COP 29 : les associations environnementales expriment leur mécontentement
Un accord a été conclu le dimanche 24 novembre après deux jours de prolongation de la COP 29, qui s'est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan. Les ONG environnementales ont vivement réagi en dénonçant un texte qui n’est pas à la hauteur des enjeux.
« Le monde a été déçu par cet accord de financement climatique faible. À ce moment crucial pour la planète, cet échec menace de faire reculer les efforts mondiaux pour lutter contre la crise climatique », a déclaré Manuel Pulgar-Vidal, responsable mondial du climat et de l’énergie au WWF, après la fin des négociations qui ont eu lieu dans le cadre de la COP 29, à Bakou (Azerbaïdjan), du 11 au 24 novembre.
Le financement destiné à aider les pays en développement à s’adapter au changement climatique a constitué l’un des enjeux cruciaux des débats entre les pays en développement et les pays du Sud. WWF estime que l'accord conclu à Bakou « est loin de répondre aux besoins des pays en développement ». Ceux-ci ont en effet obtenu de la part des pays industrialisés un financement à hauteur de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035. Cela alors que « la société civile et une partie des États du Sud réclamaient au moins 1 000 milliards et les pays africains 1 300 milliards », précise Sarah Cleaver, chargée de campagne sur le climat chez Greenpeace. La somme désormais définie remplace le précédent « objectif de financement quantifié et collectif », dit NCQG, qui s’élevait alors à 100 milliards de dollars annuels.
Greenpeace dénonce « une posture néocolonialiste des pays du Nord »
« Si la somme […] peut paraître impressionnante, elle est en réalité très décevante », n’a pas manqué de réagir Gaïa Febvre, responsable politiques internationales du Réseau action climat. Le financement obtenu a été le fruit de pourparlers houleux. Non satisfaits des discussions en cours, 45 pays en développement avaient en effet quitté la table des négociations le 23 novembre, lors d’une réunion avec la présidence azerbaïdjanaise. Le chiffre retenu a été obtenu dans les dernières heures des négociations.
Sarah Cleaver, chez Greenpeace, dénonce « une posture néo-colonialiste des pays du Nord » et décrit « un festival de prétextes pour ne pas payer, ce qui met en péril les engagements pris lors des dernières COP ». Laurie van der Burg, responsable des finances publiques mondiales d’Oil Change International, dénonce quant à elle « une indifférence écœurante alors que des millions de personnes à travers le monde le paient de leur vie. L’offre de financement climatique […] est une arnaque : elle est loin d’être suffisante ».
Oxfam international regrette que « les pays riches boycottent la justice climatique en refusant de payer » et ajoute qu’« il n’y a qu’une seule option pour ceux qui sont aux prises avec les conséquences les plus graves de l’effondrement du climat : des milliers de milliards, et non des milliards, de fonds publics et de subventions ».
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UNE ABSENCE DE mention des énergies fossiles
Autre point de désaccord : la sortie des énergies fossiles qui a fait partie intégrante de l’accord conclu lors de la COP 28 à Dubaï en 2023, n’est pas mentionnée dans le texte de Bakou. « Les pays ne doivent pas laisser ce résultat désastreux les détourner de l’urgence d’intensifier leurs objectifs de réduction des émissions, de faire avancer la transition énergétique et de s’adapter aux conséquences de la hausse des températures », a rappelé Fernando Carvalho, responsable de la politique mondiale sur le climat et l’énergie au WWF.
Shady Khalil, stratégiste en politique mondiale chez Oil Change International a évoqué une « amnésie collective » des pays de la COP 29 après avoir abordé les avancées de la COP 28 sur cette question. « À chaque nouvelle itération des textes, les producteurs de pétrole et de gaz ont réussi à diluer l'engagement urgent d'éliminer progressivement les combustibles fossiles. Appelons les choses par leur nom : une négligence grave avec des intérêts particuliers, au profit de l'industrie des combustibles fossiles et de ses complices », n’a-t-il pas manqué d’ajouter.
En ce sens, Sarah Cleaver dénonce la forte présence des lobbys en lien avec les énergies fossiles à la COP 29, « cela même au sein de la délégation européenne […] Ce sont clairement de personnes qui n’ont pas intérêt à mettre en lumière cette problématique ». Elle évoque notamment le cas du commissaire européen à l’action pour le climat, Wopke Hoekstra : celui-ci a travaillé pour la compagnie pétrolière Shell entre 2002 et 2006.
Léanna Voegeli