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Par Carenews INFO - Publié le 6 décembre 2023 - 10:30 - Mise à jour le 11 décembre 2023 - 11:01 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Bruno Le Maire : une journée de débats avec Bill Gates pour répondre aux « apôtres de la décroissance »

Avec des invités prestigieux, le ministre de l’Économie et des Finances organisait le 5 décembre la troisième édition des Rendez-vous de Bercy. Le thème : croissance et climat.

Bill Gates, invité d'honneur des « Rendez-vous de Bercy ». Crédit : YouTube de Bercy.
Bill Gates, invité d'honneur des « Rendez-vous de Bercy ». Crédit : YouTube de Bercy.

 

« La croissance ne peut plus être faite contre la planète, ce ne peut plus être une fuite en avant. Elle doit être construite avec la planète », lance Bruno Le Maire lors de son discours d’introduction. Le ministre de l’Économie et des Finances organise au ministère de l’Economie le 5 décembre la troisième édition des Rendez-vous de Bercy. Le thème de cette année : « croissance et climat ». L'objectif de cet événement est de réfléchir à une écologie compatible avec la croissance économique et d’apporter une réponse à ceux que Bruno le Maire nomme les « apôtres de la décroissance ». « Je n’y crois pas et je combattrai cette idéologie qui se fait au détriment des plus pauvres. La décroissance, c’est l’injustice et la pauvreté », tance-t-il. 

Il a attaqué avec vigueur ce concept qui signifie la diminution de la production : « C’est une notion fausse du point de vue scientifique. L’idée selon laquelle on ne peut pas réduire les gaz à effet de serre en augmentant la croissance est une tout bonnement fausse ». Il prend pour exemple la France qui a continué de connaître la croissance ces dernières années tout en réduisant ses émissions. 

 

Bill Gates en invité d’honneur

Le ministre a invité une figure de cette écologie qui passe par l’innovation pour dialoguer avec elle. C’était le temps fort de la journée puisqu’il s’agit de Bill Gates, le fondateur de Microsoft. L’homme d’affaires se consacre désormais à la philanthropie avec la fondation Bill et Melinda Gates pour la santé. Il a également lancé le fonds Breakthrough Energy pour financer des technologies peu émettrices.

De retour de la Cop 28, il s’est réjouit d’y avoir vu plus que pour les précédentes éditions un certain nombre d’entreprises proposant des solutions pour réduire les émissions. 

Pour éviter un coût élevé, il faut de l'innovation."

« Si on rend l’adaptation très chère, on obtiendra des réactions négatives de la part des citoyens. Or, on sait que pour éviter un coût excessivement élevé, il faut de l’innovation », justifie-t-il.

Avec son fonds Breakthrough Energy, il mise justement sur l’innovation. « L’énergie est un marché très capitalistique. L’idée est d’avoir des financements philanthropiques pour des idées tellement nouvelles qu’elles ne peuvent pas être financées par les financements habituels », précise-t-il.

Lors de sa prise de parole, Bill Gates a rappelé l’importance de la production nucléaire dans le combat face au changement climatique et de la recherche en la matière : Nous avons besoin d’électricité pas chère partout et notamment en Afrique », considère-t-il.  Il a également évoqué l’importance, selon lui, d’investir dans les voitures électriques.

 

Le découplage est-il réellement envisageable ?

Une table ronde a ensuite fait débattre plusieurs experts autour de cette relation entre croissance et écologie. Pour Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), c’est clair : « la transition climatique et la croissance sont compatibles ». 

Il est, selon lui, nécessaire de faire advenir le découplage entre émissions et croissance  : « le découplage, c’est faire mieux avec moins. Cela s’appelle le progrès, chose que l’on fait depuis toujours ». Il considère également que la croissance est nécessaire pour les pays en voie de développement : « Arrêter la croissance, cela veut dire figer à leur état de développement une grande partie des pays de la planète. »

Comment parvenir au découplement ? Cela est faisable, mais va s’avérer difficile, juge l’économiste Jean Pisani-Ferry qui a rendu récemment un rapport sur le financement de la transition écologique :

« La transition va être compliquée car nous sommes très en retard, donc il va falloir réaliser beaucoup d’investissements », considère-t-il. Ainsi, explique-t-il, la hausse de l'investissement représente une baisse de la consommation qui entraine ainsi une perte des capacités de production.

 

« Faire mieux avec moins »

Matthieu Auzanneau, directeur de l’association Shift Projet, relativise cette notion de découplage : 

« Quand il y a de la croissance dans notre monde tangible, on a une croissance des énergies mobilisées », explique-t-il. Il va donc, selon lui, falloir mettre en place une sobriété structurelle : « faire mieux avec moins d’énergie et de matière ».  Il appelle à se diriger vers des modes de vie moins voraces en matières et énergies.

Faire mieux avec moins d'énergie et de matière."

« La sobriété fait partie de la solution, il faut s’appuyer dessus pour réduire les émissions », répond Jean-Pisani Ferry. En revanche, « Elle représente 20 % du changement. Le reste, c'est beaucoup d'investissement, de remplacement des combustibles. »

Lors d'une autre table ronde, Katelyne Schubert, économiste et professeur d'économie à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, expliquait que selon elle, la sobriété ne résoudra pas tout : « On ne sait pas déclencher ce type de comportement. C'est très compliqué de faire évoluer les normes sociales, de faire arrêter de penser aux gens que la réussite, c'est consommer. Ce chemin va être long et nous n'avons pas forcément le temps de passer par là.

 

Théo Nepipvoda

 

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