Des centaines d’emplois en insertion sont menacés, alerte le réseau Envie
Les résultats d’un appel d’offres organisé par Ecosystem, l’éco-organisme chargé de la fin de vie des déchets d'équipements électriques et électroniques, mettent en péril cinq sites et jusqu’à 1 000 emplois du réseau d’entreprises d’insertion Envie.

Envie est « en péril », alerte le 10 avril ce réseau d’entreprises d’insertion agissant pour la collecte, le réemploi et le recyclage de déchets d'équipements électriques et électroniques. Cinq sites et 1 000 postes, dont trois sur quatre environ sont occupés par des personnes en parcours d’insertion par l’activité économique, sont menacés à court terme et dans les années à venir.
En cause, les résultats d’un appel d'offres destiné à sélectionner tous les trois ans des opérateurs pour collecter des déchets d’équipements électriques et électroniques. Des entreprises du réseau Envie, habituellement retenues, ne l’ont pas été cette fois-ci par Ecosystem, l’éco-organisme chargé de la gestion de ces déchets.
Les entreprises de la filière versent une contribution financière à Ecosystem, entreprise privée à but non lucratif agréée par les pouvoirs publics pour qu’elle assure sa mission. Elle publie régulièrement des appels d'offres pour désigner les opérateurs qui prendront en charge la collecte, le recyclage, la réparation et le réemploi des équipements électriques et électroniques.
Le coût de la prestation aurait fortement pesé
Les cinq sites d’Envie en danger, « à très court terme » selon le réseau, ont des contrats avec Ecosystem depuis 2006. Ceux-ci représentent aujourd’hui 60 à 75 % de leur activité totale.
Mais d’autres entités d’Envie, celles qui s’occupent du réemploi des objets collectés (remise en état et vente à bas prix), pourraient aussi pâtir de la situation : le réseau parle d’un effet « domino ». « Nous effectuons la collecte en faisant attention aux machines, pour ne pas mettre en danger leur potentiel de réemploi. D’autres ne le font pas et cela met en péril nos ateliers de réemploi », explique Jean-Paul Raillard, le président du réseau. Résultat, 300 à 400 emplois sont menacés dans l’année à venir, et environ 200 par an dans les années qui suivent.
Pour le président du réseau, c’est le prix qui a pesé en la défaveur d’Envie. Dans cet appel d’offres, trois critères sont pris en compte : la qualité technique à 20 %, le projet social à 20 % et le tarif à 60 %. « Nous pensons être vraiment bons sur la partie technique et la partie sociale, puisque nous avons beaucoup investi sur la qualité technique de la prestation et que nous sommes des entreprises d’insertion », détaille-t-il. Le coût, lui, est plus élevé, puisqu’il est plus coûteux de prendre davantage soin des produits en les collectant.
Préserver les emplois en insertion
Ainsi, le réseau demande à Ecosystem de faire perdurer les contrats concernés pour lui permettre de trouver des solutions, notamment de nouveaux marchés. « Cela fait longtemps que nous cherchons à ce que les marchés Ecosystem pèsent moins dans nos activités, mais les perspectives ne sont pas immédiates », poursuit Jean-Paul Raillard.
Le président d’Envie définit deux priorités à ce jour. D’une part, celle de préserver les emplois, d’autant plus que les salariés en parcours d'insertion risquent de rencontrer de grandes difficultés à trouver d'autres contrats. D’autre part, de trouver des solutions pour faire perdurer le réemploi des objets. « Cela est vital pour nous, pour nos clients qui sont des ménages à revenus modestes et qui ne peuvent pas se fournir en appareils neufs, ainsi que pour la planète », affirme Jean-Paul Raillard.
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Le ministère de la Transition écologique se dit préoccupé
Le président d'Envie assure avoir reçu le soutien des pouvoirs publics, aussi bien des ministères de la Transition écologique et de l’Économie que de collectivités territoriales. Le 9 avril à l’Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement, le député écologiste Tristan Lahais a interpellé la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher sur le sujet.
« Cette décision ne peut être motivée que par la priorisation d’un critère coût, faisant fi des missions d’insertion et des obligations environnementales », a-t-il déclaré.
« Mes équipes ont contacté le réseau Envie ainsi qu’Ecosystem pour (...) comprendre tous les tenants et travailler à une solution concrète qui permettent de préserver au mieux l’activité d’Envie (...). Nos échanges sont quotidiens », a répondu la ministre. « Au-delà du sujet de l’appel d’offres, qui a lieu entre personnes privées et qui porte sur la logistique, nous devons à présent trouver une solution s’agissant de l’accès au gisement de réemploi [et] (...) accompagner la transition de ces sites logistiques au regard du résultat de l’appel d’offres, et au premier rang de ces salariés », a-t-elle ajouté.
Célia Szymczak