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Par Carenews INFO - Publié le 5 novembre 2025 - 08:00 - Mise à jour le 5 novembre 2025 - 08:00 - Ecrit par : Camille Dorival
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EXCLUSIF – Les rémunérations dans les associations, entre revalorisations et fortes tensions sur certains métiers

En 2024, le secteur associatif a continué sa politique d’équité et ses efforts de revalorisation des rémunérations, selon la 4e édition du baromètre Tenzing des salaires, que Carenews vous dévoile en exclusivité. L’étude note toutefois des tensions sur certains métiers, et souligne la question de la soutenabilité de ces efforts, dans un contexte de restrictions des financements publics.

Carenews dévoile en exclusivité le 4e baromètre Tenzing sur les salaires dans les associations. Crédit : Carenews.
Carenews dévoile en exclusivité le 4e baromètre Tenzing sur les salaires dans les associations. Crédit : Carenews.

 

 

« Donner à voir, comprendre et reconnaître la valeur du travail au sein des associations » : telle est l’ambition du baromètre Tenzing des salaires du secteur associatif. Carenews vous dévoile en exclusivité les résultats de sa 4e édition. « À travers les données salariales, c’est tout un modèle économique et social que nous observons : celui d’un secteur essentiel à la cohésion de notre société mais aujourd’hui sous tension extrême », notent Cécile Chéramy et Arnaud Regnier, respectivement senior manager et associé fondateur de Tenzing conseil. Ce cabinet, par ailleurs société commerciale de l’ESS, certifiée B-Corp et ayant adopté la qualité de société à mission, accompagne notamment des associations sur divers sujets.  

L’enquête s’appuie sur les réponses détaillées, issues de leurs systèmes de paie et non de simples déclarations, de 22 associations issues des champs du social, de l’éducation et de l’insertion professionnelle. Le nombre de structures répondantes est donc assez faible. Toutefois, les associations interrogées, de tailles variées, représentent au total 6 000 salariés. Et, comme le précise Cécile Chéramy, « le baromètre vise avant tout à fournir des repères concrets et utiles aux acteurs associatifs de ce champ, plutôt qu’une représentativité statistique nationale ».

 

Des échelles de salaire réduites

 

Alors que le Mouvement associatif alerte depuis plusieurs mois sur la situation particulièrement difficile des associations, le baromètre souligne d’abord qu’en France, près d’un salarié du secteur privé sur dix travaille au sein d’une association. « Ce chiffre, stable depuis 2023, illustre la capacité du monde associatif à rester attractif, malgré un environnement économique de plus en plus incertain », relève l’étude.

Malgré ce contexte, les structures associatives ont veillé, en 2024, à maintenir des politiques de rémunération équitables : le rapport médian entre le salaire le plus bas et le salaire le plus bas est de 2,77, « contre 7 dans le secteur privé lucratif », selon Tenzing conseil, qui reprend un chiffre issu de travaux menés par l’Observatoire des inégalités et la Dares, le service statistique du ministère du Travail.  

Par ailleurs, note l’étude, les associations ont également poursuivi leurs efforts de revalorisation des salaires en 2024, en « maintenant des taux d’augmentation autour de 3 %, dans un souci de reconnaissance et d’attractivité », soulignent Cécile Chéramy et Arnaud Regnier. Soit un niveau supérieur à l’inflation, qui était de 2 % cette même année. Ce qui peut traduire une volonté de ces organisations d’améliorer le pouvoir d’achat de leurs salariés.

 

Baromètre Tenzing salaires dans les associations

 

Trois tensions majeures

 

Le baromètre 2024 pointe néanmoins « trois tensions majeures » auxquelles doivent faire face les associations sur la question des rémunérations. La première est la difficulté à recruter des profils financiers, dans un contexte de pénurie de ce genre de profils et de concurrence du secteur privé lucratif pour les attirer. Si bien que les rémunérations médianes des directeur·ice·s administratifs et financiers et des gestionnaires de paie ont fortement augmenté (respectivement +8 % et +14 %) au sein des associations interrogées entre 2023 et 2024. « Ces évolutions traduisent une reconnaissance du caractère critique de ces compétences, mais elles interrogent la capacité du secteur à maintenir cet effort dans la durée », analyse l’étude.

La deuxième tension est liée aux exigences de plus en plus élevées des financeurs publics et privés, qui demandent aux associations de « professionnaliser leurs levées de fond et développer de nouvelles compétences en interne ». Ce qui crée de fortes pressions sur certains métiers, notamment les postes de développement mécénat. La rémunération médiane des chargés de développement mécénat a ainsi augmenté de 14 % entre 2023 et 2024, passant de 31 000 euros bruts à 35 900 euros bruts annuels, tandis que leur ancienneté médiane est inférieure à un an. « Cette rotation élevée témoigne de la difficulté à fidéliser ces talents, très recherchés sur un marché désormais concurrentiel », indique l’étude.

Enfin, la troisième tension est liée aux incertitudes sur l’avenir : « la question de la soutenabilité de ces efforts se pose avec acuité », selon l’étude. En effet, « à court terme, le secteur devra concilier trois impératifs : pérenniser l’emploi, attirer les compétences nécessaires à sa transformation et assurer la viabilité de son modèle dans un environnement toujours plus instable ».  Une mission d’autant plus difficile dans un contexte de désengagement des pouvoirs publics à soutenir leur action.

 


À lire aussi : Le monde associatif alerte sur sa situation à l’aube des mobilisations du 11 octobre 


Camille Dorival 

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