Budget 2025 : les radios associatives locales alertent sur leur situation
Le projet de loi de finances 2025 du gouvernement propose une baisse de plus de 10 millions d’euros du fonds de soutien à l’expression radiophonique, qui tient une place importante dans le modèle économique des radios associatives locales. Elles se mobilisent contre ce projet, avec plusieurs soutiens politiques.

« Ce projet de loi de finances est mortifère pour nos radios », affirme Jean-Marc Courrèges-Cénac, le co-président des Locales, l’association réunissant la Confédération nationale des radios associatives (CNRA) et le Syndicat national des radios libres (SNRL). Ces trois organisations dénoncent le projet de loi de finances pour 2025 rendu public par le gouvernement : celui-ci prévoit une réduction de 35 %, soit de plus de 10 millions d’euros, des crédits attribués au fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER). Or, ce fonds est indispensable pour le fonctionnement de la plupart des radios associatives locales.
Il existe 768 radios de ce type sur le territoire français. Elles bénéficient de ces financements parce qu’elles assurent une « mission de communication sociale de proximité ». Cela signifie aux yeux de la loi qu’elles favorisent les échanges entre les groupes sociaux et culturels, l’expression de différents courants socioculturels, le soutien au développement local, la protection de l’environnement ou la lutte contre l'exclusion. Ces radios « [créent] du lien social, elles favorisent la diversité des opinions, elles donnent la parole à ceux qui en sont souvent privés », ajoutent Les locales, la CNRA et le SNRL dans un communiqué publié le 11 octobre. Les organisations représentatives parlent de « piliers essentiels de notre démocratie », de « garants de la diversité et du pluralisme du paysage radiophonique » et d’une « voix différente, alternative, et enracinée dans [le] quotidien » des citoyens. Les radios associatives locales mènent par ailleurs des actions d’éducation aux médias et à l’information.
Des conséquences sur l’emploi
La réduction des crédits du FSER pourrait causer la disparition de 70 à 80 % d’entre elles, selon Jean-Marc Courrèges-Sénac. Ce fonds s’avère d’autant plus nécessaire que ces radios « font face à une explosion des cotisations sociales et des charges énergétiques », indique-t-il. Par ailleurs, les ressources issues de la publicité doivent représenter moins de 20 % de leur chiffre d’affaires.
Ainsi, le fonds de soutien représente en moyenne 40 % du financement des radios associatives, mais cette part monte à 80 % dans certains cas, selon le co-président des Locales. Il s’agit notamment des radios présentes « en zones rurales, périurbaines ou de montagne » où les opportunités de financement sont plus limitées que dans les grandes métropoles, poursuit-t-il. « Avec ce PLF, ce sont les territoires qui sont attaqués. »
C'est l’emploi qui pâtirait en premier lieu de la diminution envisagée dans le PLF. Sur les 2 800 salariés du secteur, 800 emplois pourraient disparaître, estime Jean-Marc Courrèges-Sénac. Avec pour conséquences « moins d’accompagnement des 30 000 bénévoles et moins d’actions sur le terrain », s’alarme-t-il.
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La mobilisation n’est pas terminée
« Le Spiil témoigne sa solidarité aux radios associatives locales », a déclaré le syndicat de la presse indépendante d’information en ligne dans un communiqué en date du 21 octobre. « La préservation de médias robustes est porteuse d’enjeux trop importants pour que les aides publiques ne deviennent une variable d’ajustement supplémentaire », alerte-t-il. La Scam, société d’auteurs dont 9 000 provenant de la radio et du podcast, exprime également un « profond désaccord face à cette réduction ».
Dans le budget de l’État, les radios associatives font partie de la mission Médias, livres et industries culturelles. Elles représentent 4 % de l’enveloppe, mais doivent supporter 80 % de sa diminution, souligne Jean-Marc Courrèges Sénac.
Les représentants des radios ont rencontré la ministre de la Culture, Rachida Dati, le 18 octobre. « Elle est consciente de la coupe budgétaire qui sacrifie nos radios et met à mal nos économies. Elle a promis qu’elle réfléchirait aux manières de préserver le financement des radios associatives », relate Jean-Marc Courrèges Sénac.
Les radios associatives ont reçu le soutien d’élus de plusieurs bords politiques, de La France insoumise à Horizons. Plusieurs députés ont rédigé des amendements visant à empêcher la diminution du FSER. L’un d’entre eux, déposé par Julie Delpech (Ensemble pour la République), a été adopté en commission parlementaire le 23 octobre. Il vise à rétablir le montant du fonds de soutien à son niveau de 2024.
Pour les organisations représentatives des radios, la mobilisation n’est pas terminée. Les débats sur leur situation à l’Assemblée nationale devraient avoir lieu dans les jours qui viennent.
Célia Szymczak