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Par Carenews INFO - Publié le 11 mars 2025 - 14:13 - Mise à jour le 12 mars 2025 - 11:32 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Label Investissement socialement responsable (ISR) : une étude fait le bilan un an après la réforme

L’entreprise Epsor a publié le 3 mars une étude interrogeant les pratiques des fonds labellisés ISR, pour investissement socialement responsable. Il y a un an, une réforme est entrée en vigueur pour améliorer la crédibilité de ce label destiné à certifier des placements responsables.

Chaque semaine, la rédaction de Carenews présente les résultats d'une étude en infographie. Crédits : Carenews.
Chaque semaine, la rédaction de Carenews présente les résultats d'une étude en infographie. Crédits : Carenews.

 

La réforme du label Investissement socialement responsable (ISR) le rend-elle plus pertinent et plus engagé en faveur de la transition écologique ? C’est la question à laquelle ont voulu répondre les auteurs d’une étude réalisée par l’entreprise spécialisée dans l’épargne salariale Epsor et publiée le 3 mars, intitulée « Label ISR : la réforme a-t-elle tenu ses promesses ? ».   

Concrètement, ce label certifie des fonds d’investissement qui intègrent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance - dits critères ESG - dans leurs décisions d’investissement et leur gouvernance. Le financement de certaines activités polluantes est prohibé. Par exemple, un fonds ne peut pas financer des entreprises dont plus de 5 % de l’activité provient de l’exploitation de charbon.  

Le label a fait l’objet d’une réforme très attendue par les acteurs de la finance durable, destinée à renforcer son niveau d'ambition, effective depuis mars 2024. Les fonds labellisés ont bénéficié d’une période de transition jusqu’au 1er janvier 2025 pour se mettre en conformité.  

 

Les évolutions des fonds labellisés ISR
Crédits : Carenews, à partir des données d'Epsor.

 

La plus haute note climat des études réalisées 

 

Epsor a étudié 816 fonds, dont près d’un quart (24 %) sont labellisés ISR. L’entreprise a développé un « score d’impact » pour « mesurer l’engagement des fonds en faveur de la transition écologique ». Celui-ci s’appuie sur cinq indicateurs : une notation ESG, la part du chiffre d’affaires des entreprises financées permettant de lutter contre le changement climatique, l’empreinte carbone des fonds, leur exposition aux énergies fossiles non conventionnelles et aux secteurs des organismes génétiquement modifiés (OGM), des pesticides et de l’huile de palme.  

La note moyenne des fonds labellisés ISR s’élève à 68,2/100, soit six points de plus que l’année dernière et « la plus haute note des études Epsor », réalisées chaque année depuis cinq ans. Les fonds non labellisés obtiennent quant à eux un score de 59,3/100. « L’écart avec les fonds non labellisés n’a jamais été aussi élevé », précisent les auteurs.  

 

Une réduction de 10 % de l’empreinte carbone des fonds  

 

Dans le détail, les fonds labellisés ISR obtiennent une note moyenne de 17,02 en matière de risque ESG, contre 18,46 pour les fonds non labellisés. Plus cette note est proche de 0, plus leur exposition aux risques liés aux questions environnementales, sociales et de gouvernance est maîtrisée.  

Par ailleurs, 7,8 % de la valeur des fonds labellisés contribue à la lutte contre le changement climatique à travers l’action des entreprises financées, contre 6 % pour les fonds non labellisés.  

14 % des fonds labellisés ISR étudiés étaient encore exposés à au moins une entreprise du secteur des énergies fossiles non conventionnelles fin décembre 2024, contre 49 % début 2024 et 57 % des fonds non labellisés. C’est un point important, puisque depuis l’application de la réforme, un fonds labellisé ne peut plus financer d’entreprise dont plus de 5 % de la production de combustibles fossiles provient de l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels, c’est-à-dire des fossiles extraits avec des techniques plus complexes que celles généralement utilisées.   

Quant à l’empreinte carbone des fonds étudiés, elle a diminué de 10 % en un an environ. « Cette réduction significative pourrait être le signe d’une meilleure intégration des enjeux climatiques en ligne avec le nouveau référentiel ISR », estiment les auteurs. En effet, celui-ci, publié à la suite de la réforme du label, prévoit que les sociétés de gestion portent une « attention particulière (...) à l’analyse des plans de transition climatique » des entreprises financées. L’empreinte carbone des fonds labellisés reste toutefois proche de celle des fonds non labellisés, puisqu’elle s’élève à 629 tonnes de CO2 équivalent carbone par million d'euros investis, contre 640 tonnes pour les fonds non labellisés.  

 

Les entreprises les plus financées par des fonds ISR 

 

Epsor réalise aussi un classement des fonds les plus engagés d’après leur score impact. Sycomore fund sustainable tech, BNP Paribas green tigers et Amundi valeurs durables occupent le haut du classement pour les fonds. Dans le cas des sociétés de gestion Sycomore AM, Carmignac gestion et Ecofi investissement, qui est présente pour la quatrième année d’affilée dans le top 5, sont désignées comme les organisations les plus engagées.  

L’étude identifie aussi les entreprises les plus financées par les fonds ISR. ASML Holding, Schneider Electric, SAP, Air Liquide et L’Oréal sont celles dans lesquelles les fonds investissent le plus. À noter, LVMH est descendue de la 1ère à la 17e place, tandis que BNP Paribas et Axa sont sorties du top 10. TotalEnergies est quant à elle passée de la 5e à la 1 346e place. L’entreprise était présente dans 20 % des fonds fin 2023.  

 

L’ISR face à la vague anti-ESG ?  

 

« L’année 2025 s’annonce (...) charnière pour la finance durable », rappellent les auteurs. Epsor constate un recul de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), face aux préoccupations liées à l’inflation, à l’instabilité économique et géopolitique ainsi qu’à des « bouleversements technologiques ». La croissance de la finance durable ralentit en Europe :  les capitaux investis dans des fonds ESG ont été divisés par deux par rapport à 2023. Une remise en question similaire de la RSE et de la durabilité s’observe aux États-Unis.  

« Le label ISR doit s’imposer comme le gage d’un investissement réellement responsable, en rupture avec les pratiques négatives de certaines entreprises », concluent les auteurs. « L’ISR en France et en Europe doit également résister à la vague anti-ESG », ajoutent-ils.  

 

Célia Szymczak 

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