Les femmes, plus exposées à la pauvreté, selon le Secours catholique
L’étude « État de la pauvreté », publiée par l’association le 14 novembre, renseigne sur le profil des populations qui connaissent des situations de pauvreté ou d’extrême-pauvreté. Parmi les personnes qui font appel à l’association, les femmes sont majoritaires.
« Nos chiffres sont révélateurs d’une inégalité entre hommes et femmes qui ne faiblit pas », s’alarment Véronique Devise et Adelaïde Bertrand, présidente et déléguée générale du Secours catholique. Elles introduisent avec ces mots le rapport « État de la pauvreté », publié par l’association ce mardi 14 novembre.
En plus de fournir des chiffres visant à mieux comprendre la pauvreté en France, les auteurs produisent un dossier thématique sur les conditions de vie des femmes « rencontrées » par l’association. Elles représentent 57,5 % des personnes qui s’adressent à elle. Le rapport alerte donc sur une « féminisation de la pauvreté ».
Des rôles sociaux qui conduisent à appeler à l’aide
En effet, la part de femmes accueillies était de 52,6 % en 1999, soit 5 points de moins qu’aujourd’hui. Plusieurs raisons expliquent cette évolution. Les femmes « subissent davantage le poids des ruptures conjugales », en augmentation elles aussi. Neuf fois sur dix, ce sont les mères qui assument la charge des enfants, parfois seules.
De fait, 52,6 % des ménages avec enfants connus du Secours catholique sont des mères isolées. En tout, ces dernières représentent un quart des personnes accueillies par l’association.
Plus de temps partiel
Autre explication à la sureprésentation des femmes parmi les personnes accueillies : pour les hommes, le fait de faire appel à l’aide sonne plus « comme un aveu d’échec ou de disqualification sociale » que pour les femmes, en raison d’une « conception dominante chez les hommes (...) qui fait d’eux les “pourvoyeurs de revenus” ».
Enfin, parmi les personnes accompagnées par le Secours catholique ayant un emploi, 34 % des femmes sont à temps partiel, contre 16 % des hommes. « Ces emplois à temps partiel, le plus souvent subis, ne permettent pas de sortir de la pauvreté », déclarent les auteurs.
Pauvreté en inactivité et en emploi
Plus généralement, l’étude du Secours catholique permet d’identifier les « visages de la pauvreté ». Le niveau de vie médian des personnes accueillies par l'association se limite à 538 euros. Le seuil de pauvreté est estimé à 1 211 euros pour une personne seule, et le niveau de vie médian s’élève à 2 018 euros en France en 2022. 23,6 % des ménages rencontrés par l'association n’ont aucune ressource financière, une hausse de deux points par rapport à l’année dernière.
61 % des personnes sont « inactives » (retraitées, étudiantes, inaptes au travail pour des raisons de santé, au foyer, très éloignées de l’emploi ou qui ne sont pas en droit de travailler). La part de personnes inactives parmi les personnes suivies par l’association a augmenté de 17 points depuis 2012. Le chômage de longue durée augmente également de huit points en dix ans. Enfin, 63 % des personnes en emploi accompagnées par le Secours catholique occupent des emplois précaires.
Des jeunes en situation d’extrême pauvreté
57 % des demandes adressées à l’association portent sur l’écoute, 51 % sur l’alimentation, devant l’aide au paiement du loyer et des factures (19 %). 47 % des ménages accompagnés par le Secours catholique sont en situation d’impayés. 32,9 % habitent un logement précaire, un chiffre en hausse de 1,9 point depuis 2021.
D’autre part, la population au contact de l’association « a tendance à vieillir depuis une décennie, et de façon plus marquée encore que le reste de la société », mais reste plus jeune que la moyenne. 85 % des 15-25 ans rencontrés par l’association vivent dans un ménage sous le seuil d’extrême pauvreté (807 euros en 2022 pour une personne seule), une augmentation de trois points en un an.
Célia Szymczak