[EN IMAGES] Action contre la Faim souligne le lien entre climat et malnutrition
Afin de sensibiliser le grand public sur les liens de causalité entre le réchauffement climatique et la sous-nutrition, Action contre la Faim mène une campagne intitulée « Agir pour le climat, c’est aussi lutter contre la faim ».
La pénurie des récoltes, l’accès à l’eau et la montée du niveau des mers provoqueront la migration de plus de 143 millions de réfugiés climatiques selon le rapport GroundswellPreparing for Interne Climate Migration, publié en 2018 par la Banque mondiale. Ce rapport précise que 80 % de ces déplacements pourraient être évités si la communauté internationale intensifie ses efforts de réduction des émissions carbones.
La sécurité alimentaire et la pauvreté sont deux déterminants majeurs des migrations actuelles et futures. Toujours selon la Banque mondiale, le réchauffement climatique pourrait accroître de 122 millions le nombre de personnes pauvres d’ici 2030. Aujourd’hui 689 millions d’êtres humains vivent avec moins de 1,90 dollar par jour, et 821 millions sont sous-alimentés, selon les Nations unies. L’ONG Action contre la Faim nous alerte à travers sa dernière campagne « Agir pour le climat, c’est aussi lutter contre la faim », sur le lien étroit existant entre la dérégulation climatique et la faim. Si nous ne faisons rien, le nombre de personnes souffrant de sous-nutrition augmentera de 100 millions d’êtres humains d’ici 2030, indique l’association.
Établir un lien de causalité entre réchauffement climatique et sous-nutrition, tel est l’objectif de la vidéo promotionnelle de la campagne d’Action contre la Faim. La vidéo cumule des vidéos de sécheresse, fonte des glaces, cyclone et orage, pour faire comprendre au grand public que chaque jour le réchauffement climatique et l’augmentation des catastrophes naturelles fragilisent les écosystèmes, diminuent les rendements agricoles et entraînent les êtres humains vers la pauvreté. Pour symboliser ce phénomène, la campagne de l’association s’appuie sur un slogan : « quand la Terre gronde, des millions de ventres grondent aussi. »
Action contre la faim tire la sonnette d’alarme
Action contre la Faim nous rappelle que l’allongement des périodes de sécheresse, les changements des précipitations saisonnières, la hausse des températures sont autant de conséquences du dérèglement climatique qui fragilisent le rendement des exploitations et la qualité des aliments produits. « Les périodes de culture se raccourcissent et sont soumises à une imprévisibilité grandissante et à la stérilisation des sols », explique l’association. Ces phénomènes climatiques engendrent la perte de ressources économiques, l’incapacité à investir dans des moyens de production et une augmentation du taux de pauvreté partout sur la planète.
L’accès à l’eau, pour la production agricole mais également pour subvenir à nos besoins primaires, est de plus en plus préoccupant. Selon l’UNICEF, en 2019, 785 millions de personnes n’avaient pas accès à un service de base en eau potable et 144 millions devaient utiliser des eaux de surface. Aujourd’hui, Action contre la Faim souligne que 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones où l’eau est amenée à manquer au moins un mois par an.
Comment Action contre la Faim agit ?
L’association lutte au quotidien contre les effets de la crise climatique et sensibilise sur le lien entre sous-nutrition et crise climatique, comme c’est le cas avec ce cri d’alarme « Agir pour le climat, c’est aussi lutter contre la faim ». En plus de ces actions humanitaires, Action contre la Faim promeut partout sur la planète les pratiques respectueuses de l’environnement : l’agroécologie, l’agroforesterie, d’hydroponie. Elle forme également les populations locales par rapport à leurs besoins spécifiques.
Action contre la Faim insiste sur les démarches citoyennes qui peuvent être effectuées de manière individuelle ou collective:
- Réduire sa consommation de viande
- Manger bio, local et de saison
- Éviter le gaspillage alimentaire
- Sensibiliser ses proches
- Faire un don pour soutenir Action contre la Faim
Corrélation entre agriculture intensive et dérèglement climatique
Selon l’ONU, 21 à 37 % des émissions anthropiques de gaz à effet de serre mondiales proviennent de la production, du transport, du traitement et de la distribution des aliments. La population mondiale augmente, nous serons 9,7 milliards d’humains en 2050, et près de 11 milliards en 2100. Produire plus avec les méthodes agricoles actuelles engendrera une augmentation des émissions carbones, un accroissement du dérèglement climatique, une chute de la fertilité des sols, une diminution de l’accès à l’eau, et donc une croissance de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire et des migrations climatiques. Le cercle vicieux est enclenché.
Aujourd’hui, la production alimentaire mondiale permet de nourrir 12 milliards d’être humain. Seulement, 795 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. La faute à notre surconsommation, à notre gaspillage et à la production de viande en élevage qui consomme une partie conséquente de nos denrées alimentaires et de l’eau potable. Nos modes de consommation et de production sont en cause.
Action contre la Faim préconise de favoriser l’agroécologie, qui « constitue une réponse complète aux défis de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de la crise climatique.» L’agroécologie permet de valoriser les circuits courts, le local, la durabilité et la fertilité des sols. L’association a publié un rapport le 9 février 2021 s’intitulant « Révélation sur le double discours de la France en matière d’agriculture. » Une manière, pour elle, de favoriser « réellement l’agroécologie » en mettant la pression sur l'État.
Florian Grenon
