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Par Carenews INFO - Publié le 6 novembre 2024 - 17:24 - Mise à jour le 22 novembre 2024 - 17:18 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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L’ANTISÈCHE - Au fait, c’est quoi le rapport Meadows ?

« Les limites à la croissance », souvent qualifié de « rapport Meadows », est un ouvrage de recherche publié en 1972. Il aborde l’impossibilité d’une croissance économique infinie et l’inéluctable pénurie des matières premières à venir. Devenu aujourd’hui un texte de référence, il pose la question des limites planétaires et d’un modèle économique à redéfinir.

Le but du rapport Meadows était de s’interroger sur les limites de la croissance économique, dans un monde fini. Crédit : Carenews
Le but du rapport Meadows était de s’interroger sur les limites de la croissance économique, dans un monde fini. Crédit : Carenews

 

Publié le 1er octobre 1972, le rapport des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) intitulé « Les limites à la croissance (dans un monde fini) » aborde les liens entre les conséquences écologiques de la croissance économique, la limitation des ressources et l’évolution démographique. 

Surnommé le « rapport Meadows », du nom de deux de ses principaux auteurs, les écologues Donella et Dennis Meadows (avec l’économiste Jorgen Randers), ou « rapport du club de Rome », du nom du think tank basé en Suisse qui l’a commandé, il a connu un succès important à sa sortie avant d’être oublié puis redécouvert. Redevenu aujourd’hui un ouvrage de référence, il a été mis à jour en 1992, 2004 et 2012. 

  

Des scénarios qui conduisent à l’inéluctable pénurie des ressources  

  

Le but du rapport Meadows était de s’interroger sur les limites de la croissance économique, dans un monde fini. 

Pour répondre à la question, les auteurs élaborent douze scénarios simulés par un modèle mathématique. Au début des années 1970, les croissances démographique et économique sont en pleine expansion, doublant tous les 32 ans pour la première et tous les dix ans pour la seconde.  

Selon les auteurs du rapport, le monde peut être perçu comme un ensemble global dont les parties sont interdépendantes. Le développement économique dépend ainsi de la croissance économique, elle-même stimulée par la croissance démographique et l’exploitation des ressources naturelles.  

Mais cette croissance économique provoque aussi de la pollution qui, couplée à une utilisation excessive des ressources naturelles, conduira à un recul économique ou démographique, peut-on lire dans le rapport. Quels que soient les scénarios envisagés, la croissance économique est ainsi vouée à s’arrêter faute de matières premières, ou la population à diminuer faute de nourriture ou en raison de conflits armés

Les progrès scientifiques et techniques ne pourront de leur côté que repousser l’échéance de la pénurie, sans la faire disparaître et en augmentant potentiellement les conséquences de la pollution. Plus la prise de décision sera tardive, plus elle sera difficile à mettre en place, conclut le rapport. 

  

La nécessité de repenser le modèle économique 

  

En 1972, les auteurs du rapport Meadows estiment que le monde dispose de 50 ou 100 ans avant d’être confronté à des pénuries de matières premières en commençant par le pétrole, le gaz, les minerais et l’eau. Ils recommandent alors aux différents dirigeants de réguler la croissance économique pour éviter une multiplication des crises, des famines et des guerres et préconisent de stabiliser la population mondiale. 

Dans les scénarios envisagés par le rapport, les seuls qui ne conduisent pas à un effondrement sont ceux qui abandonnent la recherche d’une croissance exponentielle sans limite. Mais en pleines Trente glorieuses, le modèle basé sur la croissance économique n’est pas remis en question. « 50 ans après, les dégâts s’empilent les uns sur les autres et nous rentrons dans une ère de bascule », a estimé en 2022 Dennis Meadows lors d’une interview sur France culture. 


  

Une réception en demi-teinte 

  

Les réflexions sur la croissance économique que le rapport Meadows a lancées ont néanmoins conduit à l’émergence du concept de développement durable, défini en 1987 par le rapport Brundtland. 

En 2008, un article du chercheur Graham Turner a entrepris de comparer les données numériques liées à la population, à la production et à la consommation de ressources depuis les années 1970 avec les prévisions établies par le rapport. Son analyse, qui a relevé des données proches du scénario « business as usual » du rapport, se conclut par l’affirmation selon laquelle « le système mondial suit une trajectoire qui n’est pas durable, sauf s’il se met à réduire, rapidement et de manière substantielle, son comportement consomptif tout en améliorant ses progrès technologiques ». 

En 2017, plus de 15 000 scientifiques ont lancé l’appel « World Scientists’ Warning to Humanity : a second notice » dans lequel ils estiment qu’il y a un impératif moral à agir en faveur de la planète et à limiter la consommation matérielle intense au regard de l’aggravation des défis environnementaux depuis 1992. 

Aujourd’hui, plusieurs courants de pensée essaient de penser un système économique affranchi de la croissance économique, comme les théories de la décroissance ou de la post-croissance. De nombreux acteurs appellent également à plus de sobriété dans l’usage des ressources naturelles et des matières premières. 

Depuis les années 1970, des critiques se sont également levées contre le rapport, notamment contre la méthode de calcul utilisée, par les économistes libéraux Friedrich Hayek et Wilfred Beckerman ainsi que par l’Autrichien Gottfried Haberler. Le refus d’un contrôle démographique ou encore la nécessité d’une répartition des richesses dans le monde ont également été mis en avant. 

 

Élisabeth Crépin-Leblond

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