Label Emmaüs, Makesense, recrutement inclusif… Les brèves ESS de la semaine

• Des librairies bientôt gérées par des associations ou des Scop dans les quartiers populaires 

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé vouloir installer des bibliothèques au cœur des logements sociaux et dans les zones rurales afin « d'apporter le livre au plus près des publics ». Une annonce qui intervient quelques jours après la publication d'une enquête du Centre national du livre (CNL) pointant la baisse durable de la lecture chez les jeunes au profit du temps passé sur les écrans.

Autre constat déploré par la ministre, « les bibliothèques et les librairies sont souvent au centre des villes » . Ces nouvelles structures seront mises en place en partenariat avec les bailleurs sociaux et les collectivités. Elles pourront être gérées par des associations ou des sociétés coopératives et participatives (Scop), selon la ministre. Un budget d'1,2 million d'euros sera consacré à l’opération. Rachida Dati affirme également avoir demandé aux directions régionales des affaires culturelles (Drac) de mettre à disposition des livres pour des centres de loisirs, des associations d'éducation populaire et toutes les institutions qui en feront la demande.

Un premier test sera réalisé à Rillieux-la-Pape (Rhône), près de Lyon, une ville de 32 000 habitants qui ne compte aucune librairie.

• Label Emmaüs s’érige contre la concurrence déloyale des géants du commerce en ligne

Label Emmaüs, la plateforme en ligne de seconde main créée en 2016, exprime son inquiétude face à la concurrence croissante des géants du e-commerce, tels qu’Amazon, Shein, AliExpress et plus récemment, Temu. Maud Sarda, la directrice de Label Emmaüs, souligne la baisse significative des ventes et des visites mensuelles, respectivement de 20 % et de 500 000, au cours de l'année 2024. 

Cette situation est attribuée aux pratiques commerciales agressives telles que la publicité omniprésente, les livraisons à très brefs délais et la politique de prix cassés menées par ces plateformes. Pour contrer cette tendance, Label Emmaüs appelle à une régulation renforcée et soutient la proposition de loi visant à lutter contre la fast-fashion, adoptée par les députés en mars. 

La boutique en ligne solidaire, qui tire un tiers de ses revenus de la revente de livres, appelle également à favoriser la circulation solidaire du livre au lieu de sa destruction. Selon une étude du Syndicat national de l’édition, 14 % des livres produits en France en 2022 ont en effet été détruits au lieu d’être vendus. 

Dans le cadre de sa campagne « Tous nos livres se valent »,  lancée sur les réseaux sociaux, l'association cherche à promouvoir une économie plus solidaire. L’an dernier, Emmaüs s’était attaqué à la plateforme de revente en ligne Vinted, appelant les Français à donner leurs vêtements usagés plutôt que d’en tirer quelques euros sur Internet.

•  Makesense lance une plateforme pour tout comprendre aux élections européennes 

Alors que les élections européennes auront lieu le 9 juin, l’association Makesense lance la plateforme « Paumé·es dans mon Europe » pour tout comprendre au fonctionnement de l’Union européenne.

Cette initiative, menée en partenariat avec Vert et le Réseau action climat, qui fédère 27 associations engagées pour la transition écologique, porte un objectif : informer les citoyens pour les aider à « reprendre le pouvoir sur leur vote (et sur l’Europe) ».

Le site se décline en plusieurs volets. Il propose des contenus pédagogiques pour comprendre le fonctionnement de l’Union européenne, les enjeux des élections à venir et décrypter les programmes des candidats et candidates. 

La plateforme permet également de vérifier son inscription sur les listes électorales (vous avez jusqu’au 1er mai pour vous inscrire), participer à des sondages ou à des ateliers autour des enjeux européens, signer des pétitions, etc.

Un ensemble d'événements autour de l’Europe, de l’écologie et de la démocratie sont également proposés dans le but d’amorcer des réflexions avant ces élections qui présentent d’importants enjeux écologiques notamment.

• DiversiChat : un nouvel outil d’intelligence artificielle pour lutter contre les discriminations à l'emploi

Dans un contexte où l'intégration de l'intelligence artificielle (IA) dans les ressources humaines pose des défis en termes d’inclusion, l'association À Compétence Égale lance DiversiChat. Ce chatbot basé sur de l'IA générative vise à promouvoir un recrutement juste et inclusif. Mis en ligne gratuitement sur le site de l'association et compatible avec les smartphones, il s'adresse aux recruteurs, aux DRH ainsi qu'aux candidats à l'emploi.

L'outil a été alimenté par des contenus issus notamment des sites du Défenseur des droits, du Gouvernement, de la Cnil, du Conseil des droits de l’homme (CDH) ou de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).

Selon Anne Gallot, déléguée générale de l’association, l'initiative de développer ce chatbot est née du constat des lacunes de ChatGPT sur le volet juridique relatif aux sujets de discrimination. Le chatbot doit ainsi permettre de fournir des réponses adaptées aux questions des recruteurs et des potentielles victimes.

En plus de DiversiChat, l'association a développé d'autres outils numériques pour soutenir sa mission, notamment un outil d’analyse des offres d’emploi et des descriptifs de poste, et « le Déclicheur » pour tenter de comprendre les stéréotypes. Depuis sa création en 2006, À Compétence Égale rassemble plus de 2000 acteurs RH et continue d'innover pour promouvoir l'égalité des chances sur le marché du travail.

Félicité Dussel