Finance solidaire : une croissance solide, mais plus faible que les années précédentes
FAIR et La Croix publient leur baromètre annuel à propos de la finance solidaire. Celle-ci connaît une croissance relative historiquement faible.
La finance solidaire continue de gagner du terrain en France. L’encours global a progressé de 7,4 % entre 2021 et 2022 pour atteindre 26,3 milliards d’euros. C’est le principal enseignement de la 21e édition du Baromètre de la Finance Solidaire de FAIR et de La Croix publié le 13 juin.
Il s’agit de la plus faible croissance relative depuis la crise financière de 2008. À titre de comparaison, l’année dernière, l’encours global avait progressé de 26 %. En revanche, il s’agit de la cinquième plus forte croissance en volume avec une hausse de 1,8 milliard d’euros.
Des résultats solides dans un contexte tendu
Alors que les marchés financiers connaissent un contexte tendu, ces résultats apparaissent comme solides. Ainsi, la part de la finance solidaire dans l’épargne des ménages atteint désormais 0,45 %.
La plus faible croissance est à trouver du côté de l’épargne bancaire solidaire : 5,5 % pour atteindre 10 milliards d’euros d’encours. Une tendance en partie expliquée par un phénomène : « il y a eu une décollecte sur certains livrets à cause du pouvoir d’achat qui a poussé des gens à déplacer l’argent vers des livrets A », constate le directeur général de FAIR, Patrick Sapy. Les collecteurs d’épargne solidaire ont connu une année en demi-teinte avec certains ayant réussi à collecter de manière significative et d’autres ayant perdu des clients.
L’épargne salariale solidaire en forme
En revanche, l’épargne salariale solidaire connaît toujours une croissance forte : 8,5 % pour atteindre 15,3 milliards d’euros notamment grâce à un nombre toujours plus grand d’entreprises s’équipant en la matière. Enfin, l'épargne collectée directement par les entreprises solidaires connaît une croissance de 9 % pour frôler le milliard d’encours (991 millions d’euros). « Cette épargne est très dynamique avec l’arrivée de beaucoup de nouveaux épargnants sur ce créneau grâce notamment à la notoriété acquise par les entrepreneurs sociaux via les réseaux sociaux ». Cette croissance est portée par un petit nombre d’acteurs très actifs tels que Habitat & Humanisme ou Lita.co.
Qu’en est-il de l’investissement dans des projets solidaires ?
Mais que font les acteurs de cet argent ? À quel point l’ont-ils investi ? L’investissement a fortement augmenté en 2022 puisque les acteurs de la finance solidaire ont placé 841 millions d’euros dans des projets solidaires, soit une croissance de 22 % par rapport à 2021. Un chiffre important qui correspond à un rattrapage du retard accumulé durant les années covid.
Les projets environnementaux ont largement gagné en importance dans la finance solidaire avec une hausse de 114 % en un an des financements fléchés vers cette thématique. Ainsi, 28 % des flux sont désormais dirigés vers ces projets, qu’ils portent sur l’énergie renouvelable, le bio ou encore l’économie circulaire. Le financement des projets à utilité sociale représentent 62 % de l’ensemble des flux de financement. Ils ont connu une hausse de 4 % en 2022. En revanche, la solidarité internationale connaît une baisse du flux de 13 %. Elle représente désormais 7 % de l’ensemble. « Les épargnants favorisent des projets sur leur territoire plutôt que des institutions à l’international », constate Patrick Sapy.
Théo Nepipvoda