Le Drive tout nu, un drive zéro déchet pour la France périurbaine
Créé en 2018, le Drive tout nu est un supermarché en drive zéro déchet et responsable. Il compte aujourd’hui plus de 6 000 clients actifs et mise sur les zones périurbaines, souvent peu fournies en solutions zéro déchet.
À deux minutes de trois sorties différentes du périphérique, un parking de plusieurs dizaines de places. Dans cette zone artisanale de Toulouse où la voiture est reine, un ovni est implanté. Il s’agit du Drive tout nu. Le concept : les clients viennent chercher leurs courses commandées sur internet en amont, comme pour un drive de grande surface. La particularité, les produits vendus sont sans emballages, en vrac, proposés dans des bocaux à ramener lors de la commande suivante.
Nicolas, informaticien chez Airbus, est l’un des 6 000 clients actifs du Drive tout nu. Il vient aujourd’hui chercher sa commande de fruits et légumes « Auparavant, j’allais chez Biocoop, puis on est venu ici, car le côté drive, c’est quand même pratique », raconte-t-il. L’envie de consommer zéro déchet, mais de manière facilitée.
Rendre le zéro déchet simple
C’est cette envie de rendre accessible la consommation responsable qui a poussée le couple composé de Salomé et Pierre Géraud à créer le Drive tout nu en 2018. « Nous nous sommes demandé pourquoi les gens ne consommaient pas zéro déchet. On s’est dit qu’il fallait le rendre aussi simple, si ce n'est plus, que la grande distribution. C’est comme cela qu’on a conçu cet hybride entre la consommation responsable et la simplicité d’usage de la grande distribution », se souvient Pierre Géraud.
En 2017, ils quittent leurs emplois respectifs et deviennent entrepreneurs. Après une phase de test de quatre mois, un premier drive ouvre à Beauzelle, en périphérie toulousaine, fin 2018. La sauce prend. Aujourd’hui, plus de quatre ans plus tard, six magasins ont ouvert. Trois à Toulouse, deux à Bordeaux et un à Lille. Le réseau devrait s’étoffer de trois nouveaux, un par métropole, en 2023.
Sortir le vrac des centres-villes
Le moteur du couple, l’envie d’offrir une solution zéro déchet aux zones périurbaines, souvent peu fournies de telles structures. « Nous touchons une partie de la population qui, en général, a peu ou difficilement accès au zéro déchet, car ces épiceries sont situées principalement en centre-ville », explique Pierre Géraud. Pourtant, ces zones périurbaines accueillent près d’un tiers de la population française et représentent une opportunité importante pour le développement de ce nouveau mode de consommation. Avec le drive, qui représente en France 8 % des courses effectuées, on adapte cette façon de consommer à des zones où la voiture est l’unique moyen de déplacement.
Dans cet entrepôt métallique, plus de 6 000 bocaux sont rangés. Parmi les 1 500 références, on retrouve les classiques lentilles corail ou pâtes. Mais également, des produits comme la saucisse de Toulouse ou bien une belle sélection de fromages. Outre l’aspect zéro déchet, le Drive tout nu s’engage à proposer au moins 60 % de produits provenant de moins de 100 km. Tous les produits sont également bio ou assimilés bio.
Le zéro déchet, une logistique complexe ?
Le zéro déchet, c’est simple à mettre en place ? « On se complexifie la vie », s’amuse Pierre Géraud. « Nous sommes également un conditionneur. On ajoute une étape par rapport aux grandes surfaces ». En effet, après la livraison qui se fait dans un unique centre toulousain, les produits sont mis dans des bocaux, puis répartis dans les trois magasins de la métropole. Ajoutez à cela le contact direct avec les 350 producteurs pour demeurer dans une logique de circuit court… L’organisation n’est pas des plus simples.
Pourtant, malgré cette logistique complexe, les prix demeurent inférieurs, entre 10 et 40 % moins cher qu’un magasin bio. La raison? Les emballages peuvent représenter jusqu’à 40 % du prix du produit selon Pierre Géraud. Leur suppression entraîne donc automatiquement une baisse du coût. Autre avantage, ce mode de consommation est bon pour la planète puisque l’activité de l’entreprise permettrait d’éviter l’émission de 1 300 tonnes équivalent CO2 par an.
Drive tout nu résiste à la crise
Le bio et le vrac connaissent une crise depuis peu avec des fermetures à la chaîne de points de vente, touchés par la baisse de la demande. Mais Drive tout nu ne connaît pas la crise. « Cela ne nous touche pas du tout, car nous proposons de bons prix. On continue de grandir dans ce contexte », explique Pierre Géraud. En 2022, l’entreprise a connu une croissance de 15 % à périmètre égal et a même levé cinq millions d’euros pour développer son activité.
Théo Nepipvoda