Au Medef, un « comité ESS » pour créer des ponts entre entreprises classiques et acteurs de l’ESS
La principale organisation patronale en France a créé, en mars 2024, un comité ESS chargé de mieux faire connaître l'économie sociale et solidaire à ses adhérents, et de créer des liens entre les différents acteurs. Entretien avec Lionnel Rainfray, le président de ce comité.

Il y a un an, le Mouvement des entreprises de France (Medef), principale organisation patronale de l’Hexagone, créait un « comité ESS » au sein de sa commission entrepreneuriat. Cette instance, composée d’une trentaine de membres, est chargée de mieux faire connaître l’économie sociale et solidaire (ESS) aux adhérents du Medef, et de créer des ponts entre entreprises classiques et organisations de l’ESS.
La présidence de ce comité a été confiée à Lionnel Rainfray, fondateur du groupe Arthur, leader européen des sous-vêtements et de la lingerie de nuit, ancien président du Medef des Hauts-de-Seine, mais aussi fin connaisseur de l’ESS puisqu’il préside France Active Ile-de-France depuis vingt-cinq ans. Dans un entretien à Carenews, il explique les raisons de la création de ce comité et détaille ses différents chantiers en cours.
- Carenews : Depuis l’année dernière, vous présidez le comité ESS du Medef, nouvellement créé. Comment est née cette initiative et quel est l’objet de ce comité ?
Lionnel Rainfray : J’avais participé à la campagne de Patrick Martin, l’actuel président du Medef, en 2023, et lui avait beaucoup parlé d’ESS. À la suite de son élection, il a évoqué ce sujet au conseil exécutif de l’organisation et a perçu l’écho favorable que cela suscite chez les adhérents du Medef. Car les entreprises du secteur traditionnel et les acteurs de l’ESS partagent finalement la même aspiration : allier performance économique et utilité sociale.
Beaucoup d’entreprises du Medef souhaitent ainsi travailler davantage avec l’ESS, notamment dans le cadre de leur politique de responsabilité sociétale (RSE), mais elles ne savent pas forcément comment s’y prendre.
Au-delà de l’intérêt montré par les entreprises de travailler plus avec l’ESS, il se trouve que toutes les fédérations et Medef territoriaux comptent des structures de l’ESS parmi leurs adhérents, notamment des coopératives et des mutuelles.
En mars 2024, Patrick Martin a donc souhaité créer un comité ESS, et m’a demandé d’en prendre la présidence.
Beaucoup d’entreprises du Medef souhaitent ainsi travailler davantage avec l’ESS, notamment dans le cadre de leur politique de responsabilité sociétale (RSE), mais elles ne savent pas forcément comment s’y prendre.
- Comment est composé ce comité et comment fonctionne-t-il ?
Il est composé d’une trentaine de membres, représentants de branches professionnelles ou de Medef territoriaux, tous volontaires pour en faire partie. Nous nous réunissons chaque mois.
Nous menons principalement deux actions. La première est d’informer nos adhérents sur ce qu’est l’ESS et sur son actualité. Dans ce cadre, nous avons travaillé sur un document qui explique les fondements de l’ESS et donne des exemples concrets d’actions de collaboration entre l’ESS et les entreprises classiques.
La deuxième est de travailler au rapprochement entre entreprises classiques et ESS au sein des territoires. Dans ce cadre, nous allons participer activement à la série de conférences territoriales de l’ESS qui devraient être organisées par le cabinet de Véronique Louwagie, la ministre déléguée à l’ESS, dans les mois à venir.
- Avez-vous l’impression que l’intérêt des entreprises classiques pour l’ESS est grandissant ?
Je pense en effet qu’elles s’intéressent de plus en plus à ce que font les organisations de l’ESS, pour plusieurs raisons. D’abord pour des questions d’image, car elles se rendent bien compte qu’il leur faut s’engager davantage au niveau sociétal et environnemental. Collaborer avec les acteurs de l’ESS est un des moyens de le faire. Cela contribue à leur politique de RSE, en la rendant plus innovante et créative.
Cela permet aussi de développer la notion de responsabilité territoriale de l’entreprise (RTE), sur laquelle elles veulent de plus en plus s’affirmer. Le développement de la RTE est d’ailleurs un des chantiers prioritaires du comité ESS, car il nous semble que c’est un concept particulièrement pertinent pour rapprocher les deux types d’économies.
Par ailleurs, les acteurs de l’ESS peuvent enrichir les pratiques des entreprises classiques sur des sujets tels que la gouvernance, la responsabilité territoriale ou encore l’insertion des publics fragilisés.
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Les acteurs de l’ESS peuvent enrichir les pratiques des entreprises classiques sur des sujets tels que la gouvernance, la responsabilité territoriale ou encore l’insertion des publics fragilisés.
- Quel message souhaitez-vous faire passer aux acteurs de l’ESS ?
Mon principal message est que les acteurs de l’ESS intéressés pour travailler davantage avec des entreprises hors-ESS nous contactent, notamment via le Medef de leur département. Celui-ci se chargera de nous mettre en relation, pour que nous puissions réfléchir aux collaborations les plus pertinentes en fonction du profil de la structure.
Propos recueillis par Camille Dorival