À la Mairie de Paris, on se félicite de la place de l’ESS dans les Jeux olympiques

La maire de Paris, Anne Hidalgo, le rappelle : la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques tombe le 26 juillet, ce qui est aussi le jour de la saint Anne : « Ce n’est pas moi qui ai choisi la date », ironise l’édile.

La fête des Anne, mais surtout celle de l’économie sociale et solidaire (ESS). Ce 21 mars, un événement était organisé à la mairie de Paris par la ville, mais aussi par les Canaux, lieu de l’économie engagée, et la Solideo, la société de livraison des ouvrages olympiques. Nommé #ESSenjeux, il visait à célébrer la place de l’ESS dans l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Pour l’occasion, la faste salle des fêtes accueillait un parterre principalement composé d’acteurs de l’économie sociale et solidaire.

« Les Jeux olympiques et paralympiques ont accéléré beaucoup de nos transformations sur l’environnement et le terrain social. Ils nous ont permis de voir les choses autrement, en considérant que les questions d'accessibilité, d’ESS ne sont pas à la marge, que nous les mettons au cœur de notre façon de fonctionner », lance Anne Hidalgo, lors de son discours.

L’ESS est-elle vraiment la star de ces JO ?

Dans les prises de parole et les documents édités, les organisateurs mettent en avant le large dépassement des objectifs en la matière : les prestations confiées aux TPE, PME et à l’ESS représentent 37 % du montant engagé par la Solideo, alors que l’objectif initial était de 25 %. L’objectif d’heures d’insertion professionnelle réalisées dans le cadre de la préparation est lui dépassé depuis plusieurs mois. 460 structures de l’ESS prennent part à l’organisation des jeux.

Pourtant, malgré la célébration, des questions restent en suspens : quelle est la proportion d’ESS dans ces 37 % ? En avril 2023, elle ne représentait que 5 % du montant engagé pour l’ensemble composé des TPE, PME et ESS. 

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Autre question, s’agit-il de gros marchés ou de marchés plutôt anecdotiques ? Quelle est la proportion de réponses communes avec de grandes entreprises ? On espère que des réponses plus précises seront apportées dans les mois qui viennent pour pouvoir se rendre compte plus précisément de la place de cette économie dans l’organisation de l’événement.

Dans un article publié en mars dans Alternatives Economiques, Youssef Achour, président du Groupe Up et de la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire d’Ile-de-France, critique le fait que les structures de l’ESS n’ont été sollicitées qu’en bout de course.

Muhammad Yunus, l’instigateur du volet social des jeux

Il y a un nom que tout le monde avait à la bouche, c’est celui de Muhammad Yunus, le visage du volet social des Jeux. Véritable star de l’événement, Anne Hidalgo a vanté son intelligence et son caractère inspirant. Cet économiste du Bangladesh a reçu le prix Nobel de la Paix en 2006 grâce à l’invention du micro-crédit via sa banque Grameen Bank. Considéré à l’époque comme un remède à la pauvreté, ce type de crédit est aujourd’hui beaucoup moins encensé et critiqué notamment par une autre nobélisée : l’économiste Esther Duflo. Il a également créé l’entreprise Grameen Telecom. 

Ce promoteur du « social business » a fortement inspiré le volet social des jeux, et cela dès l’époque des Jeux de Rio de 2016, alors la France n’était pas encore sûre d'accueillir l’événement : « Lors d’un colloque, il a convaincu les membres du CIO de l’importance de l’ESS. Je suis allé le voir en lui disant que l’on devait travailler ensemble », se remémore Anne Hidalgo. « Finalement, il a intégré l’équipe de candidature des Jeux et nous avons fait en sorte que l’ESS soit quelque chose de fondamental dans le projet ».

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« Si vous n'imaginez pas, cela n'a aucune chance de se produire. Ces Jeux olympiques de 2024 sociaux, en les regardant en 2018, étaient absolument inimaginables. Et pourtant, maintenant, ils ont lieu », a commenté le professeur Yunus lors de son passage sur scène.

Muhammad Yunus connaît en ce moment quelques remous dans son pays. Le 1er janvier, il a été reconnu coupable d’avoir enfreint le droit du travail dans son entreprise Grameen Telecom et condamné à six mois d’emprisonnement (il est libre sous caution). Ses partisans estiment qu’il s’agit d’une condamnation politique puisqu’il est considéré comme un rival politique de la Première ministre, Sheikh Hasina. Il affirme subir depuis une prise de force de deux de ses entreprises par des personnes extérieures.

Encore des marchés à aller chercher

L’événement fut l’occasion de penser à l’après, à « l’héritage » comme on l’appelle dans l’organisation des jeux. « Nous allons travailler avec Milan et Los Angeles, qui organisent les prochains jeux car ils sont très intéressés par le volet social », se projette Marie Barsacq, directrice Impact et Héritage de Paris 2024, lors d’une conférence de presse en amont de l’événement. Elle souhaite également que l’expertise acquise lors de l’organisation soit transmise pour de prochains projets publics.

« Nous allons travailler avec Milan et Los Angeles qui organisent les prochains Jeux."

Mais pour l’instant, il faut continuer de préparer l’événement qui se déroulera bientôt à Paris. D’ailleurs, Elisa Yavchitz, directrice générale des Canaux, établissement qui porte la plateforme ESS 2024 le dit : « Tous les marchés de sous-traitance ne sont pas encore remontés, il y a encore des marchés majeurs à attribuer ». Au boulot l’ESS ! 

Théo Nepipvoda