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Par Carenews INFO - Publié le 3 décembre 2025 - 07:55 - Mise à jour le 3 décembre 2025 - 07:55 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Environnement : les Français réticents à faire évoluer leurs pratiques individuelles, mais favorables aux actions collectives

Les personnes interrogées par l’Ademe et l’Obsoco dans un baromètre sur la sobriété adoptent très souvent une posture critique vis-à-vis la consommation et se disent inquiètes pour la protection de l’environnement. Cependant, une majorité d’entre elles ne sont pas prêtes à faire évoluer les aspects de leur mode de vie personnel qui ont le plus d’impact. Elles se prononcent en revanche en faveur de politiques publiques de sobriété.

C'est la 2e édition du baromètre, publié par l'Ademe et l'Obsoco. Crédit : Carenews.
C'est la 2e édition du baromètre, publié par l'Ademe et l'Obsoco. Crédit : Carenews.

 

Un paradoxe entre une posture critique vis-à-vis de la consommation et une volonté limitée de faire évoluer les modes de vie individuels. Cette contradiction est mise en lumière par un baromètre sur la sobriété, publié le 26 novembre par l’Agence gouvernementale de la transition écologique (Ademe) avec l’Obsoco. 4 000 personnes ont été sondées à l’été 2025 sur leurs pratiques en matière de consommation, d’alimentation, de mobilité, de tourisme et de logement, mais aussi leur conception de la sobriété et leur point de vue sur les politiques publiques environnementales.  

« On a tendance à accorder trop d’importance à la consommation matérielle », jugent quasiment huit personnes interrogées sur dix (77 %). Sept sur dix (72 %) considèrent que « notre manière de consommer est nuisible à l’environnement » et huit sur dix (83 %) que les publicités sont « trop présentes partout, tout le temps dans nos vies ». 

Pour autant, si huit personnes sur dix jugent que les Français consomment trop, seules trois sur dix estiment que c’est leur cas personnel. 58 % des répondants considèrent que l’impact de leur mode de vie sur la planète est « très faible » (9 %) ou « plutôt faible » (49 %).  

 

Infographie
Crédit : Ademe et Obsoco. 

 


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Des pratiques sobres adoptées par contrainte  

 

Concernant le « développement de pratiques sobres », comme l’achat de produits de seconde main, la modération de la consommation ou la réparation, il est avant tout motivé par des considérations économiques. L’impact environnemental des produits est un critère de choix des produits qualifié d’important par la moitié des répondants, tandis que presque la totalité mentionnent le prix (95 %), le caractère fonctionnel (95 %) et la solidité ou réparabilité (89 %).  

Certaines pratiques sobres sont par ailleurs adoptées avec un sentiment d’agir sous contrainte : un quart des individus qui limitent leur consommation de viande le font par contrainte, 29 % des ménages ne disposant pas d’un système de climatisation le regrettent. « Les ménages les plus modestes sont en outre systématiquement surreprésentés parmi ceux ayant le sentiment d’être contraints d’adopter ces pratiques », notent les auteurs. Moins de contrainte budgétaire pourrait donner lieu à un accroissement de certains comportements ayant un impact majeur sur l’environnement, comme la consommation de viande, les trajets en avion ou la climatisation, soulignent-ils.  

 

 

L’absence d’alternative n’explique pas forcément les comportements 

 

Lorsque les répondants sont interrogés sur les pratiques qu’ils pourraient faire évoluer, ils sont favorables à certaines d’entre elles : 7 sur 10 se disent prêts à acheter moins de vêtements ou 8 sur 10 à habiter un logement plus petit. Mais les pratiques « ayant le plus d’impact sur l’environnement (la consommation de viande, les déplacements en voiture, l’usage de l’avion) font l’objet d’une réception nettement plus réservée », poursuivent les auteurs. 4 sur 10 sont prêts à se déplacer principalement à vélo, à pied ou en transports collectifs pour leurs déplacements du quotidien, 6 consommateurs réguliers de viande sur 10 rejettent le fait de se limiter à deux fois par semaine, 7 des usagers de l’avion sur 10 refusent de se limiter à un vol par an.  

À noter aussi, seuls 4 sondés sur 10 sont prêts à partager des équipements type matériel de bricolage, un quart à utiliser en commun des espaces comme des potagers ou des buanderies avec leurs voisins et un tiers à refuser d’acheter certaines marques ou plateformes pour des raisons éthiques et écologiques.  

Les jeunes, les diplômés, les urbains et les ménages les plus aisés, avancent plus souvent qu’ils pourraient faire évoluer leurs pratiques. La disposition au changement est en partie « à mettre en regard de la capacité à agir des individus », insistent les auteurs.  

 


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L’évolution des modes de vies soutenues 

 

Pour ce qui est des mesures collectives, elles sont majoritairement « perçues positivement ». 76 % des répondants se prononcent en faveur de la limitation des nouvelles constructions, 70 % de la régulation de la publicité visant à la limiter aux produits « à moindre impact pour la santé et l’environnement » et 67 % de la taxation importante des produits les plus nuisibles à l’environnement. Une part plus modérée des personnes sondées est favorable à la taxation des véhicules lourds (50 %) et à la limitation de la vitesse sur autoroute à 110 km/heure (40 %). Tous ces pourcentages reculent par rapport à la précédente édition du baromètre. 

« L’implication de l’État et des industriels dans la mise en place de solutions écologiques est globalement attendue par les Français », poursuivent les auteurs. Ils en veulent pour preuve le fait que 81 % des répondants sont plutôt d’accord avec la nécessité de relocaliser la production industrielle, même si cela conduit à une augmentation des prix ; 78 % avec la nécessité pour l’État de faire plus pour préserver l’environnement, même si cela renforce les contraintes sur les entreprises, plutôt que de les laisser produire autant et comme elles le souhaitent ; 66 % avec la nécessité pour l’État de limiter certaines pratiques comme les voyages en avion, plutôt que de laisser les gens vivre comme ils le souhaitent.  

En règle générale, pour faire face aux défis environnementaux, 58 % des Français jugent qu’il faut faire évoluer nos modes de vie plutôt que miser sur le développement de solutions technologiques. Les hommes, les plus jeunes (18-24 ans) et les plus aisés se déclarent en revanche plutôt favorables aux solutions technologiques.  

À noter, 84 % des personnes sondées voient la situation environnementale comme alarmante (34 %), très préoccupante (37 %) ou préoccupante (13 %).  

 


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Célia Szymczak 

 

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