Aller au contenu principal
Par Carenews INFO - Publié le 24 mai 2023 - 14:22 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 10:19 - Ecrit par : Célia Szymczak
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Festival de Cannes : le sexisme dans le cinéma sous les projecteurs

À l’occasion du festival, des personnalités du secteur se sont exprimées en dénonçant l’ampleur des violences sexistes et sexuelles dans le cinéma. Les organisateurs, eux, défendent leurs engagements paritaires.

Crédits : iStock.
Crédits : iStock.

 

Dans le film L’amour et les forêts de la réalisatrice Valérie Donzelli, Blanche subit l’emprise et les violences de son conjoint Grégoire. L’auteur de l’ouvrage dont il est adapté, Éric Reinhardt, évoque un film « politique et engagé » et espère qu’il poussera des femmes victimes d’une emprise similaire à s’en soustraire et à « passer à l’offensive. » La présentation de ce film, hors compétition au Festival de Cannes, témoigne-t-il d’une révolution féministe en cours au Festival ? 

 

Des engagements paritaires ? 

 

Sur le site officiel du Festival, on peut en tout cas lire que « le Festival compose chaque année une Sélection officielle aussi exigeante qu’attentive à la diversité et à la parité. » Sur la même page, il est rappellé « quelques repères récents », comme la nomination en 2022 de la première femme présidente du Festival Iris Knobloch ou le fait que des réalisatrices aient remporté les quatre « prix les plus prestigieux des différentes compétitions » en 2021. 

 

Pourtant, selon le Collectif 50/50, le Festival est « encore et toujours bien loin de la parité femmes/hommes. » L’association, créée par des professionnels du secteur, est engagée pour « la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel. » Elle a publié le 20 mai une étude qui évalue la parité dans les sélections, les palmarès et les équipes de direction de plusieurs festivals de cinéma internationaux et notamment de celui de Cannes. Bilan : la part de réalisatrices sélectionnées en Compétition officielle « atteint 33 % cette année, ce qui est un record. » Mais en 76 éditions, 1 697 films présentés en Compétition officielle ont été réalisés par des hommes et 93 par des femmes. Ces dernières n’ont obtenu que deux palmes d’or - Jane Campion pour La leçon de piano et Julia Decourneau pour Titane - , et seuls 17 % des jurys avaient une femme à leur tête. 

 

Un milieu délétère ?

 

Au-delà du Festival, le secteur est régulièrement pointé du doigt, accusé d’être le théâtre de nombreuses violences sexistes et sexuelles. Six jours avant l’ouverture de l'édition 2023, le magazine Télérama publie un courrier d’Adèle Haenel. Elle y confirme son arrêt du cinéma et dénonce la « complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide et raciste du monde. » L’actrice avait fait grand bruit en quittant la cérémonie des Césars en 2020. Elle s’opposait alors à l’attribution du César de la meilleure réalisation à Roman Polanski, pourtant accusé de viols et d’agressions sexuelles, y compris sur mineures. 

 

Si cette prise de position ne fait pas l’unanimité, elle suscite de nombreuses réactions et place le sujet sur le devant de la scène. Le 16 mai, jour de l’ouverture du Festival, 123 actrices et acteurs saluent dans Libération « la décision d’Adèle Haenel de ne plus se taire. » Ils et elles dénoncent un « système dysfonctionnel qui broie et anéantit » et déclarent subir «  bien trop souvent des agressions sexuelles, du harcèlement moral et du racisme au sein même de nos lieux de travail. » Ils condamnent aussi  les « décisions prises » par le Festival : « En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le Festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d'exercer des violences en toute impunité, que la violence est acceptable dans les lieux de création. » 

 

Les auteur·rice·s font probablement référence à la projection du  film de Maïwenn, Jeanne du Barry, présenté en ouverture du Festival. La réalisatrice donne le premier rôle à Johnny Depp, alors qu'il a fait l’objet de procès relatifs à des violences conjugales sur son ex-femme Amber Heard. L’acteur a pourtant bénéficié d’une standing ovation de sept minutes avant la projection du film. 

 

 

La rédaction 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer