L’Ademe recense 421 000 emplois liés à la transition énergétique en France
L’Ademe a publié son étude annuelle sur les marchés et les emplois associés à la transition énergétique. Si tous les secteurs connaissent une croissance de leur chiffre d’affaires et de leurs besoins en emplois, ils doivent cependant faire face à une balance commerciale de plus en plus déficitaire et à un besoin de compétences.
Quel est le poids des secteurs liés à la transition énergétique en termes de chiffre d’affaires et d’emplois en France ? La question est analysée par l’Agence de la transition écologique (Ademe) depuis 2008 qui dresse chaque année un état des lieux des marchés et des emplois associés à près d’une quarantaine de filières de la transition énergétique réparties en trois principaux secteurs : les « transports terrestres sobres en énergie et peu émetteurs », les bâtiments résidentiels et les énergies renouvelables et de récupération (EnR&R).
Selon la dernière actualisation de l’étude, qui porte sur la période allant de 2020 à 2022 et sur les prévisions à court terme, l’ensemble des trois secteurs cités affiche pour 2022 un chiffre d'affaires de plus de 113 milliards d’euros, soit 3,6 fois leur niveau de 2006 et une hausse de 41 % par rapport à 2020. Entre 2006 et 2022, le chiffre d’affaires du marché a augmenté de 257 %.
421 300 emplois directs associés, calculés en équivalents temps plein (ETP), sont également recensés pour 2022, ce qui représente une hausse de 24 % par rapport à 2020 et plus du double du nombre d’emplois recensés en 2006.
Le secteur des transports terrestres sobres porté par le transport collectif et le Grand Paris
En termes de chiffres, le premier de ces trois secteurs est celui de l’investissement dans les transports terrestres sobres en énergie et peu émetteurs, qui comprend des véhicules hybrides, électriques et utilitaires à pédales ou roulant au gaz naturel, ainsi que les différentes infrastructures et les équipements des transports collectifs, les équipements de recharge pour les véhicules électriques, les stations d’avitaillement pour les véhicules roulant au gaz naturel et les stations de vélos en libre-service.
En 2022, le chiffre d’affaires dans ce secteur a enregistré une hausse de 49 % par rapport à 2020 pour atteindre 50,3 milliards d’euros. Depuis trois ans, il est aussi le premier secteur en termes d’emplois analysés par l’Ademe dans son étude. Il représentait ainsi 137 170 emplois en 2022.
Les transports terrestres sobres et peu émetteurs sont portés par les infrastructures et les équipements de transports collectifs, met en avant l’économiste et cheffe de projets transition énergétique Saghar Saïdi lors de la présentation de l’étude mardi 24 septembre à Paris.. « Après la livraison des infrastructures du Grand Paris en 2025 et 2026, il faudra anticiper une baisse des investissements », complète cependant le chercheur Maxime Ledez.
À lire également : Les véhicules intermédiaires : moyen de transport du futur ?
Des besoins en emplois du côté des énergies renouvelables et de récupération
Le secteur des énergies renouvelables et de récupération vient en deuxième position en affichant un chiffre d’affaires de 34,2 milliards d’euros pour 2022, soit une augmentation de 39 % par rapport à 2020. La même année, il totalisait 91 190 emplois.
Ce secteur regroupe entre autres les filières du solaire photovoltaïque et thermique, de l’éolien terrestre et de l’hydroélectricité mais aussi des pompes à chaleur, des appareils de chauffage de bois ou encore des biocarburants et de la valorisation énergétique des déchets ménagers et assimilés.
« Dans ce secteur, il y a un besoin fort en emplois », analyse Saghar Saïdi. Le secteur connaît en effet un retard de développement. D’un point de vue européen, la France est le seul pays à ne pas avoir rempli ses objectifs sur la part des énergies renouvelables.
En 2022, le bois, l’hydraulique, l’éolien et le solaire ne représentaient que 19,1 % de la consommation finale brute énergétique de l’Hexagone, alors qu’ils auraient dû en constituer au moins 23 %, selon une directive européenne de 2009. Il sera peut-être néanmoins porté par l’éolien en mer qui sera inclus l’année prochaine dans l’analyse de l’Ademe.
Le secteur du bâtiment résidentiel, qui comprend les travaux de rénovation, les équipements d’eau chaude sanitaire utilisant une énergie renouvelable ou encore les appareils de régulation du chauffage posés en rénovation, représentait quant à lui un chiffre d’affaires de 16,7 milliards d’euros en 2022, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2020. En 2022, il totalisait 177 670 emplois. « La pose de chauffe-eaux thermodynamiques en particulier a explosé depuis deux ans », note Saghar Saïdi qui met en avant un besoin supplémentaire de 30 000 emplois dans ce secteur.
Enfin, les énergies renouvelables utilisées dans la rénovation de bâtiments, à cheval entre les deux derniers secteurs et calculées à part, représentent 10 % de parts du marché avec une hausse de 70 % de leur chiffre d’affaires en deux ans. Elles représentent 75 200 emplois.
Une balance commerciale de plus en plus déficitaire
Si tous les secteurs analysés par l’Ademe dans son étude annuelle enregistrent une hausse de chiffre d’affaires et d’emplois, « la balance commerciale se creuse », alerte Saghar Saïdi. Le déficit dans les secteurs étudiés est passé de 8 milliards d’euros en 2020 à plus de 18 milliards d’euros en 2024.
Les deux tiers de ce déficit proviennent des véhicules électriques importés, précise l’économiste. Du côté des énergies renouvelables et de récupération, l’importation est imputable en grande partie au secteur photovoltaïque.
« Il faut cependant mettre en parallèle avec les importations de véhicules thermiques évitées », nuance Saghar Saïdi.
Certaines filières de la transition énergétique sont en avance par rapport aux objectifs fixé par l’État, tandis que d’autres, comme la rénovation thermique des parois opaques, ont pris du retard.
Élisabeth Crépin-Leblond