Canicule : pourquoi les quartiers prioritaires sont-ils plus concernés ?
Si la canicule sévit partout en France, les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville en souffrent plus fortement.
Nous ne sommes pas tous égaux face à la canicule. Vivre en ville exacerbe la sensation de chaleur, en raison du phénomène d’îlot de chaleur urbain. Mais bien souvent, vivre dans un quartier populaire rend la situation encore plus compliquée.
70 % des habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) souffrent d’une température trop élevée pendant la canicule, contre 56 % de la population générale, selon un sondage de l’institut Harris Interactive publié en 2022 et réalisé pour l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine.
Îlots de chaleurs urbains
Les motifs sont multiples pour expliquer ce ressenti. Dans toutes les villes, « les espaces extérieurs manquent d’ombre, sont peu ventilés et constitués de surfaces minérales qui stockent la chaleur en journée et la restituent pendant la nuit »,précise l’ADEME. C’est le phénomène d’îlot de chaleur urbain : la température diminue moins la nuit en ville qu’à la campagne.
La Fondation Abbé Pierre explique dans un rapport publié en juin dernier que les îlots de chaleur urbain existent « souvent (...) dans les quartiers populaires, généralement denses, avec un faible ratio d’espaces verts et de pleine terre par habitants ».
La question de l’isolation des logements s’avère également centrale pour expliquer les plus fortes chaleurs ressenties par les habitants. 62 % des habitants des QPV « ont déclaré avoir eu des difficultés à trouver un endroit frais lors des épisodes caniculaires », contre 48 % de la population générale, selon le sondage Harris Interactive cité plus haut.
Vulnérabilité exacerbée
Autre enjeu : la vulnérabilité des populations. Les habitants des quartiers populaires « présentent une plus forte sensibilité aux nuisances environnementales », précise l’Institut Paris Région dans une note publiée en 2021. Cette sensibilité est notamment liée à « leur état de santé », en plus de leur « conditions de logement ». Les populations montrent aussi « une plus grande “difficulté à faire face” à ces risques sanitaires lorsqu’ils se concrétisent », en raison d’une « défaveur sociale et économique et à leur difficulté d’accès aux soins et aux droits ».
Par exemple, 37 % des catégories supérieures possèdent une climatisation, soit « deux fois plus que parmi les ménages sans emploi ou inactifs », explique la Fondation Abbé Pierre. Par ailleurs, « les appareils performants sont coûteux et donc réservés aux populations les plus aisées ». Cette solution s’avère donc injuste socialement, en plus d’aggraver le dérèglement climatique, lui-même à l’origine des vagues de chaleur plus intenses et fréquentes. Pour faire face à ces problèmes, il faut donc impérativement s’attaquer à la rénovation urbaine, aux yeux de la Fondation.
La rédaction