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Par Carenews INFO - Publié le 27 juin 2023 - 12:00 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 10:11 - Ecrit par : Célia Szymczak
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La précarité énergétique existe aussi… en été !

Dans un rapport publié le 26 juin, la Fondation Abbé Pierre alerte sur cet enjeu aux conséquences sanitaires, écologiques et économiques. Infographie.

Crédits : Carenews.
Crédits : Carenews.

 

L’été n’a commencé que depuis quelques jours, et pourtant, beaucoup de Français ont déjà souffert de la chaleur. Certains sont particulièrement concernés : ceux qui éprouvent une situation de précarité énergétique.

« La précarité énergétique est encore largement associée au ressenti du froid dans son logement », constate la Fondation Abbé Pierre dans un rapport publié le 26 juin. Pourtant, en été, les effets sur la santé des personnes exposées sont « parfois dramatiques » : « l’enjeu n’est pas simplement le “confort d’été”, mais l'habitabilité même de leur logement », précisent encore les auteurs en introduction.  

 

Précarité énergétique d'été
Crédits : Carenews, à partir de la Fondation Abbé Pierre.

 

Une problématique difficile à mesurer

Ils soulignent qu’aucun chiffre « ne nous permet d’estimer précisément le nombre de personnes concernées. »   Ils relaient toutefois certains indicateurs qui donnent des éléments de réponse : en 2022, 59 % des Français déclarent avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures. En 2021, respectivement 5 % et 32 % d’entre eux disent en souffrir « systématiquement » et « souvent ». 

5,2 millions de logements en France sont des « passoires thermiques impossibles à chauffer en hiver » qui se « transforment en bouilloires énergétiques impossibles à refroidir en été », à cause d’une mauvaise isolation, exposition ou protection solaire, entre autres. 

 

Un phénomène qui prend de l’ampleur

Le phénomène s’exacerbe, d’abord en raison du changement climatique. Le taux de personnes déclarant avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures en 2022 augmente de huit points par rapport à 2020. Le nombre de vagues de chaleur devrait doubler d’ici 2050. Elles seront « plus intenses » et se dérouleront sur une période « étendue de fin mai à début octobre ». 

Deux autres facteurs tendent à amplifier le problème. D’une part, la proportion de personnes âgées dans la population, plus vulnérables à la chaleur :  leur nombre doublera d’ici 2050. 

D’autre part l’urbanisation : 70 % de la population mondiale vivra en ville à cette même échéance. Or, les caractéristiques de la ville causent des « îlots de chaleur urbain » et renforcent le problème : le béton « stocke la chaleur pendant la journée et la rediffuse pendant la nuit », tandis que le manque de végétation, de sources d’eau et la circulation automobile contribuent aussi à augmenter la température par rapport aux zones rurales.

 

Les personnes précaires davantage concernées

Les quartiers populaires, souvent plus denses et moins végétalisés, sont particulièrement concernés. Les logements y sont plus souvent surpeuplés, moins bien isolés et ventilés. 

En conséquence, 70 % des habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) estiment avoir trop chaud l‘été, contre 56 % pour l’ensemble de la population. 

 

Une diminution de la qualité du sommeil

Parmi les conséquences de cette chaleur excessive, la diminution de la qualité du sommeil, « favorisant le développement ou l’aggravation de pathologies (...), des problèmes de circulation sanguine, la perte d’autonomie chez les personnes âgées, la déshydratation… ».

 La fondation parle d’un « enjeu de santé publique », rappelant les conséquences meurtrières de la canicule de 2003 qui a causé le décès de 15 000 personnes. Ensuite, la chaleur pèse sur les factures d’eau et d’énergie des ménages, pour faire fonctionner des douches ou appareils de refroidissement. 

La climatisation contribue à une consommation d’eau et d’électricité accrue, donc plus coûteuse. En règle générale, la fondation montre qu’il s’agit d’une fausse solution. D’abord, les climatiseurs rejettent de l’air chaud à l’extérieur des bâtiments ou des véhicules à rafraîchir, aggravant le phénomène d’îlots de chaleur urbains. La climatisation cause 5 % des émissions de gaz à effet de serre produites par le secteur du bâtiment, ajoutent les auteurs. Par ailleurs, les catégories supérieures sont deux fois plus nombreuses que les ménages sans emploi ou inactif à en posséder une. 

 

Quelles sont les solutions face à cette chaleur ?

Mais alors, que faire ? À long terme, la fondation appelle à rénover les logements en les isolant, en protégeant les fenêtres des rayonnements ou encore en privilégiant les couleurs claires pour les revêtements extérieurs, étant donné qu’elles réfléchissent mieux la lumière. Les auteurs décrivent aussi les bienfaits de la végétalisation des villes : par exemple, un arbre dans une plantation pourrait avoir le même effet que cinq climatiseurs fonctionnant pendant 20 heures.

À plus court terme, il est possible de renforcer la diffusion de conseils de prévention, aménager les horaires de travail ou encore organiser des services de veille auprès des aînés. Des mesures d’adaptation utiles, mais « loin d’être suffisantes pour faire face aux effets actuels et à venir des canicules et vagues de chaleurs », qui appellent à des politiques publiques d’envergure. 

 

Célia Szymczak 

 

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