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Par AXAFrance - Publié le 7 mars 2024 - 16:17 - Mise à jour le 7 mars 2024 - 16:45
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Anne-Cécile Mailfert (Fondation des femmes) : « La cause des droits des femmes exige de lutter sans jamais relâcher son attention »

La Journée internationale des droits des femmes a cette année en France une résonance particulière, du fait de l’entrée de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Un moment d’autant plus historique que nous sommes le premier pays au monde à le faire. Cette Journée marque aussi le huitième anniversaire de la Fondation des femmes, créée le 5 mars 2016, et soutenue par AXA depuis 2018. Une double occasion d’échanger avec Anne-Cécile Mailfert, sa présidente fondatrice, sur son parcours, le chemin parcouru et celui restant à parcourir. Conversation.

Anne-Cécile Mailfert (Fondation des femmes) : « La cause des droits des femmes exige de lutter sans jamais relâcher son attention ». Crédit photo : DR.
Anne-Cécile Mailfert (Fondation des femmes) : « La cause des droits des femmes exige de lutter sans jamais relâcher son attention ». Crédit photo : DR.
  • Quelle est l’histoire de votre engagement en faveur des femmes ?

 

Anne-Cécile Mailfert : J’ai toujours été sensible à l’injustice et révoltée par les inégalités, notamment les inégalités de genre, qui s’exercent dans l’immense majorité des cas au détriment des femmes. Cet état d’esprit un peu rebelle m’a naturellement – et très vite – menée au militantisme. J’ai commencé ma vie militante au sein de l’association « Mouvement du Nid » auprès de femmes en situation de grande précarité et de prostitution, victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques et économiques. J’ai ensuite été déléguée générale de BlueEnergy, une organisation non gouvernementale de promotion des énergies renouvelables jusqu'en 2011. La question des droits des femmes me touche particulièrement. Toute petite, je contestais volontiers les règles qui me semblaient absurdes comme « le masculin l’emporte sur le féminin ». J’étais une féministe en devenir ! Au fil des ans, je me suis engagée pour changer le modèle de domination des hommes sur les femmes. J’entends apporter ma pierre à la lutte pour que nos filles ne subissent pas le même système centré sur les hommes. Je suis donc devenue porte-parole, en 2012, puis présidente d’Osez le féminisme. 

« En matière de droits des femmes, un retour en arrière est malheureusement toujours possible. »

  • Quel a été le déclic pour créer la Fondation des femmes ?

 

En militant au sein d’Osez le féminisme, j’ai constaté que sans moyens financiers, nous étions limitées dans les actions que nous menions. Sur le sujet, pourtant essentiel, des violences faites aux femmes, les associations féministes étaient souvent à court de moyens. Le manque d’argent réduit inévitablement les ambitions quand il ne conduit pas à y renoncer complètement. À l’époque, on pouvait bien sûr manifester ou signer des pétitions en faveur des femmes mais on ne pouvait pas lever de fonds au profit des associations qui s’engagent contre les violences faites aux femmes et les discriminations dont elles sont victimes. 

La Fondation des femmes est née le 5 mars 2016 de ce constat et de la volonté de lever de l’argent pour soutenir les associations féministes. Elle se concentre sur les violences, sexistes et sexuelles parce qu’elles génèrent les urgences les plus vitales, mais aussi sur des thématiques de long terme, telles que l’égalité professionnelle, la santé des femmes et le partage des tâches. Nous sommes une organisation féministe créée pour les droits des femmes et contre les violences qui leur sont faites. Nous avons un large spectre d’interventions, que traduit d’ailleurs le fait d’être une fondation abritée par la Fondation de France.

 

  • Huit ans après sa naissance, où en est la Fondation des femmes ?

 

Je suis la première et la principale surprise de l’ampleur du chemin parcouru ! Je me souviens d’un brunch avec des bénévoles dans mon salon, qui était le quartier général de la Fondation des femmes en 2016. Nous avions écrit sur des Post-it ® nos rêves, tous les projets que nous aimerions réaliser pour les femmes. Or, nous en avons concrétisé un très grand nombre en peu de temps. Nous avons collecté 8,5 millions d’euros. Une somme que nous avons redistribuée à près de 600 initiatives d’associations de soutien aux femmes. Nous organisons chaque année la Nuit des Relais, une course festive et solidaire, à Paris, Bordeaux et Tahiti. Nous avons aussi mobilisé en février-mars 2022 un Train pour l’Égalité, qui a sillonné la France pour sensibiliser les Français et les Françaises aux enjeux de l’égalité femmes-hommes.

