Aide alimentaire : la crise du Covid-19 a accentué la précarité des bénéficiaires
Dans une étude publiée le 28 juin 2022, l’Insee estime qu’entre deux et quatre millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire en France. Une enquête qui démontre que plus de deux ans après, la crise sanitaire a amplifié la précarité des ménages les plus vulnérables.
Dès le début de la crise sanitaire en 2020, les associations ont alerté sur les conséquences qu’elle aurait à long terme sur les ménages les plus vulnérables. Plus de deux ans après le premier confinement, l’Insee publie une étude sur l’impact de la crise du Covid-19 sur les bénéficiaires de l’aide alimentaire. Cette enquête a été réalisée en novembre-décembre 2021 et met en lumière que la crise sanitaire a amplifié la précarité des ménages.
Quel est le profil des recourants à l’aide alimentaire ?
L’Insee distingue, dans l’aide alimentaire, quatre types d’aides :
- Les colis ou paniers alimentaires
- Les épiceries sociales
- La distribution de repas chauds
- Les aides financières qui peuvent se matérialiser par, par exemple, des bons d’achats.
Combien de personnes ont-elles recours à l’aide alimentaire en France ? C’est une question qui fait débat. Les chiffres varient selon les sources. L’Insee préfère alors rester prudent et estime qu’il y aurait entre deux et quatre millions de bénéficiaires.
Premier constat : la moitié d’entre eux en bénéficient depuis moins de deux ans, c’est-à-dire après le début de la crise sanitaire. Néanmoins, pour 90 % d’entre eux, cela n’est pas du fait de la crise sanitaire. L’enquête montre qu’un peu moins de la moitié des bénéficiaires sont étrangers.
Distribution de colis alimentaires et distribution de repas
Que cela soit sous forme de distribution de colis (81 % des recourants à l’aide alimentaire) ou de distribution de repas chauds (12 % des recourants), le profil des bénéficiaires varie.
Les recourants à l’aide alimentaire sont majoritairement des femmes (72 %). Près d’un sur trois sont des familles monoparentales et 17 % n’ont pas de logement personnel. Quant aux bénéficiaires des distributions de repas chauds, 77 % des recourants sont des hommes et la majorité (72 %) sont des personnes seules. Un peu moins de 70 % sont sans logement personnel. Autre enseignement, les personnes étrangères fréquentent deux fois plus ces lieux que les recourants « non-immigrés ».
Enfin, l’enquête de l’Insee montre que les bénéficiaires cumulent les difficultés puisqu’ils sont deux fois plus souvent allocataires des aides au logement et quatre fois plus souvent du RSA.
Qu’en est-il des étudiants ?
La précarité étudiante a fait la une de l’actualité lors des précédents confinement. Il est difficile d’avoir un chiffre exact du nombre qui a accès à l’aide alimentaire. Cependant, l’Insee avance que 83 % des étudiants interrogés en bénéficient depuis mars 2020 et pour 20 % d’entre eux, c’est du fait de la crise sanitaire.
À l’occasion d’un reportage au sein d’une épicerie sociale mise en place pour les étudiants, Carenews avait déjà mis en lumière une précarité des jeunes qui touchaient principalement les étrangers. On nous avait d’ailleurs expliqué à l’époque qu’il était plus difficile pour eux de bénéficier des dispositifs mis en place par le CROUS car ils devaient attester de vivre depuis plus de deux ans en France. L’Insee dresse le même constat puisque 80 % des étudiants interrogés sont étrangers.
Lisa Domergue 
