Home Index : 3 questions sur le nouveau index d’impact environnemental de Leroy Merlin
Après le nutri-score, voici le Home Index ! De la même façon que vous mesurez les composants naturels ou chimiques des produits alimentaires, vous allez pouvoir connaître l’impact environnemental des articles dédiés à l’habitat et à la décoration. Révolution ou petit pas vers plus de durabilité du secteur du bricolage ? Éléments de réponses avec Alice Fruchart, responsable métier sur l’Offre plus durable de Leroy Merlin.
Alice Fruchart est responsable métier sur l’Offre plus durable de Leroy Merlin. Elle travaille dans les équipes produits au sujet de l’impact social et environnemental. Home Index est un indicateur de scoring des produits. Elle nous explique comment est née l’idée du Home Index pour passer au crible les produits de bricolage de l'enseigne et les enjeux pour ce secteur.
- À quelle stratégie RSE correspond cet outil de scoring ?
Alice Fruchart : Le projet est né en 2019 à la suite de l‘écriture de la stratégie du groupe Adeo, maison-mère de l'enseigne Leroy Merlin, autour de l’amélioration continue des produits en interne. La stratégie s’appuie sur six piliers : ressources (matières premières), conditions de production, emballages et écolabels des produits, impacts sur la santé, consommations en ressources et énergie, durées de vie des produits et leur réparabilité.
Nous nous sommes rendu compte qu’il nous manquait un outil de mesure de la performance des produits. C’est ainsi que le Home Index est né. C’est en lien direct avec la stratégie RSE, mais appliquée aux produits. Une des parties de la stratégie Impact positif du groupe est de mesurer l’impact carbone des produits, et 90 % d'entre eux concentraient la principale empreinte carbone de l'entreprise. Il fallait donc jouer sur ce point pour améliorer l’impact environnemental de l'entreprise.
- Comment est construit le Home Index ?
A.F : La note de A à E correspond à 26 critères au total. Aujourd’hui, 6 % des produits sont notés en A, 30 % en B, 40 % en C et 14 % en D. Il n’y a pas de E sur nos marques propres. Notre objectif est d’être à 50 % sur les scores de A et B en 2025 sur tous les produits.
Les notes visibles à date sont celles des produits en marque propre de Leroy Merlin, soit 34 000 articles. À partir de fin avril, nous publierons les notes sur des produits de marques nationales. Sur 180 fournisseurs qui ont signé la charte, cela pourrait représenter 30 000 références dont nous afficherons leur scoring sur les 300 000 présentes dans nos magasins.
C’est un premier pas. Nous commençons par les fournisseurs qui ont le plus de visibilité chez nous. Notre objectif est d’embarquer l'ensemble de nos fournisseurs pour que notre outil soit visible par le plus grand nombre et qu'il devienne universel. Le but est d’éviter que chaque enseigne ait un outil de scoring différent. C’est la raison pour laquelle il est en open source pour proposer une démarche d’ouverture à d'autres enseignes du secteur du bricolage. Autre innovation, être un indicateur global pas uniquement sur le carbone, mais sur l’impact environnemental et social.
- Peut-on parler d’un changement sectoriel ?
A. F : Le secteur du bâtiment est considéré comme un des plus pollueurs. Leroy Merlin est leader en France sur le bricolage, l'habitat et la décoration sont des sources importantes d’émissions carbone. Il était nécessaire de le transformer. Il n’existait pas d'outil pour permettre aux clients d’en savoir plus sur la composition et l’origine des produits. Nous pensons que c’est un cercle vertueux. Les produits bien notés se vendront mieux, et nous en proposerons de plus en plus. C’est ainsi que le secteur se transformera.
Il y a encore des incertitudes sur l’impact business qu’engendrerait le fait que certains fournisseurs n’aient pas encore de visibilité sur leur note. Passée l’étape de l’explication de la méthode du scoring, ils sont en général d’accord pour signer la charte. C’est une démarche qui prend du temps, nous avons 1 800 fournisseurs référencés.
Nous avons commencé par publier les notes de nos marques propres en décembre pour montrer à nos fournisseurs que nous avions plus de 75 % des produits qui étaient notés C ou D. C’est une façon de poser le constat et de s’améliorer tous ensemble. L’index doit être perçu comme un vrai sujet stratégique dans l’entreprise. Un fournisseur qui refuserait d’améliorer sa note pourrait à terme ne plus être référencé.
Christina Diego