Nous sommes désormais une équipe de vingt personnes, avec des avocates, des communicantes, des spécialistes de la levée de fond. Cette belle histoire, je suis très heureuse de la poursuivre, avec l’équipe, animée par la même cause : l’intérêt pour les femmes et leurs droits ! En 2024, nous continuons à faire feu de tout bois, avec une attention particulière pour les familles monoparentales, très majoritairement des femmes, et pour les violences conjugales qui font plus de 210 000 victimes chaque année.

« Je suis la première et la principale surprise de l’ampleur du chemin parcouru par la Fondation des femmes ! »

 

  • Quel regard portez-vous sur l’avancement des droits des femmes en France et dans le monde ?

 

En France, nous avons franchi le 5 mars un pas décisif avec l’entrée de l’IVG dans la Constitution. C’est un message positif pour toutes les femmes du monde, au moment où le droit à l’avortement, ce droit fondamental, constitutif avec la contraception de l’émancipation des femmes, fait l’objet de menaces régulières. 

Cela ne signifie pas que tout soit réglé dans notre pays, loin de là. Deux chiffres pour illustrer le long et difficile chemin qui nous reste à parcourir. Sur le plan collectif, seulement 1 % des affaires de viols aboutissent à une condamnation et 80 % des plaintes de femmes pour violences conjugales sont classées sans suite. Sur le plan individuel, l'évolution du partage des tâches dans la sphère privée est au point mort. 73 % des Françaises déclarent accomplir plus de tâches ménagères que leur compagnon, et même « beaucoup plus » dans 44 % des cas.

Si on regarde au-delà de nos frontières, les droits des femmes sont loin d’être reconnus partout. En Iran, les femmes se battent pour leur liberté. Même dans les pays dans lesquels ils semblaient acquis, ils s’avèrent fragiles. En matière de droits des femmes, un retour en arrière est toujours possible, comme nous le voyons aux États-Unis depuis l’annulation par la Cour suprême, en juin 2022, de l’arrêt Roe vs Wade, qui avait ouvert le droit à l’avortement en 1973. Dans la foulée, 18 États américains ont officiellement rendu illégal l’avortement, mettant en danger la vie de milliers de femmes.

En Pologne, le droit à l’avortement a aussi connu un recul dès 2020, avec le vote d’une loi annonçant la quasi-interdiction du droit à l’avortement.

 « J’entends apporter ma pierre à la lutte pour que nos filles ne subissent pas le même système centré sur les hommes. » 

  • Avez-vous une figure féminine (célèbre ou non) qui vous a inspirée et continue de vous inspirer dans votre engagement ?

 

Je suis très admirative de l’œuvre et de la personnalité de Simone de Beauvoir. L’une de ses citations les plus célèbres, extraite du Deuxième sexe, illustre parfaitement le recul des droits des femmes que j’évoquais à l’instant : « N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. »   Je suis également guidée par les parcours de grandes militantes, telles que Gisèle Halimi, qui est un modèle certes écrasant, par son envergure, mais qui nous pousse à avancer. Je suis aussi inspirée par d’autres femmes qui n’ont pas accédé à la célébrité, notamment des victimes de violences rencontrées à l’association « Mouvement du Nid », qui ont fait preuve d’une volonté et d’une résilience qui forcent l’admiration pour s’extraire de la précarité et de la prostitution afin de reconstruire leur vie.

« Le manque d’argent réduit inévitablement les ambitions quand il ne conduit pas à y renoncer complètement. »

  • Dans quelle mesure AXA vous soutient-il dans vos actions ?

 

AXA est à nos côtés depuis 2018. Le mécénat des Mutuelles AXA nous apporte un soutien financier et en termes de mécénat de compétences. Depuis 2018, il prend en charge les dossiers de victimes de violences dans le cadre du programme Elle’s Angels (paiement des honoraires d’avocats). Depuis 2019, AXA contribue chaque année au financement de la Nuit des Relais. Depuis 2022, son soutien a contribué au financement de la Cité audacieuse, l’espace parisien consacré à l’égalité femmes-hommes et au rayonnement des droits des femmes, dont les murs nous ont été confiés, pour accueillir un écosystème d’associations féministes, d'initiatives solidaires et de convivialité. Le lieu sera inauguré au printemps. AXA Atout Cœur se mobilise également à nos côtés, en particulier au travers du mécénat de compétences, avec notamment la présence d’une collaboratrice AXA durant 6 mois en 2023 en tant que chargée de suivi budgétaire.

 

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