L'activité d'un quart des associations de solidarité en « danger immédiat », alerte la FAS
Plus de la moitié des structures accompagnant les personnes en situation de précarité constatent une dégradation de leur trésorerie ces dernières années et une sur quatre dispose de moins de deux mois de liquidité, alerte la Fédération des acteurs de la solidarité. En cause : des retards et une incertitude dans les financements publics, mais aussi l’inflation et l’augmentation des besoins.

Une alerte de plus sur la situation financière des associations. Une « bonne partie » de celles qui accompagnent des personnes en situation de précarité est « en voie de disparition », avertit la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), un réseau de plus de 900 structures agissant pour l’insertion par l’activité économique, l’hébergement ou encore dans le médico-social. Elle a mené une enquête auprès de 127 organisations adhérentes, « permettant une représentation de la diversité du secteur », ainsi qu’un audit comptable auprès de 29 associations et des entretiens qualitatifs. Les résultats ont été rendus publics le 6 octobre.
Plus de la moitié des structures (50,5 %) constatent une dégradation de leur trésorerie sur les trois dernières années. 18,9 % ont connu des découverts bancaires récurrents sur les deux dernières années. Près d’un quart d’entre elles (24,4 %) dispose de moins de deux mois de liquidité, ce qui met « leur activité en danger immédiat ». « Cette crise de trésorerie constitue un risque systémique majeur de défaillances de nombreux acteurs », déplore la FAS.
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Une incertitude sur les financements
Plusieurs facteurs expliquent cette situation : le « vote tardif de la loi de finances » pour 2025, d’abord, a causé des retards dans le versement des financements publics, puisque « de nombreuses associations ayant répondu à l'enquête n’avaient pas encore perçu leurs financements en juin ». Si elles perçoivent cet argent public, c’est notamment pour « mettre en œuvre une grande part de politiques publiques d’aide sociale » décidées par l’État et les collectivités locales, pointe la FAS.
Par ailleurs, la part des financements pluriannuels s’élève à moins de 25 % pour près de la moitié (48 %) des répondants. Or, les financements annuels ne donnent « aucune visibilité aux associations » et « génèrent des missions administratives supplémentaires pour toutes les parties, coûteuses et éloignées de la mission principale de l’association », en raison de la « multiplication » des rapports et des contrôles par exemple, peut-on lire dans l’enquête de la FAS. Une association comptant 200 salariés a ainsi indiqué au réseau que la « recherche et justification de financements » représentait « désormais » 15 % de ses coûts de fonctionnement. « Impossible de savoir sur quels financements compter avant la fin du deuxième trimestre », témoigne aussi une association anonymisée dans l’enquête.
Des besoins en augmentation
Au-delà des retards et de l’incertitude des versements, 68 % des associations interrogées pointent le rôle des revalorisations salariales, 58 % de l’évolution en volume des activités existantes – la FAS met en avant « l’augmentation de la pauvreté », qui atteint un niveau jamais égalé depuis 1996 selon l’Insee. 50 % des répondants estiment que l’inflation est l’une des causes principales de leur situation budgétaire. Une association ayant un budget de cinq millions d’euros a par exemple « calculé que la non-compensation de l’inflation représente une perte équivalente à trois postes d’accompagnants sociaux par an », font valoir les auteurs de l’enquête.
En conséquence, 30 % des structures répondantes seront dans une situation « critique » d’ici à fin 2025 et 40 % auront besoin d’un « soutien exceptionnel » d’ici à 2027, d’après les projections de la FAS.
Pour faire face à cette situation, la fédération demande notamment « un mécanisme d’urgence de stabilisation financière pour les structures en grande fragilité », des « financements pluriannuels garantis » ou une indexation de ces financements sur l’inflation.
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Célia Szymczak