Face aux tensions budgétaires, les acteurs non lucratifs du sanitaire et du social appellent à « faire le choix des solidarités »
L’Uniopss, association réunissant les acteurs privés non lucratifs des secteurs sanitaire, social et médico-social , s’alarme du contexte économique et politique dans le pays. Elle appelle à « défendre le système de protection sociale » et lance en particulier l’alerte sur la situation des associations.

« Des sentiments d’inquiétude et de colère ». C’est avec ces mots que Daniel Goldberg décrit l'état d’esprit de l’Uniopss, l’association qu’il préside et qui réunit les acteurs de la santé et de la solidarité privés non lucratifs, en cette rentrée.
Devant la presse, il effectue d’abord le constat du « risque de dérapage réel de nos comptes publics dans le cadre d’une économie atone », d’une « crise politique et démocratique auto-entretenue par un débat public stérile » et d’une « absence de confiance croissante dans nos institutions ».
« Cela engendre de la colère dans la société française », estime-t-il. Une colère qui résulte également, d’après lui, « d’un sentiment d’injustice par rapport aux efforts demandé à chacun » et de « droits proclamés qui ne sont pas effectifs ».
Des annonces sans financements adéquats
« On ne peut plus être dans une parole publique qui n’est pas ou qui est peu suivie d’effet », détaille Daniel Goldberg. Sur la question de la santé mentale par exemple, désignée Grande cause nationale par le gouvernement en 2025, les actions tardent à être mises en œuvre.
« Aujourd’hui, la psychiatrie est saturée, les délais d’attentes dans les centres médico-psychologiques peuvent excéder un an », observe Raphaël Moreau, conseiller technique plaidoyer et santé à l’Uniopss, déplorant aussi des consultations dans le secteur privé « hors de prix ».
Alors que l'État a établi une feuille de route pour la santé mentale en 2018, le bilan est « décevant », continue-t-il, regrettant des « ambitions fixées sur des délais indéterminés » et une « absence de financement chronique ».
Daniel Goldberg constate les mêmes difficultés sur d’autres sujets, comme celui du grand âge et de l’autonomie : des discussions ont été engagées, avec l’organisation d’une Conférence nationale sur l’autonomie, réunissant des acteurs concernés, sans donner lieu pour l’instant à des mesures concrètes, selon lui.
La pauvreté n’a jamais été aussi élevée
Pour le budget de 2026, il demande des « décisions rapides » pour résoudre les difficultés économiques, tenant compte de la « soutenabilité économique et sociale de l’effort demandé ». Il rappelle notamment le « contexte d’augmentation de la pauvreté » : son taux (15,4 %) n’a pas été aussi élevé depuis 1996, selon l’Insee. À ce titre, le président de l’Uniopss souhaite une mobilisation dans les cinq années à venir pour le réduire, en dressant un parallèle avec la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Dans un Document de rentrée sociale, l’organisation précise diverses propositions pour les politiques publiques dans les champs de la santé, du social et du médico-social, pour répondre aux défis mentionnés. De manière générale, Daniel Goldberg appelle à « faire le choix des solidarités », en particulier en « défendant le système de protection sociale mutualisé et collectif » et par la promotion du « rôle des acteurs privés non lucratifs ».
Des associations qui n’ont plus les moyens nécessaires
Il lance d’ailleurs l’alerte sur les difficultés de financière rencontrées par nombre d’associations en France, dont une partie des membres du réseau.
Plusieurs facteurs sont en cause. D’abord, la baisse des financements publics, alors qu’ils ne correspondent déjà pas aux « besoins » et aux charges auxquelles elles font face, selon Daniel Goldberg. Ensuite, une tendance à remplacer « les visions budgétaires pluriannuelles » par des « appels à projets précaires » et des « crédits non reproductibles ». Troisième facteur : dans le secteur des solidarités et de la santé, la « concurrence de nouveaux acteurs lucratifs » apparus « depuis vingt ans », alors que les « mécanismes d’optimisation des profits assis sur les allocations publiques aux personnes ne sont pas ou sont peu régulés », fustige le président de l’Uniopss.
« Exiger toujours plus, demander de faire mieux, de transformer l’offre et financer toujours moins, cela n’est plus acceptable et ce n’est plus accepté », prévient-il.
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Célia Szymczak