Aller au contenu principal
Par Carenews INFO - Publié le 8 novembre 2024 - 08:00 - Mise à jour le 8 novembre 2024 - 08:00 - Ecrit par : Célia Szymczak
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Cop 29 sur le climat : les revendications des ONG

La Cop 29 s’ouvrira à Bakou, en Azerbaïdjan, le 11 novembre prochain. Les débats porteront notamment sur les financements mobilisés par les pays développés pour l’action climatique dans les pays en développement. Mais d’autres questions d’importance pour les ONG seront aussi débattues.

La question des financements sera au cœur des discussions lors de la Cop 29/
La question des financements sera au cœur des discussions lors de la Cop 29/

 

La 29e conférence des parties (Cop) sur le climat s’ouvre le 11 novembre prochain à Bakou, en Azerbaïdjan. Elle réunira, comme chaque année, les 198 signataires de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique. Les ONG y participeront, pour porter leurs propositions. À l’occasion d’une conférence de presse le 29 octobre, des représentants du Réseau action climat et de plusieurs organisations membres du réseau ont présenté les points clés à leurs yeux pour les négociations à venir.  

Enjeu majeur : les États doivent achever des négociations sur les ressources financières mobilisées par les pays développés pour l’action climatique dans les pays en développement. En 2009, les premiers se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars à cette fin entre 2020 et 2025. Les États doivent désormais s’entendre sur un nouvel objectif de financement, qualifié de « nouvel objectif collectif quantifié sur la finance climatique » (NCQG en anglais). « Les sujets de finance, dans les négociations, sont toujours des sujets de crispation », prévient Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau action climat. Elle rappelle que les pays développés ont déjà eu deux ans de retard pour atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars. « Cela a créé un manque de confiance », souligne-t-elle.  

 

Qualité des financements climatiques 

Les ONG appellent à ce que le nouvel objectif s’élève à 1 000 milliards de dollars par an pour répondre aux besoins des pays en développement.  

Au-delà du montant, se pose la question de la base des pays contributeurs, un « autre sujet très tendu » pour Gaïa Febvre. Des pays comme la Chine ou les Émirats arabes unis pourraient contribuer.  

Le Réseau action climat s’intéresse aussi à la nature des financements. Il regrette que les pays développés aient privilégié les prêts plutôt que les dons au cours des années précédentes. Une manière d’aggraver « la crise de la dette » d’une partie de ces pays, selon Gaïa Febvre. « Il ne faut pas tomber dans ce piège-là », soutient-t-elle, appelant à ce que les financements soient versés sous forme de subventions ou de prêts à des taux d'intérêt très bas.

 

Adaptation et pertes et dommages 

 

Les ONG soulignent également que le potentiel de retour sur investissement de ces financements est limité, en particulier en matière d’adaptation et de pertes et dommages, les conséquences du changement climatique étant déjà irréversibles. Dans ce contexte, les financements privés sont donc plus difficiles à mobiliser. 

Par ailleurs, il faut garantir un équilibre entre adaptation, atténuation et pertes et dommages dans ces financements, stipulent encore les ONG. Leur montant doit aussi s’ajouter à l’aide publique au développement actuelle, et non la remplacer.  

Pour financer cette contribution, le Réseau action climat propose notamment de taxer les plus riches, l’extraction et les revenus des énergies fossiles ou encore l'aviation et le transport maritime.  

 

Permettre la sortie des énergies fossiles 

 

Pour les ONG, cette Cop doit aussi permettre de guider les pays dans leur application des résultats de la Cop 28 pour le climat de Dubaï. La « transition hors » des énergies fossiles est inscrite dans l’accord adopté l’année dernière. Pourtant, « on observe (...) un fossé béant » entre les discours tenus par les États lors de cette Cop et leurs actes, déplore Romain Ioualalen, global policy campaign manager pour Oil change international. Il cite l’exemple de l’autorisation par l’État français d’un projet de nouveaux forages pétroliers en Île-de-France.  

Il pointe aussi les Émirats arabe unis, l'Azerbaïdjan et le Brésil, les trois pays organisateurs des Cop 28, 29 et 30. Ces pays produisent et exportent du pétrole et du gaz et s’apprêtent même à augmenter leur production, dénonce Romain Ioualalen. De même, les États-Unis, l’Australie et le Canada exploitent des énergies fossiles. Pourtant, ces pays n’en sont pas dépendants, à l’inverse de « beaucoup de pays du Sud ». Pour ces derniers, il « faut mettre de l’argent sur la table, sinon [la sortie des énergies fossiles] restera rhétorique », alerte encore le chargé de plaidoyer d’Oil change international.  

 

Adopter une approche fondée sur le genre 

 

Autre revendication des ONG : l’adoption par les États d’une approche sensible au genre dans les négociations internationales. La crise climatique exacerbe fortement les « inégalités structurelles basées sur le genre », déclare Anne Barre, coordinatrice des programmes sur le genre et le climat de Women engaged for a common future (WECF), ajoutant que les « politiques non sensibles à la question du genre risquent de renforcer les inégalités ». Elle regrette que les financements climats ne soient que « très peu accessibles » aux organisations locales de femmes. 

La renégociation d’un « Plan d’action genre » de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) est prévue à Bakou. Elle permettra d’agir concrètement sur ce sujet.  

 

Réfléchir au marché carbone 

La Cop sera aussi l’occasion de discussions sur les modalités de création de marchés carbone par le biais d’accords bilatéraux entre les pays ou entre d’autres entités publiques et privées, prévue par l’Accord de Paris. Ils n’ont pas encore été mis en œuvre. 

Il est nécessaire d’intégrer les populations locales et autochtones aux discussions portant sur ces marchés, indique Alexis Sandlarz, secrétaire général des Jeunes ambassadeurs pour le climat. Tant que l’achat de crédits carbone reste plus intéressant que la mise en place de politiques de diminutions, « cela restera tout simplement un droit à polluer », alerte-t-il par ailleurs.  

« La participation de la société civile à ces conférences (...) est essentielle pour garantir une action climatique à la fois efficace et juste », déclare pour sa part Myrti Tilianiki, chargée de plaidoyer Environnement et droits humains pour Human rights watch, ONG non-membre du Réseau action climat. La Cop se tient pour la troisième année consécutive dans un État « répressif », dénonce-t-elle. « Le bilan de l’Azerbaïdjan en matière de droits humains est terrible », ajoutant que « les voix de celles et ceux qui sont le plus touchés par la crise climatique risquent d’être mis à l’écart des négociations ». L’Azerbaïdjan « doit prendre des mesures concrètes pour permettre des discussions ouvertes et des rassemblements pacifiques » et la CCNUCC, en tant que co-organisatrice, « a la responsabilité de garantir la transparence et la participation pleine et entière de la société civile », affirme-t-elle. 

 


À lire aussi L'ANTISÈCHE – Au fait, c'est quoi une Cop ? 


 

Célia Szymczak 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer