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Par Carenews INFO - Publié le 4 novembre 2025 - 07:55 - Mise à jour le 4 novembre 2025 - 10:28 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Finance Watch s’intéresse aux objectifs climatiques des banques européennes

L’ONG Finance Watch a analysé les objectifs de décarbonation d’un échantillon de banques européennes et les plans qu’elles définissent pour les atteindre, s’ils existent. Une directive européenne, la CSRD, encadre la publication de ces informations.

Les banques font parties des entreprises soumises à la directive européenne sur les rapports de durabilité des entreprises. Crédit : Wanan Yossingkum  / iStock?
Les banques font parties des entreprises soumises à la directive européenne sur les rapports de durabilité des entreprises. Crédit : Wanan Yossingkum / iStock?

 

 

Comment les banques européennes prévoient-elles de limiter leur contribution au changement climatique ? Finance Watch, une ONG européenne qui a pour objectif de « défendre l’intérêt général dans le domaine de la réglementation financière » et qui regroupe plusieurs membres dont la Fondation pour la nature et pour l’Homme, Greenpeace ou Oxfam, s’est intéressée à la question, dans une note publiée le 4 novembre.  

Pour évaluer les engagements climatiques des banques, l’ONG s’appuie sur la directive européenne sur les rapports de durabilité des entreprises, dite CSRD. Ce texte, mis en œuvre pour la première fois en 2024, impose aux entreprises de rendre compte publiquement des risques que font peser sur leur performance économique les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance, et des risques que leur activité fait peser sur ces enjeux. Dans ce cadre, elles peuvent définir un plan de transition, qui détaille la façon dont elles vont rendre leur modèle économique compatible avec les objectifs internationaux de limitation du changement climatique. Cela signifie notamment qu’elles doivent définir des objectifs et des leviers de décarbonation, ainsi que des indicateurs de suivi et préciser les moyens financiers associés.  

 

Des cibles sans plan de transition  

 

Finance Watch s’est intéressée aux publications de 64 banques de 17 pays européens, représentant environ trois quarts des actifs du secteur bancaire sur le continent. 91 % des banques de l’échantillon ont publié des rapports de durabilité. 

Les auteurs indiquent que 14 % des banques ayant réalisé des rapports n’ont pas de cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Parmi celles qui en ont, les cibles varient dans leur niveau d’ambition, et leur crédibilité pourrait être difficile à évaluer », précisent les auteurs.  

De plus, le fait d’avoir des cibles de réduction des émissions « ne garantit pas l’existence d’un plan de transition complet », soulignent-ils. Ainsi, 21 % des banques ayant réalisé un rapport et fixé des cibles de réduction des émissions n’ont pas de plan de transition, tandis que 5 % ont publié un plan de transition « partiel ». Pour celles qui ne l’ont pas réalisé, ou s’il n’est pas « adéquat », Finance Watch « fait part de ses inquiétudes concernant la crédibilité des cibles de réduction des émissions communiquées ».   

 

Une nécessité d’harmoniser les pratiques 

 

« Quelques banques » rendent public un plan de transition aligné avec un objectif allant au-delà d’un scénario de réchauffement climatique de 2°C, ce qui ne correspond pas aux cibles fixées à l’échelle internationale par l’accord de Paris sur le climat. Cependant, rendre compte d’un plan de transition qui ne soit pas aligné avec ses objectifs, « par rapport à la simple publication des objectifs, fournirait davantage d’informations contextuelles sur les efforts de l’établissement », indique Finance Watch.  

Le format dans lequel sont publiés les plans de transition compte aussi. « Certaines banques présentent leurs plans et leurs cibles de réduction des émissions seulement dans une version écrite, qui peut être difficile à interpréter », pointe Finance Watch. D’autres banques utilisent des représentations visuelles ou des tableaux. Compte tenu de ces différences, « comparer les plans de transition entre les banques et identifier les plus ambitieux reste difficile » indique l’ONG, qui recommande d’encadrer cette publication.  

De manière générale, l’Union européenne devrait envisager de « davantage harmoniser les pratiques de reporting », soutiennent les auteurs. « Renforcer la comparabilité est essentiel pour améliorer la crédibilité et la facilité d’usage des informations des plans de transition par les investisseurs et autres parties prenantes. La persistance d’une mise en œuvre inégale accroît les risques de greenwashing, qu’il soit volontaire ou non », ajoutent-ils.  

 

Des informations relatives à la réforme de la CSRD

 

Une réforme de simplification de la CSRD est en cours, dans le but d’alléger les contraintes auxquelles font face les entreprises et d’améliorer leur compétitivité. Dans ce cadre, la Commission européenne propose de réduire significativement les indicateurs obligatoires à renseigner.  

L’analyse de Finance Watch apporte des éléments dans le débat. Certaines banques ne sont pas encore concernées par la CSRD, puisque que leur pays n'a pas encore transposé la directive dans leur droit national. Or, 76 % de ces banques ont tout de même publié un plan. Cela signifie que « la plupart des banques de l’échantillon ont déjà intégré les coûts de mise en œuvre de la CSRD ». Les auteurs en déduisent que les économies qui pourraient être attendues de la baisse du nombre de points de données requis, proposée par la Commission, seraient réduites. 

Par ailleurs, la Commission européenne suggère de limiter le nombre d’entreprises concernées par la CSRD et de restreindre les obligations à celles embauchant 1 000 salariés. En effet, pour l’instant, toutes les entreprises de plus de 250 salariés, ayant un chiffre d'affaires supérieur à 50 millions d’euros et un bilan supérieur à 25 millions d’euros et les PME cotées ayant un chiffre d'affaires supérieur à 900 000 euros et un bilan supérieur à 450 000 euros sont concernées.  « Plus le nombre d’entreprises de taille moyenne exclues des obligations de reporting est important, plus il va être difficile pour les banques de collecter les données nécessaires auprès de leurs clients, ce qui va accroître les coûts de mise en conformité » avec la directive, estiment aussi les auteurs.

 

Célia Szymczak 

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