L’ANTISÈCHE – Au fait, c’est quoi une coopérative agricole ?
Trois agriculteurs sur quatre font partie d’au moins une coopérative agricole. Comment sont organisées ces coopératives qui sont gérées par les agriculteurs eux-mêmes et dont ils détiennent les parts sociales ?
En France, le modèle coopératif est bien implanté dans le secteur agricole depuis le 19e siècle. Une société coopérative agricole est une entreprise créée et gouvernée par les agriculteurs. Les membres de la coopérative, appelés sociétaires ou coopérateurs, en détiennent des parts sociales et élisent des représentants au conseil d’administration de la structure. Cet organe est présidé par un agriculteur élu parmi les administrateurs.
Comme toutes les coopératives, les coopératives agricoles sont des sociétés de personnes qui fonctionnent selon le principe « une personne = une voix » et cela quel que soit le poids économique de chacun des sociétaires.
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Les agriculteurs, sociétaires de l’entreprise, lui vendent les produits végétaux ou animaux. En général, les prix de vente, fixés selon la loi de l’offre et de la demande, sont légèrement plus élevés que lors de l’achat par des entreprises classiques. Tous les agriculteurs sont payés au même prix quelle que soit la taille de leur exploitation.
Du stockage jusqu’à la commercialisation
Ces coopératives permettent de mutualiser l’utilisation des outils de production, de stockage, la transformation des produits ou encore leur commercialisation. Des marques, très connues pour certaines, sont rattachées aux coopératives. Les résultats de l’entreprise sont répartis à parts égales entre les agriculteurs sociétaires. Une partie est réinvestie directement dans l’entreprise. La coopérative a également un rôle d'accompagnement et de formation des producteurs pour les faire évoluer dans leurs pratiques.
Ce modèle n’est pas marginal, puisque l’Hexagone compte 2 300 coopératives agricoles selon un décompte de la Coopération agricole, syndicat professionnel de ces structures. 95 % sont des TPE ou PME.
Trois agriculteurs sur quatre adhèrent au moins à une coopérative. Elles cumulent un chiffre d’affaires de 85 milliards d’euros, soit 40 % du total de l’industrie agroalimentaire. D’ailleurs, une marque alimentaire sur trois est liée à une coopérative.
Il existe également les Cuma, coopératives d’utilisation de matériel agricole qui permettent aux agriculteurs d’investir ensemble dans du matériel agricole. Il en existe 11 510 en 2020. Elles regroupent 4 800 salariés et sont gérées par 199 000 sociétaires.
Des mastodontes de l’agroalimentaire
Certains groupes coopératifs sont des mastodontes, comme Agrial dont le chiffre d'affaires dépasse les 7 milliards d’euros en 2022. Il commercialise des marques comme Florette pour les salades ou Soignon pour le fromage. La coopérative InVivo, qui vient de racheter le groupe Soufflet, a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 12 milliards d’euros en 2022. Elle propose notamment les magasins de jardinage Gamm vert ou Jardiland. La coopérative Sodiaal commercialise les marques de produits laitiers Candia, Entremont ou encore Yoplait. Son chiffre d’affaires s’élève à 5,5 milliards d’euros en 2023.
Des critiques sur le fonctionnement de certaines coopératives
La première coopérative laitière voit le jour en 1888 en Charente-Maritime. Dans les années 1930, face à la chute des cours, de nombreuses coopératives vont se créer et permettre aux agriculteurs de s’unir. Ces premières coopératives agricoles concernent le secteur laitier, viticole et céréalier.
L’idée que « l’union fait la force » est à la base de ce développement des coopératives agricoles. Ce sont des structures qui permettent aux agriculteurs de reprendre le contrôle face à des entreprises industrielles toujours plus grosses.
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Aujourd’hui, ces structures font l'objet de certaines critiques. Un article de 2021 du média Basta! pointe ainsi des dérives dans quelques grosses structures qui fonctionneraient de la même manière que les acteurs industriels, avec une capacité de décision limitée pour les agriculteurs sociétaires.
Cependant il existe aussi nombre d’autres coopératives agricoles, plus ou moins petites, qui continuent de défendre un modèle vertueux respectant les principes de l’économie sociale et solidaire, fondés sur la gouvernance démocratique, la solidarité, la proximité et la lucrativité limitée.
Théo Nepipvoda
