Finance solidaire : encore un effort !
À l’occasion de la Semaine de la finance solidaire, FAIR, France Active et OpinionWay dévoilent un baromètre exclusif sur l’épargne solidaire.
Un Français sur quatre dispose d’une épargne à finalité solidaire : c’est ce qui ressort du baromètre OpinionWay « Les Français et l’épargne solidaire » réalisé à la demande de FAIR, le collectif des acteurs de la finance solidaire, et de France Active. Ce baromètre a été dévoilé en amont de l’organisation de la 16e Semaine de la finance solidaire, qui aura lieu du 13 au 20 novembre 2023.
Comme l’explique Patrick Sapy, directeur général de FAIR, « l’épargne solidaire est un segment particulier de l’épargne durable, qui permet de flécher de l’épargne vers le financement de projets à forte utilité sociale et/ou environnementale, notamment des projets portés par des acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) ». Elle se distingue notamment de l’investissement socialement responsable (ISR), qui finance des projets de transition écologique majoritairement portés par des entreprises cotées sur les marchés financiers.
Un encours total de 26 milliards d’euros
Le montant total de l’épargne solidaire en France atteint 26,3 milliards d’euros en 2022. « Ce qui est certes important, mais n’est qu’une goutte d’eau par rapport à l’ensemble de l’épargne des Français, qui représente 6 000 milliards d’euros », souligne Patrick Sapy.
L’épargne solidaire est composée en réalité d’une grande variété de produits. Elle est collectée essentiellement par trois canaux : l’épargne salariale solidaire (qui représente 15 milliards d’euros), les produits solidaires distribués par des banques (produits de partage, assurances-vie solidaires, etc.), et l’actionnariat solidaire, qui consiste à investir dans des entreprises de l’ESS ou des entreprises à impact social, directement ou par l’intermédiaire de plateformes.
Un fort développement ces dernières années
Cette forme d’épargne a fortement progressé ces dernières années grâce à des réglementations favorables, mais aussi grâce une appétence de plus en plus forte des Français à soutenir des projets à dimension sociale ou environnementale.
Mais elle se heurte à deux écueils mis en évidence par le baromètre OpinionWay. D’une part, un contexte économique qui ne favorise pas l’épargne de manière générale. Ainsi, 33 % des personnes interrogées par OpinionWay indiquent qu’elles épargneront moins en 2024 qu’en 2023, soit six points de plus que l’année dernière. 28 % indiquent qu’elles ne mettront pas d’argent de côté en 2024 (+ 2 points).
Deuxième écueil : la plupart des personnes interrogées s’estiment mal informées sur la finance solidaire. Ainsi 66 % considèrent qu’elles n’ont pas assez d’informations sur la façon dont l’argent est utilisé et investi par les fonds solidaires. Un chiffre en baisse néanmoins de trois points par rapport à 2022, grâce à l’effort de pédagogie – visiblement encore insuffisant – mis en œuvre par les acteurs.
Un potentiel énorme pour financer les projets d’utilité sociale
« Bref, souligne Patrick Sapy, ces résultats sont encourageants, mais nous avons encore du boulot ! ». Pierre-René Lemas, ancien directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), aujourd’hui président de France Active, insiste quant à lui sur l’importance de développer ces formes de financement des entreprises à vocation écologique et sociale : « C’est un levier énorme pour permettre à ces projets de se développer et de contribuer au dynamisme des territoires », estime-t-il.
Camille Dorival 
