encore la satisfaction des besoins des bénéficiaires. Un ensemble de valeurs qui traduit clairement la philosophie et la vision de TPSF et qui la guide dans sa relation avec les communautés avec qui elle travaille.

 

Le développement endogène comme fondement de la méthodologie de travail de TPSF 

Notre attachement au développement endogène et aux autres valeurs découlant de ce dernier constitue la fondation de notre fonctionnement et de notre méthodologie de travail avec les communautés. En effet, depuis sa création en 2015, TPSF n’a jamais lancé un projet pour résoudre un problème ou satisfaire un besoin que son staff a identifié lui-même.

L’ensemble des projets de notre portefeuille ont été élaborés à la suite d’une sollicitation faite par des acteurs locaux, associations ou collectivités locales, pour répondre à des problématiques qu’ils ont eux-mêmes identifiées. C’est seulement quand nous sommes sollicités par des acteurs locaux que nous leur apportons notre expertise technique et organisationnelle afin de bien cerner le problème, ses causes et ses conséquences, et d’identifier les solutions adéquates prenant en compte les ressources humaines, matérielles et financières dont dispose la communauté mais aussi les us et coutumes de cette dernière.

Par conséquent, TPSF agit en premier lieu comme un cabinet conseil qui met à disposition des communautés un ensemble de compétences et de matériels dont elles ne disposent pas pour les accompagner dans leurs efforts pour améliorer leur bien-être.

Si nous misons beaucoup sur la participation des acteurs locaux dans l’identification des besoins et problèmes réels de leur communauté, nous le faisons encore plus quand il s’agit de déterminer la solution adéquate et de planifier sa mise en œuvre.

En effet, les solutions que nous proposons ne tombent pas du ciel, généralement, dans la mesure du possible, nous nous inspirons des tentatives déjà réalisées dans les communautés en prenant le soin de déterminer la ou les causes des échecs desdites tentatives. Cela nous permet de ne pas répéter les mêmes erreurs en voulant imposer une solution toute faite qui ne prend pas en compte les spécificités des communautés.

De plus, nous nous efforçons de toujours prendre en compte les contributions des acteurs locaux, nous les incitons à contribuer de quelque manière que ce soit, à la mise en œuvre des solutions identifiées et de valoriser les apports locaux dans le budget des projets.

Le transfert de compétences techniques et administratives en matière de travaux publics et de gestion de cycle de projets de notre équipe vers les acteurs locaux, notamment les collectivités locales, et la participation des populations locales à la mise en œuvre et à la gouvernance des ouvrages pendant et après le projet sont aussi des piliers de notre méthodologie de travail.

 

Pourquoi le choix de développement endogène comme ligne de conduite chez TPSF ?

En dehors des raisons avancées par les économistes cités plus haut, nous avons identifié un ensemble d’autres facteurs qui justifient ce positionnement. En effet, chez TPSF nous respectons le droit à l’autodétermination des peuples et surtout la dignité humaine. Ainsi nous sommes convaincus que le développement doit être fait par et pour les populations concernées ce qui signifie que ce dernier doit surtout s’aligner sur la satisfaction des besoins des populations locales et améliorer leur bien-être.

De plus, pour nous le passé historique commun entre les pays développés et les pays en développement, notamment les pays de l’Afrique subsaharienne, fait que souvent les actions de solidarités internationales peuvent être perçues d’un mauvais œil par les populations locales quand ces dernières sont exclues ou très peu impliquées dans lesdites actions, ce qui conduit à un rejet de ces dernières même si elles sont pertinentes.

Ainsi, pour nous assurer de l’appropriation de nos actions par les populations locales nous les impliquons dans toutes les phases de nos projets depuis l’identification des problèmes jusqu’à la gouvernance post projet.

Enfin, de notre point de vue, s’appuyer sur les ressources et les populations locales, depuis le début de nos projets, est le meilleur moyen pour assurer la pérennité de nos actions mais aussi de permettre aux communautés avec lesquelles nous travaillons de pouvoir résoudre sur le long terme des problèmes similaires, soit de devenir autonome.  

 

Luckens Jean Evens THEROSMY
MSc Economie du développement
Chargé de mission chez TPSF
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