Adaptation au changement climatique : un grand chantier pour les entreprises
Les entreprises vont devoir prendre des mesures pour s’adapter au changement climatique. Axa climate a publié un guide à ce sujet.
« À titre personnel, je ne connais pas d’entreprise mature sur l’adaptation au changement climatique », explique Huu-An Pham, directeur du conseil en adaptation climatique chez Axa climate, qui vient de publier un guide au sujet de l’adaptation climatique. « La plupart des entreprises se classent dans deux catégories : celles qui ont un peu commencé à engager ce parcours d’adaptation et celles qui n’ont encore rien fait », continue-t-il.
Pourtant, le coût des catastrophes naturelles pourrait bondir de 60 % d’ici à 2050 selon l’assureur public CCR. L’adaptation au changement climatique apparaît donc comme un impératif pour les entreprises si elles veulent perdurer.
Adapter ses modes de production
De quoi parle-t-on ? Le Giec définit l’adaptation au changement climatique comme une « démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences. Pour les systèmes humains, il s’agit d’atténuer ou d’éviter les effets préjudiciables et d’exploiter les effets bénéfiques ». Pour une entreprise, il s’agit d’adapter ses processus et ses modes de production, pour éviter les dégâts matériels ou chroniques.
Il existe différents risques entraînés par le changement climatique. Les aigus, liés à des événements ponctuels tels qu’une inondation ou un ouragan. Et les risques chroniques : « il peut s’agir de la chaleur avec des changements de température progressifs, ou une pénurie d’eau. Ce sont des changements graduels qui vont avoir un impact progressif sur les entreprises », définit Huu-An Pham.
Première étape, modéliser les vulnérabilités
Au tout début du processus d’adaptation, il est nécessaire de modéliser les vulnérabilités de l’entreprise, c’est-à-dire la manière dont l’entreprise réagit à l’aléa auquel elle est exposée. « Une entreprise de pièces métalliques ne sera pas sensible à une pénurie d’eau car il s’agit seulement de stockage de matériel. En revanche, un data center refroidi par de l’eau sera très sensible à la disponibilité de la ressource », illustre Huu-An Pham. Pour cela, il est nécessaire d’utiliser des projections climatiques précises avec les données les plus locales possibles. « L’adaptation ne peut se faire qu’au niveau local, on ne peut pas le faire de manière générique avec les mêmes consignes pour tous les sites de la planète », estime Huu-An Pham.
Quelles sont les entreprises concernées ?
Vient ensuite le moment de mettre en place des mesures d’adaptation pour permettre à son activité de perdurer : « anticiper, c’est transformer des risques et des freins en opportunités et en continuité d’activité », estime Huu-An Pham. Mais gare à la maladaptation. Ainsi, « la climatisation est un exemple de maladaptation car vous protégez les personnes vulnérables de votre entreprise, mais vous entrainez des émissions de CO2 et vous contribuez à renforcer la chaleur environnante. ».
Entrée en vigueur le 1ᵉʳ janvier dernier, la directive européenne CSRD oblige les entreprises d’une certaine taille à la prise en compte des risques climatiques. Mais, de fait, toutes les entreprises vont devoir s’y mettre car « toutes vont être impactées. Dès qu’il y a par exemple du travail à l’extérieur ou des équipements électriques ou électroniques, l’entreprise est concernée », souligne Huu-An Pham.
Théo Nepipvoda